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A travers une revue de la littérature, ainsi que 32 études de cas et des entretiens avec des praticiens, ce recueil: › synthétise les principes fondamentaux des deux approches; › documente et diffuse les retours d’expériences et les bonnes pratiques; › apporte aux entrepreneurs/entrepreneuses, concepteurs/conceptrices et maîtrises d’ouvrage des références techniques; › procure aux parties prenantes un bagage théorique à la pointe et détaillé ainsi qu’une série de référence pour aller plus loin; › esquisse les perspectives d’évolution et opportunités applicables au bâti suisse.

Renens, avenue des Paudex 10-12, dans la périphérie résidentielle et tertiaire de l’ouest lausannois, 64 appartements regroupés en deux barres de logements coopératifs sont en cours de démolition pour être remplacés par 86 nouveaux appartements qui répondent aux « standards » et normes actuelles. Voici l’illustration concrète du procédé démolition-reconstruction largement mis en œuvre aujourd’hui lors du renouvellement urbain. A l’heure où l’impact environnemental néfaste de cette pratique est avéré, ce travail de master est un contreprojet qui explore le potentiel de transformation des deux barres existantes. Celui-ci repose sur le constat que la substance principale du projet est déjà là : des logements traversants est-ouest, spacieux, lumineux et dotés chacun d’une loggia privative. La conception d’origine était basée sur la simple répétition d’unités d’habitation indépendantes ; la nouvelle intervention propose quant à elle de régler l’articulation entre les logements à l’échelle du palier, de l’étage et de l’implantation urbaine, par l’introduction d’une structure légère glissée sur et entre les deux barres. Cette structure, conçue comme une couche vivante et active qui participe au concept énergétique global du bâtiment, dégage en outre des espaces extérieurs partagés. In fine, le projet veut montrer qu’il existe dans l’acte de Projeter la transformation un vrai potentiel architectural et une alternative pour sortir de la pratique actuelle basée sur la démolition.

Les bienfaits de la nature sur la santé physique et mentale des enfants sont aujourd’hui largement reconnus. Les écoles primaires sont de ce fait enclines à pratiquer une partie de leurs classes à l’extérieur. Le mouvement des écoles et des classes en forêt a séduit la Suisse romande depuis quelques années, cependant cette pratique reste difficilement accessible à l’ensemble des structures actuelles. Le projet propose l’aménagement d’une promenade pédagogique le long du cours d’eau de l’Aire afin de faire bénéficier les écoles primaires environnantes d’un accès facilité à la nature. Les cheminements existants et lieux de fréquentation ont donc été étudiés afin de les doter d’interventions ponctuelles qui soient pertinentes et contextuelles. Le projet est composé d’installations minimalistes permettant aux enfants et aux visiteurs une immersion dans les divers milieux naturels présents, dès lors valorisés. Trois types d’interventions ont été développés. Le premier, constitué de trois édicules situés à des points stratégiques par rapport aux écoles, offre des ancrages le long du parcours où les classes peuvent s’abriter lors de l’exploration du cours d’eau. Le deuxième offre des expériences à vocation pédagogique pour l’ensemble des promeneurs. Le troisième n’est autre que la valorisation de sentiers permettant un parcours alternatif à la promenade linéaire, encourageant de fait une exploration radiale de l’Aire.

Les récentes guerres, épidémies et catastrophes naturelles ont montré la nécessité de pouvoir adapter ponctuellement certains bâtiments pour les transformer en centre de soins ou d’hébergement temporaire. Or, très peu permettent cette flexibilité. Nous pensons ainsi que la résilience architecturale doit être un angle d’approche pour les futurs architectes. Par ailleurs, pour des raisons écologiques, il nous semble important de privilégier la revalorisation du patrimoine bâti plutôt que de construire du neuf. C’est pourquoi, nous avons choisi de réhabiliter un bâtiment existant en considérant des usages spatialement et temporellement différents. A Delémont (Jura, Suisse), un mandat d’études parallèles a été lancé en 2020 pour réaménager le sud de la ville. La Halle des Expositions sera ainsi détruite pour laisser place à un pôle hospitalier. De plus, il est prévu que la parcelle industrielle adjacente soit également rasée. Par le projet, nous questionnons la nécessité de démolir les bâtiments de cette parcelle et plus particulièrement celui faisant face au sous-voie. L’enjeu est double. D’une part, il s’agit de redonner une cohérence architecturale à un ensemble hétéroclite de bâtiments de taille et hauteur différentes. D’autre part, il s’agit de marquer l’entrée de la parcelle et d’amener les usagers jusqu’à une grande place centrale. Les espaces intérieurs et extérieurs créés permettent d’accueillir une multitude d’activités tout en conservant un haut degré d’adaptation.

Le centre pour la redistribution et la recherche sur les matériaux de réemploi est un programme nouveau qui participe à l’économie circulaire. Distinct du recyclage, le réemploi conserve la forme, l’énergie, le savoir-faire, la technologie et la part culturelle contenus dans un matériau pour l’utiliser une nouvelle fois sans le modifier fortement. Le “hub de réemploi” répond aux difficultés spécifiques, normatives, économiques, culturelles ainsi que de synchronisation entre chantiers. Ces nouveaux lieux de partage, qui certifient et revendent ces matériaux, forment un réseau actif pour l’innovation et la diffusion de la pratique. A Ecublens, le “hub” pour la Suisse romande est un bâtiment “low-tech” qui valorise la topographie et les infrastructures existantes. Conçu avec des matériaux de réemploi, il est organisé en plan selon deux L: l’un permet l’arrivée de marchandises par le train et l’autre par la route. A l’intérieur, des volumes chauffés reçoivent une part des activités didactiques, de recherche et de remise en état. Dans une logique vertueuse, le centre pourra s’agrandir par étape avec son propre stock, en parallèle au développement de la filière. En plus de compléter une jonction écologique, le projet veut valoriser les mobilités douces, consommer une quantité minimum de matériaux et proposer une stratégie énergétique positive. Le choix des matériaux, développé dans une série de détails constructifs, repose sur des éléments d’occasion régulièrement destinés au recyclage et typiques des rejets de la déconstruction régionale.

Nombreux sont les villages où la disparition des activités et des lieux de rencontre dans le cœur historique a entraîné une perte d’attractivité et de vie collective. Tel était Cortaillod, village viticole neuchâtelois, avant que le projet ne lui redonne son intensité villageoise d’antan en réaffirmant le rôle de son centre. L’évolution progressive des mentalités vers un mode de vie plus frugal et proche de la nature, a été propice à cette mutation. Les habitants et les touristes déambulent désormais, à pied ou à vélo, à travers les rues historiques, consommant des produits locaux achetés aux commerçants de la rue des Coteaux. Les espaces-rues ont été revalorisés, notamment, par la définition de trois pôles d’activités publiques interconnectés qui favorisent les échanges sociaux et la vie en proximité. Ces nouveaux biens communs s’accompagnent d’un programme intergénérationnel au cœur du tissu historique, renforçant les activités existantes et l’imaginaire collectif du village. Les bâtiments projetés sont une réinterprétation de l’architecture publique villageoise mise en adéquation avec les valeurs écologiques, culturelles et sociétales de notre époque. Leur implantation assure une complémentarité, tant matérielle qu’immatérielle, avec le patrimoine viticole et agricole existant. En parallèle, cette strate contemporaine se matérialise dans l’architecture par un ancrage des ressources et du savoir-faire endogènes.

Le patrimoine architectural du hameau jurassien de La Bosse est mis en péril par l’exode rural et la spécialisation de l’agriculture. Sa situation est propice à l’implantation d’une communauté visant la résilience et l’autonomie, en raison de son environnement naturel et de son climat tempéré, de la disponibilité de bâtiments agricoles conçus et adaptés par des générations de paysans et de sa bonne connexion au réseau de transport ferroviaire. Cette nouvelle communauté participerait aussi à la redynamisation d’une région en déclin démographique. Dans cette microferme, l’objectif est de créer un noyau d’autonomie et un écosystème pérenne: maraîchage, élevage et arboriculture se complètent et forment des synergies. Le site est aménagé selon les principes de la permaculture et les spécificités du lieu. L’absence de glacier dans cette région fait de l’eau de pluie une denrée précieuse, son cheminement est fondamental dans ce projet. La ferme réhabilitée abrite les animaux et des espaces de transformations et de stockage. À l’écart, le grenier sert de lieu de troc des denrées produites. Une ruine en maçonnerie est rénovée, elle accueille un restaurant où la production locale est mise en valeur. La communauté partage le quotidien et les tâches dans une maison pensée pour accueillir son mode de vie. Celle-ci est conçue de façon à avoir un minimum d’impact sur l’environnement lors de sa construction, puis lors de son usage et jusqu’en « fin de vie ».

La question centrale est celle de l’intégration de la matière existante dans l’évolution de la ville. Comment le projet urbain compose-t-il avec son passé récent, comme élément propulseur de sa transition écologique, sociale et économique ? Le cas d’étude est celui du projet de reconversion de la zone industrielle des Acacias à Genève. Il ne s’agit pas d’une friche, la construction des premiers bâtiments sur le site ayant commencé il y a juste 60 ans. Pourtant, les approches urbaines et constructives présentées aujourd’hui pour ce territoire se résument à une table rase, socle idéal pour la construction d’une ville générique. Les arguments pour revoir entièrement la copie du futur développement de ce quartier sont tant environnementaux, sociaux que légaux. Ainsi, le projet propose la mutation de la zone industrielle vers un quartier mixte, en y maintenant activités et infrastructures. Une ville qui fonctionne par addition et par superposition du neuf sur l’existant, en maintenant spécifiquement le plus grand nombre d’usages possibles, tant dans les volumes bâtis que dans les espaces publics. Le projet prend soin de définir les contours d’une ville proprement ouverte, cadre pour une ré-interprétation de nos modes de vies urbains plutôt que la construction d’une image figée dans le temps, potentiellement obsolète avant même sa réalisation.

Barricadé derrière son portail en fer forgé, les fenêtres calfeutrées pour tenir à distance les squatteurs, l’ancien Pensionnat International des Demoiselles – la Chassotte – est à l’agonie depuis plus de vingt ans. Les façades droites et fières de la bâtisse centenaire, désormais inhabitée, s’effritent lentement. Son glorieux passé de complexe indépendant grouillant de vie, niché au cœur d’un parc planté de majestueux arbres a fait naître en nous l’envie de lui redonner ses lettres de noblesse. La parcelle est aujourd’hui comprise dans les plans de densification de l’agglomération de Fribourg. Le site attenant à une zone agricole risque l’implantation cavalière d’un morceau de ville faisant fi de la mémoire du lieu. Questionnant le rôle de l’architecte, nous ne dictons pas un projet total, aux façades rutilantes, éclipsant la maigre qualité d’un logement que le locataire ne fait que meubler. Nous choisissons de proposer un système évolutif que les habitants peuvent s’approprier et modifier. L’architecte déclenche ainsi la mutation de l’habitant passif en habitant bricoleur; habiter mieux et autrement est son nouveau credo. L’habitat proposé repose sur une matrice autoportante qui croît et se remplit de vie au fil du temps. Fondée ponctuellement, la structure se pose délicatement sur le sol et évite l’existant. L’architecte devient un arbitre qui élabore les règles du jeu de construction. Il se place comme garant d’une urbanisation douce et respectueuse du paysage.

Ces dernières décennies ont connu d’importants changements sociétaux, particulièrement dans la composition des ménages qui perdent de leur cohésion, se recomposent et généralement se réduisent. Le tissu de la société devient plus fluide et diversifié que jamais. En comparaison, le modèle de construction architectural actuel peine à suivre ces accélérations de tendance. Le marché de l’habitation sera bientôt saturé de logements non dimensionnés aux besoins des nouvelles générations et les plans encore développés aujourd’hui ne seront probablement plus pertinents dans une dizaine d’années. Le problème découle du fait que l’architecture d’habitation tente de créer une architecture pérenne dans une situation toujours transitoire. Il ne s'agit pas de construire des monuments qui résistent à l'épreuve du temps et des générations, mais de créer des logements qui répondent aux besoins des individus à des moments spécifiques, pour des périodes spécifiques. Pour cela un nouveau paradigme de flexibilité adaptable est nécessaire. Le village modulaire vertical est une proposition de “re-design” des monolithiques tours Hardau à Zürich à travers le prisme de la modularité. Il s’agit d’offrir aux habitants des logements entièrement sur-mesure, à la manière d’un quartier découpé en trois-dimensions; des logements flexibles dans la conception, capables de s’étendre et de rétrécir au fil du temps et de s’adapter aux changements de vie de ses locataires.

Les foyers pour requérants d’asile à Genève sont pour la plupart caractérisés par une trop grande rigidité dans leur organisation et une mauvaise répartition des surfaces qui tend à produire des espaces communs difficilement utilisables et des espaces privés ne garantissant pas l’intimité nécessaire. Les centres sont ainsi des foyers où l’appropriation des espaces se heurte à une densité subie. Conscient de ce problème, l’Hospice général a décidé de se tourner vers des typologies d’appartements ou de studios. Néanmoins, la solution du logement collectif a pourtant des avantages à faire valoir, notamment en matière de lien social, à condition de garantir une qualité de soin aux espaces et de respecter un équilibre entre espaces privés et communs. Pour tenir compte des variations des besoins en logements, mais aussi de la variation du type de populations hébergées, le projet à pris la forme d’un système modulaire utilisable dans des bâtiments prévus à cet effet ou non. Le développement du projet s’est concentré sur le foyer des Tattes et celui de Saconnex pour proposer une solution applicable dans un maximum de situations différentes. Composés d’éléments préfabriqués interchangeables, les modules de chambre joignables viennent coloniser le bâtiment nettoyé de son ancien contenu pour réorganiser l’espace à l’intérieur du squelette structurel, laissant d’un côté un extérieur accessible et, de l’autre, un espace commun accueillant les fonctions partagées.

Ce projet vise à créer un espace public occupé par les habitants afin de repenser les limites du lieu de vie. Dans la continuité de l’énoncé théorique qui traitait des modes de vie écologiques, je remarque qu’un individu se sent davantage en sécurité et à l’aise dans un lieu qui lui offre des possibilités d’appropriation, un lieu qu’il puisse rendre familier. Ceci est valable, généralement, pour le logement, mais pourrait s’étendre au-delà, jusque dans l’espace public. Situé près du centre-ville de Lausanne, le quartier du Vallon qui accueille des populations et des fonctions marginalisées, s’est créé une identité propre, qui résulte en partie de cet abandon de la part de la Ville. Mais de nombreuses démarches participatives s’y développent, notamment celle d’une association de quartier qui implique les habitants, tant dans l’organisation de fêtes que dans la création de nouvelles infrastructures. Le projet a pour ambition de donner plus de visibilité à ces démarches afin de faciliter événements, manifestations et autres rassemblements et de mettre ainsi en place une hospitalité de l’espace, pour des personnes ayant des parcours différents. Grâce à ce projet qui remanie le sol, redistribue les flux et les mobilité douces, installe de nouvelles interfaces de rencontre entre la place et les bâtiments, le Vallon peut redevenir un lieu attractif à l’échelle de Lausanne.

Champex-Lac 2100: Victime du réchauffement climatique, cette petite station de ski valaisanne située à 1486 m d’altitude voit son activité principale disparaître et, par là même, son identité. Le temps du ski est révolu. Les mœurs ont évolué, l’ère de la mondialisation est arrivée à son terme, l’écologie devient centrale. L’agriculture retrouve toute son importance et la culture biologique s’impose comme une évidence, dorénavant il faut «acheter local, agir global». La totalité des parcelles de terres disponibles se retrouve alors cultivée. L’importance du jardin botanique de Champex-Lac, créé en 1925, ainsi que de la culture d’herbes aromatiques et médicinales, très ancrée en Valais, ont conduit le village à se reconvertir en un site de production de plantes alpines. L’entier de la chaîne de production prend place dans le village, des cultures à la vente. La particularité de ce projet est la division de cette chaîne en plusieurs bâtiments. Pour cela, les infrastructures devenues obsolètes d’ici la fin du siècle sont réexploitées. Ainsi, ce sont cinq projets répartis du village jusqu'au sommet de la montagne qui définissent désormais la station. «Les simples» sont l’appellation donnée aux plantes médicinales utilisées telles que fournies par la nature. «Les variations» font référence à la température, l’altitude, les éléments, les bâtiments et les programmes. «Les simples variations» désignent un site de production d’herbes alpines, où l’essence du projet se décline au fil des bâtiments.

Depuis 2014, l’ancienne friche industrielle de la Planche-Inférieure en Basse-ville de Fribourg se développe comme une zone d’activités estivales socioculturelles et collectives, rebaptisée Le Port de Fribourg. D’abord mis en place par l’association Espace-Temps, Le Port est ensuite transmis en 2019 à la Fondation Saint-Louis et se développe selon trois secteurs : le bistro écoresponsable, les jardins participatifs et les expériences collectives. Néanmoins, seule une petite part de ces activités est adaptée aux enfants. Le projet Les Planchettes se concentre, tout d’abord, sur l’intégration d’un espace d’accueil polyvalent offrant l’opportunité à tous les enfants de venir découvrir ce lieu, à proximité de la trame paysagère de la Sarine, à travers des activités et ateliers collectifs durant la journée. La programmation des Planchettes s’appuie sur la vision du Port en se focalisant sur l’expérimentation du vivre ensemble et la transmission du savoir. Ainsi, les enfants peuvent, entre autres, découvrir et prendre soin des jardins et vergers, des petits compagnons, explorer la forêt et s’amuser en apprenant. L’ensemble du site est revalorisé avec des transformations ciblées et pérennes visant la synergie entre les activités des différents acteurs aux abords du Port. Ceci offrira des espaces de rencontre et de partage pour l’ensemble de la communauté tout au long de l’année.

Crans-Montana est connu pour offrir un cadre exceptionnel à la pratique des sports d’hiver. Pour accueillir de manière optimale les futurs championnats du monde de ski alpin en 2027, la station se doit de renouveler ses infrastructures vieillissantes. Intégré dans le renouvellement du quartier des Barzettes, là où se rejoignent les deux pistes Nationale et du Mont Lachaux, le projet ambitionne d’en faire un nouveau pôle des compétitions de ski. Pour ce faire, le site est investi par un ensemble construit comptant deux composantes. D’une part, un nouveau bâtiment permanent qui répond aux exigences de la Fédération internationale de ski (FIS) en termes d’espaces alloués aux multiples acteurs de la compétition. Implanté en bordure de la pente et tourné vers la piste, il accueille graduellement le skieur dans ce nouveau quartier. D’autre part, une structure temporaire, qui complète le bâtiment sur les autres côtés de la piste, offre ses gradins aux spectateurs et délimite l’aire d’arrivée lors des compétitions. Fort des principes de la construction durable, le projet prévoit pour le bâtiment et les gradins un système structurel modulaire et réversible en bois dont les éléments peuvent être assemblés et démontés de manière rapide et efficace sur un terrain préalablement aménagé. Ainsi conçu, ce nouveau complexe est à même d’offrir une expérience exceptionnelle à tous ses utilisateurs et de s’adapter à des besoins divers.

La ville d’Yverdon-les-Bains entretient avec son lac une relation ténue. Sans jamais investir totalement ses rives, elle ne s’en éloigne jamais. Une seule parcelle relie le cœur de la ville, sa gare, et son lac. Cet espace a toujours fait l’objet de nombreuses volontés d’aménagements, sans jamais bénéficier d’une vision globale. Le projet propose donc une mise en valeur de cette parcelle dans sa totalité, à travers diverses interventions, d’échelles et de temporalités. Une première vision sur le long terme dessine un aménagement tirant des enseignements de la situation actuelle, en y créant cinq nouveaux espaces. Ces derniers existent ensemble et séparément, comme les éléments synchrones d’un tout harmonisé. Chacun de ces espaces, bien que projeté sur le long terme, trouve également sa concrétisation à travers des préfigurations urbaines. Réalisés dans des temporalités proches, ces projets amorcent la transition et permettent de préparer le site à ce nouvel avenir. Parmi ces préfigurations, le projet en pousse un à son aboutissement : la (re)conception d’un lieu culturel éphémère en collaboration avec l’association La Dérivée qui en est l’initiatrice. Les différents éléments nécessaires au lieu ont été dessinés en respectant trois lignes directrices majeures : maximiser le réemploi de l’ancienne infrastructure et des ressources régionales, garantir l’appropriation du projet par l’association et enfin assurer une conception permettant au lieu d’être facilement mobile au fil des années, sur le site comme ailleurs.

La Suisse compte plusieurs dizaines de milliers d’ouvrages militaires en tout genre sur son territoire. Depuis la fin de la guerre froide et les réformes successives de l’armée, une partie croissante de ce patrimoine sert de moins en moins car il ne correspond plus aux besoins militaires actuels. Certains de ces sites aujourd’hui sous-exploités sont situés stratégiquement dans les agglomérations et disposent d’espaces et de monuments d’intérêt. Ils peuvent à présent trouver une destination civile, s’ouvrir et s’intégrer à la ville. Le projet de restructuration de l’arsenal d’Aigle a pour objectif de reconnecter l’ancien site militaire fermé à la population et à l’enceinte close, à l’espace public par des accès ouverts. Le site devient le carrefour d’axes piétons principaux entre la gare, les infrastructures sportives et les écoles, et facilite le dialogue entre les quartiers voisins. Cette place est reconvertie en intégrant un programme culturel, sportif et d’enseignement supérieur. Les bâtiments construits en pierre, bois, béton et acier sont valorisés et leurs éléments réemployés en tirant parti de leurs qualités pour un nouvel usage. Le sol complètement minéral est remanié pour donner une identité et une esthétique contemporaine à cet ensemble hétérogène, grâce à des pièces paysagères arborisées articulant les flux et les espaces. En permettant une porosité majeure, en dynamisant l’activité et en donnant de la cohérence à l’ensemble du site, le projet vise à le revitaliser.

Garde-enrobe est un projet qui s’implante sur un parking en plein air dans la zone sportive du quartier des Vergers à Meyrin. Il propose l’extension du centre sportif avec l’ajout d’une zone dédiée aux sports urbains (skatepark, pumptrack, basket 3x3, danse urbaine, street workout, échecs, etc.) ainsi qu’un bâtiment accueillant des dortoirs, un restaurant, des espaces destinés aux associations sportives et un centre de réparation pour deux roues non motorisées. Ce parking date de la fin des années 1970 ; son utilité est remise en question par le projet de renaturation du Nant’Avril qui longe la parcelle au Nord-Ouest, la construction de trois parkings souterrains à proximité ainsi que le développement des transports publics de ces dernières années. Il offre ainsi l'opportunité d’utiliser la surface d’enrobé bitumineux existante, telle quelle, pour un nouveau programme. Pour le bâtiment, les matériaux biosourcés et locaux, les assemblages mécaniques ainsi que des techniques diminuant les besoins en énergies non-renouvelables sont privilégiés. Il est surélevé par rapport au sol créant ainsi une plateforme en bois, recouverte par endroit d’ombrage, qui sert à la fois de circulation et d’espace de flâneries. Cette même logique de plateforme est utilisée pour les mobiliers urbains permettant ainsi d’unifier les interventions. Les espaces dédiés aux sports urbains sont quant à eux essentiellement composés de dessins au sol exploitant la surface plane et imperméable existante.

Mêlant loisir et sport, les baignades sont toujours plus populaires dans l’espace public urbain. Ancrée dans la culture suisse, la baignade en eaux vives ne nécessite que peu d’infrastructures et de nombreuses villes en font un atout d’attractivité. Lausanne, elle, n’offre que quelques espaces de ce type, qui n’ont que peu évolués depuis plusieurs décennies. De plus, les rives lausannoises font état de fractures visuelles et spatiales puisque de nombreux programmes y sont installés et empêchent des promenades continues ou des relations visuelles directes avec le lac. Le projet se positionne dans ce contexte, dans l’ambition double de donner un meilleur accès à l’eau dans l’Est lausannois ainsi que de lier les espaces de détente à travers des promenades continues le long du bord du lac. En effet, les baignades dans le lac se sont déplacées au fil des années de l’Est vers l’Ouest et le projet propose de rendre un maximum des côtes baignables. Les aménagements doivent préserver une différenciation entre promenade et baignade, ainsi qu’une accessibilité par tous et en tout temps, notamment grâce à des bains fonctionnant l’hiver. Enfin, le projet développe des lieux clés peu ou pas aménagés, situés à l’arrivée des chemins d’accès des usagers venant de la ville, permettant une appropriation de l’espace public par la population: d’une part, sur la rive avec des espaces de détente et, d’autre part, sur l’eau avec des baignades pour tous.

Lorsque la lumière est contrainte à n'entrer que par un seul point dans une chambre noire, on observe alors une projection inversée en temps réel sur le mur opposé. La “camera obscura” révèle ce phénomène optique naturel. Plusieurs penseurs l'ont utilisée pour expliquer le fonctionnement de la vision humaine et le passage de la dimension matérielle des images à leur dimension mentale. Le campus de l'EPFL accueille des étudiants tous les jours, mais aussi des enfants, curieux de découvrir les secrets de la science. La dimension ludique de la “camera obscura” célèbre la connaissance comme un bien commun et permet de s'affranchir de la barrière commune entre savoir et expérimentation. Ici, élargie pour atteindre la taille d'une pièce, cet espace invite les visiteurs à entrer, s'immerger dans une expérience sensorielle les rendant à la fois acteurs et spectateurs du processus visuel. Cet observatoire surélevé propose simultanément deux points de vue. Un premier point de vue, frontal, permet d'observer le spectacle de la vie quotidienne du campus. Un second point de vue, en plongée, contemple une scène matérialisant le cône de vision projeté sur le mur de l'observatoire. Cette situation appelle à la mise en scène de l'imagination. Les aller-retours entre l'observatoire et la scène deviennent un spectacle en soi. Le mouvement et la temporalité, si présents dans la “camera obscura”, sont célébrés et peuvent être expérimentés.

La plupart des monuments d’Europe sont aujourd’hui placés hors du temps comme témoins historiques à forte attraction touristique. Conservés et restaurés dans une forme figée, ils répondent peu aux besoins de la société. Il est temps que celle-ci réinvestisse ses monuments, les habite quotidiennement à nouveau et leur apporte, si nécessaire, de nouvelles valeurs ajoutées tout en respectant leur intégrité. La cathédrale de Lausanne, bien qu’élément phare de la ville, est délaissée par les habitants. Ce projet utilise le massif occidental de l’église, historiquement détaché de toute fonction religieuse, et le convertit en maison de quartier pour la population de la Cité. Caractéristique identitaire de la cathédrale, l’élévation en paliers de la façade occidentale culmine dans l’élancement solitaire de la tour beffroi en un mouvement exponentiel ascendant. Celui-ci est conservé et souligné par l’ajout d’un bâtiment plus bas accolé au Nord. Ses murs de forte épaisseur, en béton monolithique sans armature, reprennent la logique de masse uniforme des murs gothiques adjacents tout en employant un autre matériau. Les maçonneries inachevées de la tour Nord sont quant à elles visuellement complétées par l’ajout d’un couronnement qui ceint un jardin public jouissant d’une vue panoramique. La cathédrale de Lausanne, monument suisse de premier plan, est désormais au service des lausannois et bien ancrée dans le XXIe siècle.

Ce projet est une expérimentation qui vise à transposer les enseignements issus de l’étude du type architectural de la cabane dans un environnement construit. Ce processus cherche au maximum à tirer parti du site, du contexte, des ressources locales ainsi que des occupants à travers une manière de construire et d’habiter résiliente. A Lausanne, le Vallon est un quartier où convergent besoins et potentiels nécessaires à l’établissement d’une telle démarche de projet. D’abord, l’existence d’un fort engagement social, notamment au travers de la Marmotte, qui offre un hébergement de nuit pour une population marginalisée de par son impossibilité à accéder au système de logement standard. Chaque soir, une dizaine de personne dorment dans la rue faute de place, souvent à l’arrière de la Place du Vallon, à l’abri des regards. Ce fond de vallée aujourd’hui industriel, demain forestier, va faire l’objet d’un démantèlement des industries renforçant les qualités paysagères du lieu et représentant une source de matériaux de réemploi pour le projet. Le projet est un processus de construction participatif et itératif, conçu selon les besoins des habitants du quartier, marginalisés ou non, avec une certaine sobriété typologique et technologique, selon une implantation sensible au contexte, les matériaux disponibles sur site, et des techniques de construction et de déconstruction accessibles à tous.

Le centre de Chavannes-Près-Renens est aujourd’hui confronté à un changement de densité. Le bâti du début du 20e siècle, pavillonnaire, est remplacé par des barres de logements, dont l’organisation spatiale répond à des logiques d’investissements. En 2018, le quartier des Cèdres est livré et le plan directeur de la commune prévoit d’étendre le système jusqu’à la route de la Maladière. La barre s’implante au nord de la parcelle, orientée nord/sud, elle définit une place minérale, activée par un bâtiment publique en son centre. La prairie est conservée et reste disponible pour une densification future ainsi que pour la gestion des terres durant le chantier. La terre utilisée pour les logements provient des grands chantiers de l’ouest Lausannois. La préfabrication foraine d’éléments de construction en terre crue réduit le coût et la durée du chantier. Les unités d’habitation se développent entre les porteurs de terre crue. Le rez et le premier étage constituent un socle minéral à la construction de terre, afin d’augmenter l’occupation du sol. Pendant la phase de préfabrication des modules de terre crue, cette structure sert pour le stockage et le séchage des éléments. La terre, non stabilisée, le bois et le béton recyclé du socle sont des ressources locales. Ainsi mises en œuvre, elles pourront être réutilisée à la fin de vie de ce dernier. Le bâtiment constitue une réserve de matière première pour le futur.

De nombreuses structures surplombent les rives du lac Léman, la plus grande étendue d’eau d’Europe occidentale, source de grandes fascinations. Ces rives ont été aménagées de manière différente au travers des siècles, offrant un paysage évolutif, ouvrant ainsi de nouvelles perceptions. Parmi ces aménagements, le ponton – par son implantation, sa structure, et son statut souvent privé – joue aujourd’hui un rôle flou dans l’espace public. Le projet Les curiosités du Léman cherche à questionner l’usage des pontons autour du lac. Il vient perturber leur utilisation conventionnelle en élaborant, entre Morges et Epesses, cinq interventions qui mettent en lumière leur potentiel inexploité. Celles-ci ont pour but de revaloriser ces structures et d'inviter le public à occuper ce seuil entre terre et eau. Implantées sur des structures hétéroclites, ces interventions prennent des formes diverses selon leur contexte spécifique et génèrent ainsi un rapport au lac différent. A l’image des œuvres de Magritte, elles sont libres d’être interprétées et constituent un nouveau langage subversif. Chaque intervention vit par elle-même, mais il est aussi possible de les lire comme un tout et de créer ainsi une scénographie alternative autour du Léman.

Arrivant à la fin de leur premier cycle de vie, les tours d’habitation de Suisse, construites pour la plupart durant les Trente Glorieuses, nécessitent aujourd’hui d’être rénovées. En étudiant les trois tours de la Maladière, trois scénarios distincts et interconnectés ont émergés, mettant en évidence le potentiel que peut offrir la rénovation des tours d’habitation. Ces tours étant inscrites à l’inventaire national, le premier scénario cherche prioritairement à préserver la valeur patrimoniale en optant pour une restauration des façades et une transformation des appartements. Les deux autres scénarios suivent un processus de densification. Dans le second, celle-ci s’opère au moyen d’une surélévation en continuité avec l’existant, conservant la rigueur des façades et la forme articulée du plan, alors que le troisième rompt avec les principes architecturaux d’origine en suivant un processus d’addition par extension et surélévation. Dans les trois scénarios, la qualité de vie des habitants est améliorée, par l’adaptation des appartements aux modes de vie actuels, par la diversification des types de logements, ouvrant à une plus grande mixité sociale et par la diversification des activités. La rénovation des tours d’habitation s'inscrit dans la politique de densification des centres urbains, en s’adaptant aux besoins et aux exigences de la société actuelle. Elle produit une image nouvelle et contemporaine de la ville.

Face aux enjeux environnementaux, il devient urgent de changer les habitudes du secteur de la construction afin de la rendre plus durable. Le gaspillage des matières premières, la production massive de déchets, la consommation excessive d’énergie sont des phénomènes qui peuvent être freinés par le passage à une économie circulaire pour laquelle la construction réversible et le réemploi sont des pistes prometteuses. En anticipant l’évolution d’un bâtiment, la construction réversible permet de repousser son obsolescence en diminuant au maximum les adaptations et leurs coûts lors d’une future transformation. Partant du constat que la construction en milieu urbain passe dorénavant majoritairement par un travail avec l'existant, ce projet de master applique la construction réversible à une extension d’une barre de logement située à Chêne-Bourg, dans la périphérie de Genève. L’évolution du bâtiment se fait au travers de trois scénarios, chacun amenant un nouveau programme. Il ne s’agit-là que de trois possibilités parmi d’autres, l’utilisation future du bâtiment étant impossible à prédire. Tout l’enjeu de cette recherche consiste plutôt à mettre en place une nouvelle méthode de projet permettant de concevoir un bâtiment facilement adaptable à de nouveaux usages, de tirer parti de son contexte et d’avoir le moins d'impact possible sur l’environnement.

Pour comprendre les enjeux et la pertinence d’intervenir au cœur du patrimoine, j’ai réalisé une série de relevés sur différents bâtiments du village de Champéry et visité cinq chantiers de réemploi. L’étude de l’identité architecturale forte de ce milieu alpin a fait l’objet de mon énoncé théorique Prologue de démontage d’une construction en bois du Val d’Illiez. La grange étudiée, qui date du début du XXe siècle, obéit aux codes de la construction traditionnelle. Je conjugue ses composantes, inventoriées dans une base de données, auxquelles s’ajoutent d’autres pièces récupérées de chalets avoisinants, avec des éléments neufs. Leur interopérabilité reste la stratégie appliquée tout au long du processus. Le programme propose de revisiter de l’archétype du chalet, de façon évolutive et flexible selon les ressources de bois à disposition. Les procédés numériques explorent différentes configurations, variant entre une volumétrie rationnelle et une forme plus sophistiquée intégrant une pluralité d’éléments réemployés. Le projet prend place sur un socle en béton abandonné du village, pour une vision de bout en bout d'un avenir sans déchets, selon les principes de l’économie circulaire.

Les milieux construits, comme ceux de la région lausannoise, ont avec le temps et l’industrialisation, fait le tri dans la diversité des habitats des oiseaux pouvant composer la ville. Les oiseaux d’eau vivant dans les derniers marais et roselières de la baie de la Chamberonne il y a encore 50 ans ont dû se résoudre à quitter Lausanne, voir même la Suisse, sachant que 90 % des milieux humides y ont été drainés. Ce projet démontre la possibilité de rétablir une coexistence spatiale harmonieuse entre oiseaux et humains au sein des espaces riverains de la baie de la Chamberonne malgré une urbanité forte. La stratégie territoriale consiste à composer avec les différents potentiels latents dans ce site afin de mettre à disposition des oiseaux les milieux humides leur permettant de trouver à nouveau abris et nourriture, en ces territoires étant précédemment leurs. Ces potentiels sont l’eau et la topographie permettant sa captation, les différents couverts végétaux offrant des habitats spécifiques et la mise à distance possible dans l’espace urbain aidant à la tranquillité d’espèces aviaires plus sensibles. Tout ceci dans l’objectif de réintroduire cette coexistence si bénéfique à l’ensemble des habitants riverains.

Dans un environnement construit considéré immuable, les changements fréquents de besoins et d’usages rendent nombre de bâtiments obsolètes, alors même que leurs composants conservent majoritairement leur valeur intrinsèque. L’une des conséquences visibles de ce manque d’adaptabilité est incarnée par l’imposante et vétuste raffinerie Tamoil en Valais, dont l’empreinte physique, sociale et environnementale sur le territoire reste lourde pour les populations locales. En envisageant de nouvelles vies pour les composants de la raffinerie à travers la conception de projets versatiles et réversibles, les 2ème et 3ème cycles proposés redéfinissent ainsi un environnement bâti capable de s’adapter à de nouvelles conditions, au-delà d’un horizon temporel prévisible. Accueillant les matériaux de réemploi consciencieusement analysés comme source de projet, l’architecture des bâtiments receveurs gagne en expressivité par la célébration structurelle et tectonique de stratégies non-destructives, favorisant ainsi le développement d’une image tangible d’une grande adaptabilité pour l’architecture.