Based on ethnographic investigation, this dissertation examines the social construction of infectious risk management practices among health care professionals in a hospital unit for Infectious and Tropical Diseases. Such units are specifically designed to take on patients who are contagious or suspected of being so and are front-line responders to epidemic health crises: problems linked to hospital-acquired infections (HAI) and the containment of epidemics are thus of crucial importance. In order to respond to these threats, the units are equipped with a number of heterogeneous objects aimed at limiting the circulation and the transmission of infections agents: expert knowledge, recommendations, protective equipment, spatial organization, etc. These multiple objects, varied in nature but common in purpose, make up what I call isolation dispositifs. In addition, the particular feature of the observed unit is that it is at the center of an HAI prevention project – within the framework of which this investigation was carried out – based on the development of a socio-technical innovation reinforcing these isolation dispositifs: an “automated” audit of hand hygiene. This anthropological work is an invitation to move away from the notion of risk as it has been apprehended by public health, and to look more toward the agencements of risk that actors practices are built upon. Thus unfurl some of the lines that make up these agencements, the ways in which they are connected, diverge, and play against each other. In following these lines, the social dynamics implicated in the construction of preventive practices in the face of infectious risk, as well as their social differentiated nature, come to the surface. These lines can be of at least three sorts: historic, normative, and sensitive. The first shed light as much on the long history inherited by today’s infectious and tropical disease wards and their isolation dispositifs, as on the specificities of a local history, each shaping in its own way the faces of care and the relationship towards infectious risk. The second are normative in the sense that they are derived directly from the processes by which isolation dispositifs and sociotechnical innovations contribute to shaping actors practices. These lines then give way to questions about evaluations and assessment and judgements that caregivers might have about these dispositifs, the ways in which they compose, assemble and negotiate with them in order to engage in care-giving activities that imply facing invisible dangers embodied in infectious pathogenic agents. The third are certainly the most obscured by prevention experts, as the question of emotions and feelings enters into conflict with scientific rationality. And yet, feelings of fear and disgust, as much as the experience of filth associated with the latter, are at the core of forms of socialization and professional strategies central in the construction of the relationship toward infectious risk. The study of these sensitive lines is a prerequisite to a better understanding of actors practices. At a time when bacterial resistance is emerging as a new challenge in the fight against HAI, and when (re)emerging diseases are at the center of concerns for health care authorities, health professionals, and even more so those who are on the “front line” working in infectious and tropical disease wards, play a decisive role in the fight against new infectious risks. Exposing the social anchors of risk through empirical and qualitative studies constitutes, without a doubt, an essential contributive step toward the prevention of HAI and to the management of these new epidemics. Many other lines are yet to be explored.; Partant d’une enquête ethnographique, cette thèse interroge la construction sociale des pratiques de gestion du risque infectieux chez les professionnels de santé d’un service hospitalier de Maladies Infectieuses et Tropicales. De telles unités ont pour spécificité d’accueillir exclusivement des patients contagieux ou suspectés de l’être et de se situer en première ligne dans la réponse aux crises sanitaires épidémiques : les problèmes liés aux infections nosocomiales (IN) et la circonscription des épidémies y tiennent donc une place cruciale. Afin de répondre à ces menaces, ces unités sont appareillées d’un ensemble d’objets hétérogènes destinés à limiter la circulation et la transmission des agents infectieux : savoirs experts, recommandations, équipements de protection, organisation spatiale, etc. Ces multiples objets, de natures variées mais s’inscrivant dans une visée commune, composent ce que j’appelle des dispositif d’isolement. En outre, le service enquêté a pour particularité de se situer au centre d’un projet de lutte contre les IN – dans le cadre duquel a été réalisée cette enquête – reposant sur le développement d’une innovation sociotechnique venant renforcer ses dispositifs d’isolement : un audit « automatisé » de l’hygiène des mains. Ce travail anthropologique invite alors à se détacher de la notion de risque telle qu’appréhendée par la santé publique, et à s’intéresser aux agencements du risque par lesquels se construisent les pratiques d’acteurs. Se dévoilent ainsi certaines des lignes qui composent ces agencements, les façons dont elles se rejoignent, divergent, et jouent les unes sur les autres. C’est en suivant ces lignes que se dessinent les dynamiques sociales impliquées dans la construction des pratiques préventives face au risque infectieux, ainsi que leur caractère socialement différencié. Ces lignes peuvent être au moins de trois sortes : historiques, normatives, et sensibles. Les premières éclairent tant l’histoire longue dont sont aujourd’hui les héritiers les services de maladies infectieuses et tropicales et les dispositifs d’isolement qu’ils abritent, que les singularités d’une histoire locale, chacune façonnant, à sa manière, les visages du soin et les rapports au risque infectieux. Les secondes sont normatives, en ce sens qu’elles découlent directement des processus par lesquels les dispositifs d’isolement et les innovations socio-techniques qui s’y rattachent participent de la constitution des pratiques d’acteurs. De ces lignes s’exprime alors la question des évaluations et des jugements que les soignantes portent sur ces dispositifs, des façons dont elles composent et négocient avec eux pour s’engager dans des activités de soin qui impliquent de faire face aux dangers invisibles incarnés par les agents infectieux pathogènes. Les troisièmes sont certainement les plus occultées par les experts de la prévention, tant la question des émotions et des sentiments entre en tension avec la rationalité scientifique. Pourtant, les sentiments de peur et de dégoût, tout comme l’expérience de la saleté associée à ce dernier, sont au fondement de formes de socialisations et de stratégies professionnelles centrales dans la construction des rapports au risque infectieux. À l’heure où les résistances bactériennes s’imposent comme un nouveau défi dans la lutte contre les IN, et où les maladies (ré)émergentes sont au centre des préoccupations des autorités sanitaires, les professionnels de santé, et plus encore ceux de « première ligne » exerçant dans des services de maladies infectieuses et tropicales, jouent un rôle décisif dans la lutte contre ces nouveaux risques infectieux. Mettre au jour les ancrages sociaux du risque par la réalisation d’études empiriques qualitatives constitue alors, à n’en pas douter, un enjeu essentiel pour contribuer à la prévention des infections nosocomiales et à la gestion de ces nouvelles épidémies. De nombreuses autres lignes restent à explorer.