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The classical theory of democracy starts from a model where good sense and common sense play a major role, as the notions of the “impartial spectator" (Adam Smith) or the “general will” (Jean-Jacques Rousseau) show, among others. These notions are indispensable to explain many social and political phenomend of our time: phenomena of political consensus on given issues or of short, mid and long-term moral, political, institutional and social evoltion.

On peut rendre l’evolution des normes, des valeurs et des institutions plus intelligible en synthetisant quelques intuitions fondamentales de Tocqueville, de Durkheim et de Max Weber. Elles permettent de proposer une theorie de l’evolution morale qui echappe aux difficultes des theories d’inspiration culturaliste et des theories evolutionnistes d’inspiration neo-darwinienne. La conception de la rationalite qu’elles vehiculent, notamment a travers la distinction proposee par Weber entre « rationalite axiologique » et « rationalite instrumentale », est un element crucial de cette theorie. La theorie permet de rendre compte de diverses donnees macroscopiques d’ordre qualitatif et de donnees issues des enquetes quantitatives. Elle clarifie les discussions contemporaines relatives au « choc des civilisations » ou au devenir de la diversite culturelle.

ReSUMe. — Selon Durkheim, l’abstraction est une demarche naturelle a toute science, mais il y a une bonne et une mauvaise abstraction. La mauvaise se caracterise notamment par l’utilisation d’ « etres de raison », a savoir des concepts dont on n’est pas sur qu’ils correspondent a une realite. Tocqueville et Weber partagent cette idee essentielle avec Durkheim. Leurs explications se sont imposees parce qu’elles evitent soigneusement les « etres de raison ». Ce n’est pas toujours le cas des sciences sociales contemporaines. Sociologues, anthropologues et psychosociologues les utilisent au contraire genereusement. Pourtant, on obtient des explications scientifiquement beaucoup plus convaincantes en les eliminant, ce qu’on peut souvent faire en recourant aux ressources de la « psychologie rationnelle » au sens de Nisbet : celle qui se conforme au postulat weberien de la « comprehension ». L’abus que les sciences sociales font des « etres de raison » est du a ce que, sous l’influence de mouvements de pensee importants, elles temoignent couramment d’une vision causaliste de la psychologie de l’acteur social. En empruntant a ces mouvements les sciences sociales esperaient se consolider. Elles en ont ete au contraire fragilisees.

Je n'ai qu'une seule excuse pour évoquer Alexis de Tocqueville devant d'éminents spécialistes de cette grande figure de la pensée. Et cette excuse est bien fragile, car subjective: à savoir que Tocqueville est l'un des trois auteurs généralement répertoriés dans les histoires des sciences sociales qui m'ont donné un choc intellectuel, que j'ai lus et relus avec une admiration croissante, avec le sentiment de m'instruire un peu plus à chaque lecture, les deux autres étant Max Weber et Émile Durkheim.

Auch wenn Alexis de Tocqueville einen geringeren Einfluss auf das franzosische Denken des 19. Jahrhunderts ausgeubt hat als Francois Guizot oder Auguste Comte, so ist er uns dennoch naher. Sein Werk stellt nicht nur einen Eckpfeiler der Ideengeschichte dar, es ermoglicht uns vielmehr ein besseres Verstandnis moderner Gesellschaften — insbesondere der franzosischen. Seine grose Originalitat, derer er sich vollkommen bewusst war, beruht zu grosen eilen auf seiner Methodologie. Seine "neue politische Wissenschaft“ ist durch funf Charakteristika ekennzeichnet: Erstens beruht sie auf dem Prinzip der Wertfreiheit; zweitens ist ihr Ziel die Erklarung der sozio-politischen Phanomene mit Hilfe einer allgemein-wissenschaftlichen Vorgehensweise; drittens schreibt sie der vergleichenden Vorgehensweise eine strategische Rolle zu; viertens sieht sie ihre Aufgabe in der Suche nach konditionalen Gesetzen, wobei diese als Resultate individueller Verhaltensweisen im Sinne Webers interpretiert werden und charakteristische gesellschaftliche Prozesse aufzeigen sollen; funftens schlieslich definiert sie den Begriff der „guten Theorie“ ausgehend von Kriterien, die in der Erkenntnistheorie auch noch heute allgemein anerkannt sind. Die Modernitat der Tocqueville’schen Methodologie erklart die Starke seiner Analysen im zweitenBand von Uber die Demokratie in Amerika sowie in Der alte Staat und die Revolution, den beiden Werken, die hier vor allem Berucksichtigung finden werden. Seine Methodologie erlaubt es Tocqueville, kontinuierlich wirkende, grundlegende Tendenzen der modernen, insbesondere der franzosischen Gesellschaft zu identifizieren. Daher ruhrt der Eindruck zeitloser Jugend, den Tocquevilles Werk vermittelt.

The article considers two forms of relativism: cognitive and cultural. It is critical of the impact of ‘the new sociology of science’ which in the hands of Paul Feyerabend and others exaggerated the claims of Thomas Kuhn’s theory of scientific change. The article argues that a distinction between scientific and nonscientific arguments can be, and must be, sustained. Secondly, cultural relativism is also considered and criticized. The article considers the legacy of Montaigne, Hume and Weber on modern, primarily anthropological, theories of cultural relativism. Anthropologists are fond of demonstrating that, for example, Western indignation over genital mutilation is only or merely the consequence of socialization into a particular culture. It is argued that, while some rituals may be necessary to inculcate young people into a community, there are rational grounds for rejecting mutilation where alternative rituals would be equally effective. The article therefore rejects both cognitive and cultural relativism as resting on exaggerated or hyberbolic versions of the sceptical consequences of the critical rationalism of Montaigne, Hume and Weber

ReSUMe. — Les sentiments moraux representent un sujet essentiel de la sociologie classique, comme le montrent les œuvres de Max Weber et de Durkheim. Ce sujet a largement disparu des courants dominants de la sociologie actuelle. On propose ici une theorie « judicatoire » des sentiments moraux, selon le qualificatif attribue par Max Scheler a la theorie d’Adam Smith. Selon Smith, les sentiments moraux sont indissociablement lies a des jugements moraux, lesquels sont la conclusion d’un systeme d’arguments plus ou moins implicitement present selon les cas a l’esprit de l’individu. Smith a esquisse une theorie qui permet de prendre en compte la variabilite des sentiments moraux : une difficulte insurmontable pour les theories contractualistes, rationalistes ou intuitionnistes des sentiments moraux. L’efficacite de cette theorie pour la recherche sociologique empirique est illustree par plusieurs exemples. Les systemes d’arguments qui fondent les jugements moraux dans l’esprit des individus comportent des enonces empiriques, des propositions decisionnelles et des principes. La question est alors de rendre compte de ce qui fonde la credibilite des principes. Max Weber a propose une esquisse de reponse a cette question : ces principes sont des idees regulatrices floues dont le contenu se precise sous l’effet d’un processus de « rationalisation diffuse ». La theorie judicatoire proposee ici resume et synthetise plusieurs contributions eparses de l’auteur ou celui-ci a tente d’elaborer ces intuitions d’Adam Smith et de Max Weber et de montrer qu’elles pouvaient s’appliquer a la fois a la recherche sociologique theorique et a la recherche sociologique empirique en matiere de sentiments moraux.

Dans un bel article, Philippe Besnard (2000) m’a fait comprendre fort courtoisement que rien dans Le suicide ne permet de soutenir l’interprétation que j’ai proposée de l’analyse présentée par Durkheim de la corrélation entre cycles économiques et taux de suicide. Je me suis souvent demandé quels principes régissaient l’interprétation des textes. À première vue, le cas des textes scientifiques paraît plus simple que celui des textes littéraires. Mais, à tout prendre, je n’en suis pas si sûr e...

▪ Abstract Skepticism toward sociology has grown over recent years. The attention granted to rational choice theory (RCT) is, to a large extent, a reaction against this situation. Without doubt, RCT is a productive instrument, but it fails signally in explaining positive nontrivial beliefs as well as normative nonconsequential beliefs. RCT's failures are due to its move to use too narrow a definition of rationality. A model can be developed that combines the advantages of the RCT (mainly providing self-sufficient explanations), without falling victim to its shortcomings. This model is implicitly used in classical and modern sociological works that are considered to be illuminating and valid.

Social science has in the past granted much credence to two forms of relativism: cognitive relativism and cultural relativism. These two forms constitute the major components of postmodernism. Why do we believe so easily the arguments put forward by both cognitive and cultural relativism? Suspect arguments are often hyperbolical versions of valid ideas. Cognitive relativism rests on the efforts made, from the work of the Vienna Circle to that of Popper, to identify general criteria by which to differentiate between science and non-science. It also rests on sound studies of the history of science by scholars such as Kuhn. Cognitive relativism is based on hyperbolical conclusions drawn from these two sources; we are not, however, obliged to accept these conclusions. Cultural relativism is legitimated most notably by theories elaborated by certain sociologists and anthropologists on the basis of sound ideas borrowed from Montaigne, Hume and Max Weber. Again, they have drawn hyperbolical conclusions from them that we are not compelled to accept. The influence of the theories that legitimate the two forms of relativism is also due to them having been launched on the ‘market of ideas' at an historical conjuncture when they were perceived by various publics as ‘useful’ (in Pareto's sense of the word).

The social sciences have contributed a great deal to make credible two types of relativism: cognitive and cultural relativism. They constitute basic ingredients of postmodernism. Why are they held as credible? Doubtful ideas are often hyperbolic versions of true ideas. Cognitive relativism is grounded on the failure of the objective followed by the Vienna Circle and by Popper: identifying the demarcation line between science and non science and on the work of post-Popperian philosophers of science, as Kuhn. Cognitive relativism draws hyperbolic conclusions from these two sources. Cultural relativism has been legitimated by hyperbolic conclusions extracted notably from core ideas drawn from Montaigne, Hume and Max Weber. The influence of these hyperbolic conclusions is also due to the fact that they have been introduced in the market in a conjuncture where they have been perceived by various audiences as “useful” in Pareto’s sense. Once this deconstruction is made, the two forms of relativism appear as less solidly grounded than they look and as less credible than postmodernists notably believe.

La notion de " rationalité axiologique " est souvent mal comprise. Elle peut être interprétée pourtant comme l'esquisse d'une théorie des sentiments normatifs ayant un domaine de validité beaucoup plus large que des théories alternatives. Cette théorie se distingue des théories culturalistes et naturalistes et aussi des théories rationnelles des normes comme les théories d'inspi- ration fonctionnaliste ou les théories issues des diverses branches de la tradition utilitariste. Elle évite le réductionnisme des premières et résout les paradoxes auxquels se heurtent les secondes, comme le paradoxe du vote ou le paradoxe du vol. Elle permet d'expliquer toutes sortes de phénomènes normatifs que ces théories en vigueur ne permettent pas facilement d'expliquer, qu'il s'agisse de phénomènes massifs, comme la valorisation universellement positive ou négative de certains comportements, ou de données particulières tirées d'enquêtes sociologiques. La cause de la faiblesse des théories rationnelles classiques des normes peut être facilement cernée. Elle réside dans le fait qu'elles assimilent rationalité et rationalité instrumentale. Or la notion même de " rationalité axiologique " indique qu'on ne peut rendre compte des phénomènes normatifs à l'aide de la seule rationalité instrumentale. La conception étroite de la rationalité à laquelle conduit son assimilation à la ratio- nalité instrumentale explique en partie l'abus des explications irrationnelles des sentiments normatifs., The notion of "axiological rationality" is often misundertood. It can however be interpreted as an outline for a theory of normative feelings which has a much broader validity than alternative theories. This theory can be distinguished from culturalistic and naturalistic theories, as well as from rationalistic theories of norms, such as those of functional inspiration, or theories originating in various branches of the utilitarian tradition. It avoids the reductionism of the former and resolves the paradoxes which the latter fall prey to, such as the voting paradox or the paradox of robbery. It makes possible the explanation of all kinds of normative phenomena which these currently held theories can not easily account for, be they mass phenomena, such as the assigning of value either universally positive or negative to certain behaviors, or individual data from sociological surveys. The cause of the weakness of classical rationalistic theories on norms can be easily identified. It resides in the fact that they assimilate rationality and instrumental rationality, whereas the very notion of "axiological rationality" indicates that normative phenomena can be accounted for by means of instrumental rationality alone. The narrow conception of rationality which has resulted from its assimilation to instrumental rationality explains in part the abuse that has been made of irrational explanations of normative feelings., La noción de "racionalidad axiológica" es con frecuencia mal comprendida. Ella puede ser interpretada sin embargo como bosquejando una teoría de los sentimientos normativos que tienen un campo de validez mucho más amplio que las teorías alternativas. Esta teoría se distingue de las teorías naturalistas y culturalistas, pero también de las teorías racionales de las normas como las teorías de inspiración funcionalista o las teorías que provienen de las diversas ramas de la tradición utilitarista. Ella evita el reduccionismo de las primeras y resuelve las paradojas a las cuales se topan las segundas, como la paradoja del voto o del robo. 4. Je me contente de relever ici un parallèle qu'il faudrait développer longuement : ces théories normatives que j'évoque ici sont composées de propositions conséquentialistes et de propositions non conséquentialistes, exactement comme les théories scientifiques se composent de propositions non empiriques et de propositions empiriques. Mais, de même que l'épistémologie est le plus souvent empiriste et manque de voir qu'une théorie scientifique n'est pas bonne seulement parce qu'elle est congruente avec l'observation, de même la sociologie des valeurs manque de voir que les théories qui inspirent les comportements d'évaluation ne sont pas exclusivement composées de propositions conséquentialistes. Voir Boudon (1998, p. 96 et suiv., et 1999). Ella permite explicar toda clase de fenómenos normativos que las teorías en vigor no permiten facilmente de explicar, que se trate de fenómenos masivos, como la valorización universalemente positiva o negativa de ciertos comportamientos, o de los datos particulares extraídos de investigaciones sociológicas. La causa de la fragilidad de las teorías racionales clásicas de las normas puede ser fácilmente identificada. Ella reside en el hecho que ellas asimilan racionalidad con racionalidad instrumental. Ahora bien, la noción misma de "racionalidad axiológica" indica que no se puede dar cuenta de fenómenos normativos con la sola ayuda de la racionalidad instrumental. La concepción estrecha de la racionalidad a la cual conduce su asimilación con la racionalidad instrumental explica parcialmente el abuso de las explicaciones racionales de los sentimientos normativos.

G. Becker avance que le modele de l’utilite esperee (MUE) est le plus efficace que les sciences sociales puissent utiliser. La raison principale de son importance est qu’il engendre des explications autosuffisantes. Mais il est impuissant a expliquer de nombreux phenomenes sociaux. La raison en est que les actions s’appuient couramment sur des croyances non triviales dont il faut rendre compte des lors qu’on vise une explication autosuffisante. Or on croit couramment que faire quelque chose est bon, juste, vrai, legitime, etc. sur la base de raisons non instrumentales. La rationalite ne doit donc pas etre concue comme etant de caractere exclusivement instrumental. Smith et Weber parmi d’autres ont repere ce point et esquisse un modele qui repose sur une definition generale de la rationalite (MRG) et conserve la propriete d’autosuffisance du MUE tout en eliminant les sources de ses limitations. Plusieurs exemples d’application de ce modele sont presentes.

On peul déceler trois types fondamentaux d'homo sociologicus, conduisant à des sociologies plus ou moins accueillantes à l'égard de la statistique. Les deux premiers types introduisent une vision déterministe de l'homme, même si ce déterminisme est conçu comme probabiliste. Dans le premier cas, on recherche les explications des comportements sociaux dans l'environnement, le plus souvent à l'aide de données et de méthodes statistiques. Dans le second, ce sont plutôt les structures sociales globales qui sont invoquées comme causes; ceci conduit en général à une réticence par rapport aux statistiques. Enfin, un troisième type de modèle donne une place centrale aux notions d'action, de choix, de décision, tout en ne niant pas que leur exercice est soumis à des contraintes; dans ce contexte, les statistiques sont considérées comme un instrument utile de description, qui doit être dépassé par une analyse de l'agrégation des actions. L'auteur illustre ces trois types de modèles à l'aide de nombreux exemples, souvent tirés des recherches sur la mobilité sociale., One can discern three fundamental types of homo sociologicus, leading to socioligical practices more or less welcoming to the use of statistics. The first two types introduce a deterministic vision of man, even when this determinism is seen as probabilistic. In the first case, explanations of social behaviour are sought in the environment, mostly with the help of statistical data and methods. In the second case, it is rather global social structures which are called upon as causes; this generally leads to a reticence with regard to the use of statistics. Finally, a third model holds as central the notions of action, choice, decision, while not ignoring that their exercise is subject to constraints; in this context, statistics are considered a useful instrument of description, which has to be supplemented by an anlysis of the agrégation of actions. The author illustrates these three types of models with numerous examples, often drawn from research on social mobility., Se pueden descubrir tres tipos fundamentales de " homo sociologicus ", que conducen a sociologías más o menos acogedoras con respecto a la estadística. Los dos primeros tipos intruducen una visión determinista del hombre, aún cuando ese déterminisme sea concebido como probabilistic. En el primer caso, a menudo se buscan explicaciones de comportamientos sociales en el medio ambiente, con la ayuda de datos y de métodos estadísticos. En el segundo, son más bien las estructuras sociales globales que son invocadas como causas; esto conduce en general a una reticencia en relación a las estadísticas. En fin, un tercer tipo de modelo da un lugar central a las nociones de acción, de elección, de decisión, sin negar que su uttización esta limitada; en este contexto, las estadísticas son consideradas como un instrumento útil de descripción, que debe ser depasado por un análisis de agregación de las acciones. El autor ilustra estos tres tipos de modelo con la ayuda de numerosos ejemplos sacados de investigaciones sobre mobilidad social.

The diversity of sociology can be captured with the help of four ideal types. First is cameral or informative sociology: that which produces data and analyses oriented towards decision-makers. Second is critical sociology, which identifies the defects of society and proposes remedies for them. Third is sociology which aims to arouse emotions by describing social phenomena in a vivid fashion: it can be characterized as expressive. A fourth type, the cognitive type, sees the explanation of puzzling social phenomena as its objective. The four orientations characterize contemporary as well as classical sociology but are not equally valuable. Tocqueville, Weber, or Durkheim illustrate the fourth type, but various factors today have caused the other three to expand at its expense. As a consequence of this diversity within sociology and the trend away from the cognitive type, scepticism about the discipline has grown in recent years

La communauté scientifique des sociologues devrait être reconnaissante à H. Mendras pour son petit livre, puisqu’il célèbre l’équipée collective des refondateurs de la sociologie française de l’après-guerre. Il n’est pas le premier. Déjà dans les années 1980, un américain, Ch. Lemert, avait remarqué qu’elle constituait un mouvement d’idées original. Mais alors que Lemert s’en tient à la sociologie française des années 60-70, Mendras remonte à la première vague des pionniers de l’après-guerre,...

ReSUMe. — L’un des traits les plus frappants des ecrits de Weber sur la religion, c’est la frequence avec laquelle il emploie le mot rationalite. Cela resulte de son adhesion a la metatheorie fondant la methode comprehensive. Elle pose que le sens pour un individu de ses croyances doit etre interprete comme en etant la cause principale. La sociologie de la religion de Weber doit sa force a ce cadre theorique. Sa conception « rationnelle » des croyances religieuses n’implique pas que les croyances soient le produit du raisonnement. Mais, si elles sont transmises par la socialisation, elles doivent apparaitre au sujet comme fondees pour etre acceptees. Ces principes inspirent les pages de Weber sur la magie, l’animisme, les grandes religions, la diffusion du monotheisme, la theodicee ou le desenchantement du monde. Il y montre que la pensee religieuse est soucieuse de coherence, attentive a la verification et a la falsification du dogme par le reel. Il y developpe un evolutionnisme complexe, expliquant les irreversibilites dont temoigne l’histoire des religions, mais evitant tout fatalisme. Il ecarte toute psychologie des profondeurs et toute psychologie causaliste, la psychologie rationnelle etant la seule compatible avec la notion de « comprehension ». Il analyse l’evolution des idees religieuses en supposant qu’elle obeit aux memes mecanismes que l’evolution des idees juridiques, economiques ou scientifiques.

Homo sociologicus and homo oeconomicus are, for different reasons, unsatisfactory models for the social sciences. A third model, called “rational model in the broad sense”, seems better endowed to cope with the many different expressions of rationality of the social agent. Some contributions by Weber, Durkheim and Marx are early examples of the application of this model of social explanation based on good subjective reasons. According to this model and to the evidence of cognitive anthropology, it is possible to reconcile primitive thinking with the inferential principles of Western people. Lastly, cognitive psychology can contribute to the discovery of generalizations of reason-based choices that can strengthen the explanatory power of “rational model in the broad sense”.

Although we no longer live in an era of strong ideologies, we currently observe a host of local ideologies: on all kinds of subjects people believe in false, fragile and sometimes socially and politically dangerous ideas. Should they, however, be considered as a normal ingredient of political life? How are they to be explained? False beliefs have always been an important topic in the human sciences. Three main types of classical theories can be identified on this subject. Herbert Simon is known for having created a ‘satisficing’ theory of decision, where he proposed to substitute ‘satisficing’ or, as we would rather say, satisfying, for optimizing. It is argued here that the local ideologies that permeate political life as well as the false and fragile beliefs that permeate ordinary life should be analyzed along the same lines. The theory explains the ‘biases’ discovered by cognitive psychologists, it solves the difficult problem of explaining magical beliefs; it explains the many strange collect...

L'A. se demande si la theorie du choix rationnel possede une validite generale. Il rappelle que pour Weber et Tocqueville les raisons qui poussent un individu a agir d'une certaine maniere sont bien les causes de cette action. Il precise, dans le meme temps, que pour ces deux auteurs, ces raisons dependent de la situation de l'acteur. Il montre comment Alexis de Tocqueville, dans ses analyses de l'Ancien Regime francais, a utilise un modele qui met en exergue la rationalite des acteurs. Il examine la notion de rationalite cognitive et la notion weberienne de rationalite axiologique.

Many important social scientific theories develop a culturalist view of norms and values. Their proponents consider values and norms as cultural features that are endorsed or rejected by social actors because they have been socialized to them. Against these influential traditions, which all dissolve the reality of moral feelings and make them the effect of highly conjectural psychological or social forces, a naturalistic reaction inspired notably by sociobiology has appeared. Its growing influence is due to the fact that its criticisms of culturalist theories are solidly grounded. However, the naturalist response is also exposed to serious criticism. An alternative solution is proposed here: moral convictions are established in the same way as cognitive convictions, i.e. that the source of moral convictions lies in strong reasons. This can be illustrated by empirical examples. The cognitivist theory of moral feelings proposed here is not contradicted by the fact that moral convictions change over time, but can explain this change more easily than other theories. Furthermore, it clarifies the question as to the nature of the moral constraints that made Durkheim uncomfortable. This theory has a special relevance in today's world where `community' seems to become the ultimate moral referent. Clearly, the positive value ascribed to the idea of community is on a par with the fact that culturalism is so popular today.

Recently, two French doctors were convicted in a trial dealing with the transfusion of blood contaminated by the AIDS virus. A petition was signed all over the world by numerous doctors and scientists, including 30 Nobel Prize winners, making the point that the trial had been unfair and requiring that the French President use his prerogative of presidential pardon, which can effectively be applied in this case, to release the doctors from jail. A strong majority disapproved of the proposal. Influential members of the government had already made clear they would not recommend a pardon. This is an example of current `collective beliefs', which the social sciences should be able to explain. The example is taken because the `collective belief' appears here as unusually strong. Can the `rational-choice model' explain this social fact satisfactorily? Can the classical sociological `internalization of norms' model explain it? It is contended that none of them can explain the case as it is. If so, there are many important facts which cannot easily be explained by these two current models. From this example, a model is sketched, the `cognitive model', of which the rational-choice model turns out to be a particular case.

Depuis une trentaine d'années on voit apparaître dans la philosophie de la science une tendance à déclarer que, contrairement à une hypothèse traditionnelle, les sciences exactes sont incapables de déboucher sur des théories auxquelles on pourrait conférer les attributs de «vrai» ou d'«objectif». Ainsi, les théories scientifiques ne seraient pas plus objectives que les dogmes religieux, par exemple.

Why do people feel that some action, institution or state of affairs is fair, legitimate or good, or not? Explaining these feelings means finding out their causes. According to the cognitive approach to morality this amounts to disentangling the reasons as to why people feel so. Durkheim, Max Weber, and many classical and modern social scientists use this approach in their analyses of moral feelings. But it remains in most cases implicit. Weber makes nowhere explicit his notion of axiological rationality. The aim of this chapter is to make this notion analytical and to extend it into a theory of moral feelings. Examples from various sociological chapters, as the moral feelings aroused by inequalities, by political or economic institutions or by current moral practices and values, illustrate the explanatory power of this approach. They suggest that the theory is a powerful tool to explain the development of collective consensus on various issues and also the long- and middle-term changes in moral feelings. The theory avoids the flaw of making moral feelings a mere emanation of socio-cultural contexts or alternatively of a contextual processes. It overcomes the opposition individuals society. It provides a tool to explain the moral feelings observed in the past and in other social contexts and thus to fight prejudice, to understand and even to predict change in moral feelings.