Comment renouveler l’étude de l’institution électorale en situation coloniale ? Cet article propose une synthèse et un programme de recherche à propos du vote dans les empires coloniaux européens, aux XIXe et XXe siècles. Pour cela, il se base sur une revue de la littérature en socio-histoire du vote et en histoire coloniale, ainsi que sur une étude du cas sénégalais. Il défend la nécessité de se départir d’une seule histoire de la mondialisation du scrutin secret pour tendre vers une histoire plus polycentrée du vote et de l’élection, invitant à exhumer des formes de vote habituellement négligées pour mettre au cœur de l’analyse la question de la superposition de formes électorales qui ont caractérisé les espaces colonisés. Il montre qu’une telle perspective est en mesure d’enrichir la compréhension des mécanismes de domination en situation coloniale, d’aider à approfondir le travail d’identification des électorats coloniaux et d’affiner l’analyse des héritages institutionnels coloniaux en matière électorale., How can one renew the study of the electoral institution in a colonial situation? This paper offers a synthesis and a research programme on voting in the European colonial empires of the 19th and 20th centuries. It is based on a review of the literature on the social history of voting and on colonial history, as well as on a study of the Senegalese case. It stresses the need to move away from a single history of the globalisation of the secret ballot towards a more polycentric history of voting and elections. To this end, it invites to uncover forms of voting that are usually neglected in order to focus on the question of the superposition of electoral forms that have characterised colonised spaces. It shows that such a perspective can enrich the understanding of the mechanisms of domination in colonial situations, to help deepen the work of identifying colonial electorates and to refine the analysis of colonial institutional legacies in electoral matters.