L'ortie dioïque, Urtica dioïca, est une plante vivace de réputation très ancienne en France. Elle appartient à la famille des Urticacées, famille qui regroupe 5 tribus et de nombreuses espèces (environ 550). La tribu des Urérées ou Urticées est la seule qui se caractérise par la présence de poils urticants. Ces poils urticants font que cette plante est très bien connue du public et plus particulièrement des enfants qui se frottent à elle souvent en jouant aux bords des sentiers et des décombres. L'ortie dioïque est la plante la plus importante de la tribu, la distinction avec les autres espèces (U. urens, U. membranacea, U. pilulifèra) se fait par les fleurs. Les parties aériennes sont utilisées depuis toujours dans différents domaines : en usage interne comme hémostatique, hypoglycémiant, cholagogue, antirhumatismal, antigoutteux et en usage externe comme révulsif. Mais la plupart de ces indications sont plus basées sur des utilisations traditionnelles et non sur des études pharmacologiques et cliniques approfondies. De nos jours, l'ortie est toujours traditionnellement utilisée en thérapeutique pour ses activités antirhumatismales, duirétiques et dermatologiques. Notre étude porte essentiellement sur les racines d'Urtica dioïca. L'Avis aux Fabricants 90-22 bis concernant les demandes d'autorisation de mise sur le marché des médicaments à base de plante lui reconnait une utilisation dans le traitement des troubles liés à l'adénome prostatique. La composition chimique de la racine a été étudiée. Des chercheurs, en particulier, allemands ont identifié des stérols, phénols, lignanes, polysaccharides et lectines. Ils ont fait d'un extrait méthanolique une préparation standardisée sous le nom d'ERU. Actuellement, une spécialité pharmaceutique à base d'ERU est commercialisée en Allemagne et en Suisse pour le traitement de l'adénome prostatique. Pour expliquer cette actualité, les études pharmacologiques menées jusqu'alors montre que l'ERU bloque la capacité de liaison des androgènes à la SHBG dans le sérum et la liaison des androgènes aux récepteurs cytosoliques du tissu prostatique. Les lectines et le polysaccharide jouent un rôle dans l'activité antioedémateuse liée au prostatisme. Ils bloqueraient la synthèse des prostaglandines en se combinant à certaines populations de lymphocytes T et en activant le complexe T3-Ti. Au terme de cette étude, nous constatons que les premières études cliniques réalisées avec l'ERU pour le traitement de l'adénome prostatique de degré I et II donnent des résultats satisfaisants. Les résultats de l'évaluation des signes objectifs (volume prostatique, résidu vésical post mictionnel et débit) montrent une supériorité statistiquement significative de l'ERU par rapport au placebo et aux autres thérapeutiques (TADENAN®, PERMIX ON®). Au niveau histologique, les résultats montrent des modifications cytomorphologiques (dilatation du noyau, dispersion de la chromatine, vacuolisation, gonflement hydropique) allant dans le sens d'une réduction de l'activité des cellules glandulaires. La racine d'Urtica dioïca est un agent thérapeutique intéressant qui nécessite des études pharmacologiques (cinétique et dynamique) plus poussées. Elle ouvre une voie de recherche intéressante pour les fondamentalistes et les cliniciens.