BAYOUMI, Hala, Courel, Marie-Françoise, Levorato, Vincent, Laboratoire d'Informatique Fondamentale d'Orléans (LIFO), Ecole Nationale Supérieure d'Ingénieurs de Bourges-Université d'Orléans (UO), EPHE - Université du Xing Xang - Université de Teheran, and BAYOUMI, Hala
International audience; Un meilleur accès à l'eau potable est-il un facteur majeur de la réduction de la pauvreté ? Un rapport des Nations Unies publié en 2009 révèle que l'installation de sanitaires et l'assurance de la fourniture d'une eau potable dans les pays les plus démunis, est le moyen le plus sûr de réduire la pauvreté et d'améliorer la santé publique. Dans cet article, nous nous intéressons au seuil de pauvreté en Egypte et plus particulièrement à son évolution. Nous avons établi un modèle permettant de prévoir son évolution. Nous disposions d’un corpus de données socio-économiques exceptionnel sur l’Egypte (1996) au niveau le plus fin, celui des villages et des quartiers, au total 5312 districts auxquels sont associées 47 variables se rapportant au niveau de vie des populations. Un indice de pauvreté a été calculé (consommation par tête ou CPT). L’indice CPT a été construit conjointement avec l’ONG population Council au profit du Social Fund et de la banque mondiale. Ce qui nous intéressait était de l’établir au niveau des villages et des quartiers. Cet indice conventionnel pour mesurer la pauvreté ne concernait que l’enquête des revenus et des dépenses des ménages de 1999/2000 publiée par le CAPMAS (Central Agency for Public Mobilization And Statistics). Parmi quelques centaines de variables du recensement 1996, 47 ont été retenues (les plus pertinentes pour le calcul de la pauvreté). Après avoir défini les variables corrélées avec cet indice parmi ces 47, un modèle de régression linéaire a été mis en place et le coefficient résultant de ce modèle a été appliqué au recensement de 1996 pour estimer le CPT au niveau le plus fin, celui des villages et des quartiers.Après la construction du système d’Information géographique visant à organiser ces données dans un référentiel géographique précis rendant leur spatialisation effective au niveau le plus fin, l’ensemble des variables utilisées ont été soumises à une série de procédures de validation : une analyse descriptive multidimensionnelle, une analyse structurelle de la population des districts, une validation de l’indice de pauvreté à travers deux régressions linéaires et une analyse bayésienne qui garantissent leur fiabilité.Les 47 variables ont été regroupées selon cinq grands paramètres : Emploi, Démographie, Equipement, Education et Logement. Une valeur booléenne relative à chaque paramètre et à l’indice de pauvreté a été attribuée à chaque district. Afin de prendre en compte la complexité du dynamisme socio-spatial, l’approche multi-agents a été utilisée. Le modèle mathématique proposé s'appuie sur la prétopologie et sur les résultats issus de la théorie des multialéatoires. Les objets complexes que nous traitons dans cette étude sont dans l'espace euclidien usuel et concernent des entités spatiales non ponctuelles. Il s'agit donc de travailler avec des sous-ensembles d'un ensemble spatial donné et d'analyser comment ces sous-ensembles sont reliés à travers le ou les critères utilisés (règles d’adhérence thématiques). Les phénomènes géographiques et sociaux sont influencés par un ensemble de facteurs non contrôlables et hétérogènes tels que, la météorologie, les comportements des agents économiques et sociaux,. . . Tous ces facteurs introduisent pour le modélisateur une part d'aléa. La modélisation conduit à introduire les ensembles aléatoires en prétopologie pour définir ce que nous appelons la prétopologie stochastique qui est le modèle mathématique utilisé pour représenter le phénomène de propagation. Dans notre étude, il s’agit de la propagation du niveau de vie par le filtre des districts administrés par l’Egypte (approche top-down).Nous avons aussi réalisé une simulation en utilisant les systèmes multiagents (approche bottom-up). Les règles d’adhérence (attribuées aux 5 paramètres décrits plus haut) appliquées aux agents-districts se sont avérées pertinentes. Cette simulation révèle que l’approche modélisation/ simulation est en mesure de construire à partir de données disponibles (1996) une situation 2006 à plus de 80% réaliste. Les données fournies par le CAPMAS pour 2006 valident en effet la simulation.Ainsi d’après la simulation, tout un groupe de villages (127) dans l’un des gouvernorats « Sharqiyya » passe au dessus du seuil de pauvreté entre 96 et 2006. Cette mutation trouve son explication dans la survenue de l’aménagement hydraulique regroupant 37 projets produisant 475000 m3 d’eau potable par jour auxquels s’adjoignent 50 projets d’infrastructure (égouts, drainage,…).