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Les Archives diplomatiques françaises conservent dans leurs fonds un certain nombre de documents permettant à l’historien d’examiner différents aspects de l’attitude de la France vis-à-vis de l’évolution de la situation politique intérieure grecque dans les années qui suivirent la Grande Guerre. Grâce à ces sources, il est notamment possible de retracer les relations agitées du gouvernement de la République française avec les souverains grecs à partir de 1920, à une époque où il est hostile au maintien de l’institution monarchique en Grèce. La question de l’indemnisation réclamée par celle-ci du fait de la présence de l’Armée d’Orient sur son territoire pendant la Première Guerre mondiale traverse également les premières années de l’entre-deux-guerres. Malgré un engagement formel de la part des Alliés, le processus d’indemnisation s’avéra particulièrement épineux et suscita de multiples problèmes. The collections of the French diplomatic archives contain a certain number of documents that allow historians to examine different aspects of the French attitude to the changing domestic political situation in Greece in the years that followed World War I. These documents allow us to retrace the unsettled relations between the French government and the Greek sovereigns from 1920 onwards, at a time when France was opposed to the continuation of the Greek Monarchy. Another issue on the table during the early inter-war years was the Greece’s demand for compensation due to the presence of French troops in its territory during World War I. Despite a formal commitment from the Allies, the compensation process was particularly fraught and caused a range of issues.

Hubert Pernot occupa la chaire de grec moderne à la Sorbonne de 1912 à 1937. Il avait suivi à l’École des langues orientales les cours d’Émile Legrand et de Jean Psichari et prit, très jeune, la « résolution de [se] consacrer définitivement à la Grèce moderne ». Ses archives permettent de retracer l’histoire de la fondation de l’Institut néo-hellénique de la Sorbonne et celle de l’enseignement du grec moderne dans cette université, de la veille de la Grande Guerre à celle de la Seconde Guerre mondiale. Une partie de sa correspondance et ses notes de cours de littérature et de langue révèlent le contenu et l’orientation de ceux-ci. L’institution d’un enseignement du grec moderne à la Sorbonne devait être, selon lui, la preuve de la réunion « dans une même ardeur » des éléments hellénique et philhellénique. Favorable à la Grande Idée, Pernot fit partie de ces hommes de sciences qui, depuis le début de la IIIe République, affirmaient les droits de la Grèce en Orient tout en revendiquant une place prépondérante de la France et de ses vertus citoyennes et civilisatrices dans la région. Hubert Pernot was professor of modern Greek at the Sorbonne from 1912 to 1937. At the School for Oriental languages, he had studied under Émile Legrand and Jean Psichari (Ioannis Psycharis) and, very early on, he had decided “to dedicate himself definitively to Modern Greece”. His archives give us an insight into the history of the founding of the Institut néo-hellénique and the teaching of modern Greek at the Sorbonne, from just before World War I up until World War II. Part of his correspondence and his notes for his literature and language classes reveal the content and orientation of his work. For him, the creation of a modern Greek school at the Sorbonne had to be the proof of the coming together, “with a shared passion”, of the Hellenic and philhellenic elements. Pernot was in favor of the “Megali Idea”, and was, from the start of the Third Republic, one of the academics that supported Greece’s rights in the East while calling for a major role for France and its civic and civilizing virtues in the region.

La France a apporté dans la seconde moitié du xxe siècle une contribution essentielle à la réussite du projet d’intégration graduelle de la Grèce au sein de l’Europe unie que s’était fixé le gouvernement hellénique après la Seconde Guerre mondiale. Les contacts diplomatiques et la coopération entre les dirigeants français et grecs eurent un impact décisif sur les négociations qui aboutirent dans un premier temps à l’association, puis à l’adhésion de la Grèce à la Communauté économique européenne (CEE). Des sources très diverses, conservées aux Archives générales de l’État hellénique, aux archives du ministère des Affaires étrangères grec et à la fondation Constantin G. Caramanlis, documentent ce processus sur plusieurs décennies et le rôle capital joué par le Premier ministre Caramanlis avec ses collaborateurs dans la conception et la mise en œuvre de la politique européenne grecque. In the second half of the 20th century, France contributed greatly to the success of the gradual integration of Greece into a unified Europe which was the aim of the Greek government after World War II. Diplomatic contact and cooperation between the French and Greek governments had a decisive impact on the negotiations that led, first of all to the association, then to the membership of Greece of the European Economic Community (EEC). The process is documented over a number of decades in the diverse collections in the Greek government’s General Archives, in the archives of the Greek Ministry for Foreign Affairs and those of the Constantin G. Caramanlis foundation, which chronicles the major role played by Prime Minister Caramanlis and his team in the elaboration and implementation of Greek European policy.

Que recouvre exactement l’« histoire de la Grèce moderne » ? Dans un contexte de forte valorisation de la pluridisciplinarité (et même de l’interdisciplinarité), mais aussi dans un environnement marqué (en France tout au moins) par la « nouvelle histoire », il n’est pas toujours facile d’identifier les lignes de démarcation entre « histoire » et « civilisation » ou « histoire » et « culture ». Les frontières entre disciplines ont tendance à se brouiller à l’ère du dialogue et de l’ouverture épistémologiques. Cette étude vise, en premier lieu, à dresser un bilan, aussi exhaustif que possible, tant de l’enseignement que de la recherche en France concernant l’histoire de la Grèce moderne : cadres institutionnels, programmes et thématiques, individus, débouchés. À première vue, celui-ci paraît modeste. Mais, si l’on retient le sens le plus large du terme « histoire », le tableau s’enrichit considérablement, notamment grâce aux travaux réalisés au sein des formations universitaires spécialisées dans l’enseignement de la langue et de la civilisation. Cette rétrospective laisse en outre à voir que l’historiographie de la Grèce moderne en France demeure marquée par les visions philhellènes telles que celles-ci ont émergé à la fin du xviiie siècle. Des thématiques inscrites dans des problématiques plus contemporaines (histoire du travail, mouvements sociaux, histoire des institutions…) sont encore relativement rares. What exactly does the “History of Modern Greece” mean? In a context where multi-disciplinarity and even inter-disciplinarity, are on the up and up, but also in an environment that is marked (in France in any case) by “new history”, it is not always easy to define the lines of demarcation between “history” and “civilization” or between “history” and “culture” as the lines between disciplines are increasingly blurred in an era of epistemological dialogue and openness. This article aims, first of all, to give as exhaustive a rundown as possible, of both teaching and research in France regarding the history of Modern Greece: the institutional framework, the programs and themes, the individuals and the prospects. At first glance, it would appear to be a modest undertaking, but, if we take “history” to mean something broader, the picture is much more interesting, in particular thanks to the work that was done in university courses specialized in teaching the language and civilization. In addition, this retrospective reveals that the historiography of Modern Greece in France remains marked by the philhellenic visions that emerged at the end of the 18th century. Themes that deal with more contemporary issues (labor and work history, social movements, the history of institutions…) remain relatively rare.

Sur l’ensemble des chefs d’État étrangers qui se sont rendus en visite officielle en Grèce depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu’à nos jours, seuls cinq ont été invités à venir s’exprimer dans l’enceinte du Parlement hellénique devant la représentation nationale : Dwight D. Eisenhower en 1959, le général de Gaulle en 1963, George H. W. Bush en 1991, Nicolas Sarkozy en 2008 et François Hollande en 2015. En chacune de ces occasions, les dirigeants grecs ont voulu, par l’accueil spéc...

Les archives de l’École française d’Athènes éclairent l’histoire complexe de deux institutions qui ont marqué, chacune à sa manière, les relations franco-grecques au xxe siècle : l’EFA, établissement scientifique, dédié à la recherche et à la formation, et l’Institut français d’Athènes (devenu Institut français de Grèce en 2010), établissement culturel se consacrant essentiellement à l’enseignement du français et à la diffusion en Grèce de la culture française. Au-delà d’une histoire partagée durant les premières décennies de ce siècle, ces archives mettent en lumière l’évolution de la vocation de chacune de ces deux institutions au fil du temps. L’enseignement du français, par exemple, qui relevait à l’origine des missions de l’École française, devient après 1907 l’apanage de l’Institut supérieur d’études françaises annexé à l’EFA, puis de l’IFA. Une autre des missions de l’EFA, en revanche, l’étude de la Grèce moderne et contemporaine, après avoir été envisagée comme un champ de recherche privilégié pour l’ISEF puis l’IFA, est finalement réinvestie, à partir des années 1990, par l’EFA. The archives of the French School at Athens (EFA) throw some light on the complex history of two institutions that marked, each in their own way, France-Greece relations in the 20th century: the EFA, a scientific establishment dedicated to research and teaching, and the Institut français d’Athènes (that became the Institut français de Grèce in 2010), a cultural establishment that focuses essentially on teaching French and promoting French culture in Greece. In addition to their shared history in the early 20th century, these archives highlight the changes in the vocations of each institution over time. For example, the teaching of the French language, which was originally one of the missions of the École française, after 1907, was to come under the remit of the Institut supérieur d’études françaises which was an annexe of the EFA, and became later the IFA. However, after plans were elaborated to make the study of modern and contemporary Greece, another of the EFA’s missions, into a field of research specifically for the ISEF and then the IFA, it was eventually transferred back to the EFA in 1990.

La France a été au xxe siècle l’un des plus fidèles soutiens de la Grèce, dans les moments critiques comme en temps de paix. Dans les années 1950 et 1960, elle s’est aussi avérée être un ardent partisan de l’association entre la Grèce et la Communauté économique européenne. Les excellentes relations qu’entretenaient le président Charles de Gaulle et le Premier ministre Constantin Caramanlis sont bien connues, tout autant que l’estime du général pour la lutte menée par les Grecs contre le fascisme durant la Seconde Guerre mondiale. Par conséquent, lorsque la démocratie fut abolie et qu’une dictature militaire s’instaura en Grèce en avril 1967, l’attitude initiale de la France ne put être empreinte que d’embarras. La présente contribution qui repose sur des archives diplomatiques du ministère des Affaires étrangères grec vise à donner un aperçu des relations diplomatiques entre la Grèce et la France pendant la dictature des colonels. In the 20th century, France was one of Greece’s most loyal supporters, both through critical periods and during peacetime. In the 1950s and 1960s, France also proved to be an ardent partisan of Greece’s association with the European Economic Community. It is well known that President Charles de Gaulle and Prime Minister Constantin Caramanlis had a great relationship, as is the fact that the general thought very highly of the Greeks for the way they fought fascism during World War II. Consequently, when democracy was abolished and the military dictatorship took over in Greece in April 1967, France’s initial attitude was one of sheer embarrassment. This article, based on the diplomatic archives of the Greek Ministry for Foreign Affairs aims to provide an insight into diplomatic relations between Greece and France during the Greek Junta (Regime of the Colonels).

Au lendemain de la Grande Guerre, la démolition des fortifications de Paris libère près de 30 hectares de terrain au sud du xive arrondissement de la capitale. Sous l’impulsion d’André Honnorat, le projet de créer à cet emplacement un campus universitaire international est lancé. Son but : remédier au problème du logement des étudiants étrangers et favoriser l’amitié entre les peuples. Au cours de la décennie 1920, plusieurs « maisons » sortent de terre. Le « foyer des étudiants grecs » est édifiée de 1930 à 1932 grâce à une souscription panhellénique. Œuvre de l’architecte Nikolaos Zachos, ce bâtiment moderne au regard des techniques de construction reçoit une forme classicisante. Son programme décoratif, qui ménage une part à l’Art déco, se veut une synthèse de la Grèce ancienne et de la Grèce contemporaine. Vétuste dès les années 1960, la Fondation hellénique fait l’objet dans les années 1970 d’une rénovation intérieure énergique, où la volonté de modernisation l’emporte sur l’esthétique originelle, qui est effacée. Elle ne sera rétablie que par les ambitieux travaux de restauration engagés à partir de 2007, qui ont consacré la patrimonialisation de ce lieu symbolique des relations gréco-françaises. Just after the end of World War I, the demolition of the fortifications of Paris freed up about 30 hectares of land in the south of the capital’s 14th arrondissement. This led to the launch of a plan to build an international university campus, led by André Honnorat. The idea was to remedy the housing problem of foreign students and encourage friendship between nations. The 1920s saw a number of “houses” emerge from the ground. The Greek student house was built between 1930 and 1932 thanks to funding from all over Greece. It was designed by architect Nikolaos Zachos, with a classical appearance despite its modern construction. The decoration was intended to blend Ancient Greece and contemporary Greece with a touch of Art deco. By the 1960s, it was rundown, and in the 1970s, the Fondation hellénique was given an energetic renovation where the urge to modernize won out over the original aesthetic, that all but disappeared. It was only restored after ambitious renovation work that was carried out from 2007 onwards, when this symbolic place for Greece-France relations was given heritage status.

À l’hiver 1945, Octave Merlier, directeur de l’Institut français d’Athènes, obtint du gouvernement français un grand nombre de bourses pour des étudiants grecs. Après avoir réussi aux examens, plus de 150 jeunes gens furent sélectionnés pour aller étudier à Paris. Le 22 décembre 1945, le paquebot néo-zélandais Mataroa les transporta du Pirée à Tarente, d’où ils rejoignirent en train la Suisse et enfin Paris le 28 décembre. Ce voyage mythique auquel le nom du Mataroa reste attaché peut se lire comme le dépassement et la guérison de la blessure ouverte par les préludes de la Guerre civile grecque ou comme une version particulière au sens conceptuel des migrations grecques continues du xxe siècle. La présente étude met en valeur les documents en lien avec l’initiative historique d’Octave Merlier conservés dans le fonds éponyme du Centre d’études d’Asie Mineure. In the winter of 1945, the director of the Institut français d’Athènes, Octave Merlier, obtained a large amount of grants for Greek students from the French government. After successfully passing exams, over 150 young people were selected to go to Paris to study. On December 22, 1945, the Mataroa, a New Zealand-registered liner, transported them from Piraeus to Taranto in Italy from where they travelled by train to Switzerland and finally on to Paris on December 28. This legendary voyage, that ever since, has retained the name of the Mataroa, can be seen as an attempt to overcome and heal the open wounds of the prelude to the Greek Civil War or, in conceptual terms, as a particular version of Greek migration in the 20th century. This article highlights the documents related to Octave Merlier’s historic initiative that are preserved in the eponymous collection of the Centre for Asia Minor Studies in Athens.

L’opposition entre les détenteurs du monopole de la gestion du sacré et les laïcs, objectivement définis comme profanes, au double sens d’ignorants de la religion et d’étrangers au sacré et au corps des gestionnaires du sacré, est au principe de l’opposition entre le sacré et le profane et, corrélativement, entre la manipulation légitime (religion) et la manipulation profane et profanatrice (magie ou sorcellerie) du sacré. Pierre Bourdieu, « Genèse et structure du champ religieux », Revue fra...

Selon Jean-François Bayart, « une partie du problème – avec l’étude des États – revient à démêler les parts respectives de la “construction de l’État” et de la “formation de l’État” ». La valeur heuristique de cette séparation proposée par Bruce Berman et John Lonsdale entre la notion de construction de l’État « en tant qu’effort conscient de création d’un appareil de contrôle » et formation de l’État comme « un processus historique largement inconscient et contradictoire de conflits, de négo...

La Réforme orthodoxe est la première analyse sociohistorique complète du processus centenaire de rénovation conservatrice de l’Église orthodoxe grecque, un processus qui a vu le passage à une religion « moderne », l’innovation religieuse et l’activisme social rimer avec l’affirmation de l’intolérance sur les plans religieux et politique. S’appuyant sur des recherches approfondies dans les archives publiques et religieuses de Grèce, de France et du Vatican, ainsi que sur un éventail impressionnant de pamphlets et de périodiques publiés tout autour de la Méditerranée orientale, l’ouvrage brosse un tableau sans précédent de ce que l’on peut appeler la composante grecque-orthodoxe de la confessionnalisation ottomane tardive. Remettant en question les récits d’un lien ininterrompu entre une Église orthodoxe immuable ancrée dans la tradition et un État national grec pratiquant l’intolérance religieuse depuis sa fondation, ce livre soutient que la configuration politico-religieuse actuelle de la Grèce est le produit des transformations majeures survenues pendant l’entre-deux-guerres, lorsque le zèle des activistes orthodoxes de Grèce et de l’Empire ottoman a profité de la crise sociale et nationale dramatique qui a suivi la Katastrophi de 1922 pour finalement donner l’impulsion à ce que l’on peut appeler à juste titre la version orthodoxe de la réforme et inaugurer une modernité grecque-orthodoxe. The Orthodox Reform is the first comprehensive sociohistorical account of the century-long process of the conservative renovation of the Greek orthodox church, a process that saw the passage to a “modern” religion, religious innovation and social activism come to rime with intolerance on both the religious and political fields. Based on extensive research in public and religious archives of Greece, France and the Vatican as well as an impressive array of pamphlets and periodicals published all around the Eastern Mediterranean, it paints an unprecedented picture of what can be called the Greek-orthodox component of late ottoman confessionalization. Challenging the narratives of an uninterrupted link between an immutable orthodox Church entrenched in tradition and a Greek national state practising religious intolerance ever since its foundation, it argues that the current religious-political configuration in Greece is the product of the major transformations occurring during the Interwar when the zeal of orthodox activists from Greece and the Ottoman empire took advantage of the unparalleled social and national crisis following the 1922 Katastrophi to finally impulse what can be justly called the orthodox version of Reform and usher in a Greek-orthodox modernity.

L’élection de l’archimandrite Chrysostome Papadopoulos au poste d’archevêque d’Athènes introduisit la dernière phase, celle où l’Église de Grèce s’est transformée radicalement et a pris la forme qu’elle garde en grande partie encore aujourd’hui. L’élection de Chrysostome ne fut pas la victoire d’un camp politique. Malgré ses affinités avec le vénizélisme, Chrysostome n’était pas le choix des vénizélistes et en particulier des protagonistes de la révolution de 1922. En effet, ces derniers avai...

Un débat actuel, une considération inactuelle Mais le besoin des intellectuels, que ceux-ci soient littéraires, universitaires-aristocratiques ou intellectuels de café, de ne pas négliger les sentiments « religieux » dans leur inventaire des sources de sensations et de sujets de discussion, le besoin des écrivains de composer des livres sur ces problèmes intéressants et le besoin encore plus efficace d’éditeurs astucieux de vendre de pareils livres, tous ces éléments conjugués peuvent donner ...

Admettons donc que les crises sont une condition préalable et nécessaire de l’apparition de nouvelles théories et demandons-nous maintenant comment les scientifiques réagissent en leur présence. Une partie, aussi évidente qu’importante, de la réponse, est de remarquer d’abord ce que les scientifiques ne font pas, même en face d’anomalies graves et durables. Bien qu’ils commencent peut-être à perdre leurs convictions et à envisager d’autres théories, ils ne renoncent pas au paradigme qui les a...

Les Français ont fait en 1789 le plus grand effort auquel se soit jamais livré aucun peuple, afin de couper pour ainsi dire en deux leur destinée, et de séparer par un abîme ce qu’ils avaient été jusque-là de ce qu’ils voulaient être désormais [...]J’avais toujours pensé qu’ils avaient beaucoup moins réussi dans cette singulière entreprise que l’on ne l’avait cru au-dehors et qu’ils ne l’avaient cru d’abord eux-mêmes. J’étais convaincu qu’à leur insu ils avaient retenu de l’ancien régime la p...

The first and the most traditional use corresponds to a concept of political science. Bureaucracy is government by bureaus. In other words, it is government by departments of the state staffed by appointed and not elected functionaries, organized hierarchically, and dependent on a sovereign authority. Bureaucratic power, in this sense implies the reign of law and order, but at the same time, government without the participation of the governed. The second usage originates with Max Weber and h...

We can, therefore, trace the “rise” of the holy man back into the narrow exigencies of the village-communities of the eastern Mediterranean. Yet, we can never simply reduce the holy man to the role of a charismatic Ombudsman in a tension-ridden countryside. There were elements in his power that stretched far beyond a village setting: he played a role that was applicable to urban conditions; his person summed up widespread ideals, common to Byzantine culture as a whole in town and country alik...

Je m’étais aperçu que ce sentiment qu’on disait très ancien et plutôt menacé par la modernité était en réalité récent et lié à une étape décisive de cette modernité. Je me demandais donc s’il ne fallait pas généraliser, si nous n’avions pas gardé encore, au xixe et au début du xxe siècle, l’habitude d’attribuer des origines lointaines à des phénomènes collectifs et mentaux en réalité très nouveaux, ce qui reviendrait à reconnaître à cette époque de progrès scientifique la capacité de créer de...

Το φοβερό είναι ότι όλοι εκείνοι οι ξεσπιτωµένοι άρρωστοι του Τολέδου ήρθαν στην ΕλλάδαΣακάτηδες και τρελοί, όλοι µαζί, και τριγυρνούν στους δρόµους.Και πως θα τους µαζέψουµε µε τόση προσφυγιά ; (Ce qui est terrible, c’est que tous ces malades délogés de Tolède sont venus en Grèce.Les estropiés aussi bien que les fous, tous ensemble, et ils se promènent dans les rues.Et comment allons-nous les recueillir avec tous ces réfugiés ?) Yorghos Seferis, Εξι νύχτες στην Ακρόπολη, Athènes, Ermis, 1974...

Les quatre textes ont en commun de présenter certaines évolutions récentes de l’histoire politique en Allemagne. Ils prennent tous position face à trois tournants historiographiques. La notion d’histoire culturelle du politique peut servir d’emblème au premier de ces tournants : le politique est envisagé non plus comme une succession d’événements ni comme le fruit de déterminations structurelles dont il serait la superstructure ou l’écume, mais comme l’expression de valeurs et de procédures o...

Den vier Texten ist gemeinsam, daß sie einige jüngere Entwicklungen der Politikgeschichte in Deutschland repräsentieren. Alle beziehen gegenüber einem dreifachen Kurswechsel in der Geschichtsschreibung Stellung. Für den ersten Kurswechsel ist der Begriff Kulturgeschichte des Politischen emblematisch: Politik wird nicht mehr als Abfolge von Ereignissen noch auch als Resultat struktureller Determinierungen gesehen, deren Überbau oder Schaumkrone sie bildete, sondern als Ausdruck von Werten und ...