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« Si l’idée seule de prospection botanique n’éveille, bien souvent aujourd’hui encore, chez le profane, qu’un sourire dubitatif ou ironique, il n’en est que plus nécessaire de souligner et de faire connaître l’immense effort de tous ceux qui, depuis le début du siècle dernier, ont fait du Sahara une des régions de l’Afrique où la flore en particulier est la mieux connue. »Pierre Quézel, 1965, La végétation du Sahara, du Tchad à la Mauritanie. Caravane de chameaux utilisés lors de la mission ...

« Il ne faudrait pas croire que l’œuvre des botanistes soit près de se terminer dans ce grand désert. Les données acquises ne peuvent être considérées que comme le point de départ de nouvelles recherches […] Trois questions viennent aussitôt à l’esprit des botanistes et c’est sur ces questions qu’il faudra maintenant orienter plus spécialement les recherches : d’où provient la flore saharienne ?Comment a-t-elle pu s’adapter et peut-elle végéter sous le climat désertique ? Que peut-on faire po...

Vaste oued et zone d’épandage sablo-limoneuse dominée par la savane à acacias, massif de l’Ennedi aux environs de la guelta d’Archei (Tchad). © F. Tack Cette deuxième partie a pour objectif d’analyser les processus biogéographiques à l’origine de la biodiversité végétale saharienne actuelle. À la lumière des données actuelles, nous avons d’abord évoqué la question taxinomique qui pose encore bien des incertitudes, tout comme les bilans de richesse floristique du Sahara dans sa globalité. Un ...

« Devant l’immensité du champ d’études et les multiples difficultés de la recherche en pays désertique, les plus riches matériaux ne font que souligner notre ignorance. Il faut pourtant se résigner au caractère nécessairement partiel et fragmentaire de nos connaissances, accepter de dire le peu que l’on a découvert, en attendant d’en savoir davantage. »Théodore Monod, 1937, Méharées. Début des vastes ensembles dunaires du Grand Erg oriental, près de Ksar Ghilane (Tunisie saharienne) ; la gra...

Comme précisé au début de l’ouvrage, ce chapitre est consacré à la description de l’ensemble des missions réalisées au Sahara par P. Quézel durant la seconde moitié du xxe siècle. Cette partie, purement descriptive, n’a bien sûr pu être réalisée qu’en rassemblant des souvenirs vieux de plus d’une cinquantaine d’années, qui sont évoqués ci-dessous à la première personne. Il nous a paru utile de la faire figurer ici, car rien jusqu’à ce jour ne permettait d’obtenir une vue synthétique de ces missions, dont l’intérêt historique n’est pas négligeable. De plus, c’est grâce et au cours de ces missions qu’ont pu être récoltés échantillons et données scientifiques qui alimentent le corpus de cet ouvrage.

Lit sablonneux d’un oued bordant un chaos de grès ruiniforme dans le massif de l’Immidir (Sahara central, Algérie) ; au premier plan, touffes de tattayt (Deverra scoparia) à gauche, et de scirpe (Scirpoides holoschoenus) à droite ; en arrière-plan, pieds buissonnants de tamaris, mars 2009. © F. Médail Le panorama de l’exploration botanique du Sahara est évoqué dans cette première partie car il fournit le socle des analyses biogéographiques détaillées dans le corps de l’ouvrage. En dépit de l’...

Palmeraies menacées par la progression des dunes près d’El Menia (anciennement El Golea), avec en arrière-plan un lac artificiel servant à l’irrigation de quelques champs (Algérie). © F. Tack La conservation de la flore et des écosystèmes sahariens, tout spécialement ceux des hautes montagnes, constitue une impérative nécessité du fait de leur profonde originalité biogéographique. À l’heure actuelle, cette biodiversité représente un capital menacé, pour deux raisons principales liées aux impa...

Bien que l’imaginaire saharien n’évoque pas a priori la notion de biodiversité, la flore du Sahara est néanmoins bien plus diversifiée qu’il n’y paraît. Tantôt barrière ou relais pour la dispersion des espèces, le Grand Désert est en effet riche d’une histoire biogéographique très originale, dont cet ouvrage donne une première synthèse. Depuis les premières explorations botaniques sahariennes de la fin du xixe siècle, aux travaux pionniers du milieu du xxe siècle, jusqu’aux acquis biogéographiques les plus récents, l’ouvrage met en perspective l’organisation et l’évolution de la flore saharienne au sein d’un environnement changeant, tour à tour savane arborée puis terre d’une extrême aridité. Quelles sont la diversité et l’histoire de ce peuplement végétal peu connu ? Comment les flores méditerranéennes ou tropicales ont-elles pu migrer puis se maintenir dans les massifs sahariens ou sur les façades maritimes ? Quelles sont les conséquences des changements environnementaux passés et actuels ? Face aux enjeux de préservation de ce patrimoine naturel unique, l’ouvrage met l’accent sur la nécessité d’une véritable politique de conservation à l’échelle de cet immense désert. Région naturelle trop négligée par la recherche, le Sahara mérite d’être réinvesti par les sciences du vivant, et ce d’autant qu’il forme un laboratoire exceptionnel pour étudier l’impact des changements globaux en situation environnementale extrême. L’ouvrage, très documenté et abondamment illustré, fournira aux gestionnaires des milieux arides, aux écologues et biogéographes, aux enseignants et étudiants en biologie et en écologie, mais aussi aux naturalistes et simples voyageurs, un éclairage inédit sur la flore saharienne et son histoire.

Bordure orientale du Tarso Tieroko, situé au centre du Tibesti (Tchad) ; l’explorateur britannique Wilfred Thesiger (1910-2013) l’avait observé en 1938 et qualifié de « la plus splendide des montagnes du Tibesti » ; cliché réalisé lors de la première expédition scientifique dans ce massif conduite par l’université de Cologne (Africa Research Unit) en mars 2016. © S. Kröpelin Les hautes montagnes centro-sahariennes sont surtout constituées de roches volcaniques acides, le plus souvent compacte...

Le palmier Medemia argun est l’un des arbres les plus rares et menacés du Sahara ; individus présents dans la petite oasis de Dungul, Sahara nubien (Égypte). © H. Ibrahim Les aspects liés à la conservation de la flore saharienne sont délicats à évaluer pour de multiples raisons. Tout d’abord, de nombreux territoires restent méconnus, peu prospectés et difficiles d’accès, ce qui rend la plupart du temps caduque toute velléité de dresser des bilans de l’état de conservation des espèces et des é...

Statice de Beaumier (Limonium sinuatum subsp. beaumierianum, Plumbaginacées), un taxon restreint au Sahara occidental mais localement très commun dans les regs ; environs de Gueltat Zemmour (Sahara occidental), avril 2017. © F. Médail L’histoire tourmentée qu’a connue le Sahara depuis au moins une quinzaine de millions d’années (Rognon, 1994 ; Maley, 2010), et qui se poursuit jusqu’à nos jours, constitue sans doute un cas unique par l’ampleur spatiale et temporelle des changements survenus. C...

Lotier de Roudaire (Kebirita roudairei, Fabacées), un genre monospécifique endémique de distribution centro-ouest saharienne ; col Assilal wa Mellen dans le massif de l’Immidir (Algérie), mars 2009. © F. Médail L’interprétation phytogéographique du Sahara repose également sur l’analyse des groupes taxinomiques qui en sont endémiques. Étudier l’endémisme saharien n’est pas simple pour diverses raisons. Tout d’abord, il existe d’incessantes modifications du statut taxinomique de nombreux genres...

Le genre Fagonia (Zygophyllacées) comporte de nombreux taxons d’identification souvent difficile ; plusieurs taxons ont ainsi été distingués au sein de Fagonia orientalis, espèce saharo-arabique surtout distribuée dans les massifs sahariens tels que l’Immidir (Algérie), mars 2009. © S. Sant Le présent travail fait souvent référence à des publications remontant généralement à plus de 50 ans. Depuis, la terminologie des espèces végétales a subi – et subit encore – des changements importants, av...

« Tout passe et se transforme. Le désert aussi. Rien n’est permanent, ni la forme des montagnes, ni celle de notre crâne, ni même celle des constellations, ni la limite des terres et des mers. Tout change. Pourquoi le désert ferait-il exception ? »Théodore Monod, 1946, L’hippopotame et le philosophe. Entre les dunes du Grand Erg occidental et le massif rocheux du Jebel Baroun, serpente la palmeraie de Taghit (Saroua, Sahara algérien) sur une vingtaine de kilomètres de long. © F. Tack Biodive...

Les environnements hétérogènes dans les massifs sahariens ont favorisé la persistance locale de nombreuses espèces végétales lors des changements climatiques du Pléistocène ; petit oued dans le massif de l’Immidir (Algérie) parsemé de buissons de myrte de Nivelle (Myrtus nivellei), mars 2009. © F. Médail Évolution du climat et changements environnementaux passés À l’Oligocène et au Miocène, il y a entre 30 et 10 Ma, la région qui correspond de nos jours au Sahara était soumise à un climat tr...

« Si le désert, en tant que tel, trouve son origine dans le climat général et par conséquent a une cause échappant à toute action de l’homme, il ne s’ensuit nullement que ce dernier soit, à son échelle, incapable d’avoir, directement ou non, une influence sur la désertification. »Théodore Monod, 1992, L’émeraude des Garamantes. Système traditionnel de jessour, petites retenues collinaires construites dans les talwegs des jebels, et permettant leur mise en culture grâce à de petits barrages e...

International audience; Conifère rarissime ne comptant guère plus de 230 individus spontanés, le cyprès de Duprez ou cyprès du Tassili (Cupressus dupreziana) est sans doute l’espèce végétale la plus emblématique et l’une des plus rares de l’immense désert saharien. Cet arbre, dont les plus beaux pieds atteignent 22 m de hauteur et 12 m de circonférence, a une aire de distribution très restreinte. Il est localisé dans un massif montagneux du Sahara central, le plateau du Tassili n’Ajjer près de Djanet au sud-est de l’Algérie. Longtemps resté méconnu, ce cyprès a fasciné nombre de botanistes et d’explorateurs depuis le milieu du xixe siècle.

The identification of past glacial refugia has become a key topic for conservation under environmental change, since they contribute importantly to shaping current patterns of biodiversity. However, little attention has been paid so far to interglacial refugia despite their key role for the survival of relict species currently occurring in climate refugia. Here, we focus on the genetic consequences of range contraction on the relict populations of the evergreen shrub Myrtus nivellei, endemic in the Saharan mountains since at least the end of the last Green Sahara period, around 5.5 ka B.P. Multilocus genotypes (nuclear microsatellites and AFLP) were obtained from 215 individuals collected from 23 wadis (temporary rivers) in the three main mountain ranges in southern Algeria (the Hoggar, Tassili n'Ajjer and Tassili n'Immidir ranges). Identical genotypes were found in several plants growing far apart within the same wadis, a pattern taken as evidence of clonality. Multivariate analyses and Bayesian clustering revealed that genetic diversity was mainly structured among the mountain ranges, while low isolation by distance was observed within each mountain range. The range contraction induced by the last episode of aridification has likely increased the genetic isolation of the populations of M. nivellei, without greatly affecting the genetic diversity of the species as a whole. The pattern of genetic diversity observed here suggests that high connectivity may have prevailed during humid periods, which is consistent with recent paleoenvironmental reconstructions.