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À partir de 1890, le développement du tourisme curatif entraîne la construction de nombreux sanatoriums. Les architectes recherchent alors un type de bâtiment particulièrement adapté aux besoins des patient·es atteint·es de la tuberculose : un plan rationnel, des façades sobres… L’hygiène et l’air sont au cœur des réflexions. La découverte d'un remède en 1943 met fin au développement de cette typologie architecturale. Les sanatoriums sont alors pour la plupart soit abandonnés, soit transformés en hôtels de luxe. De nos jours, en période post-pandémique, les problèmes de santé mentale et physique augmentent et certains besoins liés à l’habitat changent. On observe une tendance à vouloir vivre à la campagne et un désir de se reconnecter avec son environnement et la nature. La réhabilitation du preventorium Le Rosaire aux Sciernes d’Albeuve (Fribourg) permettrait, selon certains principes de la géobiologie, une autre appréhension de la santé en reconsidérant le rapport à la nature. Ainsi, le projet adapte les infrastructures héritées du sanatorium aux problématiques de santé contemporaines. En effet, le recours à la géobiologie comme outil de conception a pour but d'améliorer les qualités du bâtiment existant et de procurer un sentiment de bien-être aux résident·es. Le projet encourage les habitant·es du Rosaire à devenir protagoniste de leur processus de guérison. Le preventorium se transforme ainsi en un lieu de vie où l’on partage les espaces, les ressources ou encore certaines tâches ménagères. Cet espace sensible cherche à fournir aide et repos aux plus fragilisé·es par le biais de ses caractéristiques architecturales et des principes de la vie en communauté.

Comme d’autres villages de la Valle di Blenio, Lottigna présente un caractère particulier, où l’architecture traditionnelle en pierre et bois contraste avec les villas bourgeoises construites au tournant des XIXe et XXe siècles. L’histoire passée ainsi que l’évolution de la société et de la culture de la région sont donc lisibles à travers les couches architecturales présentes dans les différents villages. Mais la société évolue, constamment, et l’espace disponible dans le territoire est de plus en plus limité. Par conséquent, comment ajouter une nouvelle couche, qui tout ensemble s’insère dans le contexte mixte existant et y prend sa force ? Comment relier toutes ces couches ? Ou encore, comment valoriser les jardins des villas bourgeoises, tout en leur conférant une valeur fonctionnelle ? Si son but final est de créer un complexe pour jeunes en difficulté composé d’espaces de vie et de soin différents, le projet répond aussi à ces questions en suivant une logique éclectique. Une logique qui est celle de l’évolution que le village a connue dans les siècles passés et qui ne se limite pas à la forme, mais s’adapte à la fonction et aux contraintes du site, pour donner lieu à une architecture qui réponde aux besoins et favorise le parcours de soin.

Une majorité de spécialistes s'accorde à dire que les soins palliatifs (1) prodigués à domicile par des équipes mobiles constituent la solution la moins traumatisante pour le patient et ses proches. Laquelle semble également se justifier d'un point de vue économique. Cependant, un malade doit pouvoir disposer d'une structure d'accueil de proximité qui puisse faire le lien entre son milieu familial et les difficultés médicales qu'il rencontre. Le projet de centre de santé proposé émet l'hypothèse qu'une structure intermédiaire peut très largement contribuer au bien-être de ses utilisateurs. Il vise également à servir d'outil cohérent au système de santé pour l'ensemble de la population. Il s'agit alors d'organiser, autour d'une unité de soins palliatifs, un centre de jour augmenté de cabinets médicaux et d'un restaurant. Ce complexe fait ici l'objet d'une réflexion sur son articulation au sein du futur quartier des Plaines-du-Loup à Lausanne. (1) [Soins palliatifs: «La médecine et les soins palliatifs comprennent tous les traitements médicaux, les soins physiques, le soutien psychologique, social et spirituel, destinés aux malades souffrant d'une affection évolutive non guérissable. Son but est de soulager la souffrance, les symptômes, d'assurer le confort et la qualité de vie du malade et de ses proches». Société Suisse de Médecine et de Soins palliatifs, Statuts, Berne, 1995.]

Situé à Collonge-Bellerive dans le canton de Genève, le centre de Mancy accueille des enfants qui, étant atteints de troubles autistiques, sont particulièrement sensibles à leur environnement, qu’il soit construit, sensible ou social. Le centre, composé de plusieurs unités d’enseignement spécialisé et de différents foyers d’internat est repensé ici dans son ensemble afin de proposer un environnement davantage adapté à l’éducation, au bien-être et à la vie sociale des sujets avec un autisme. L’architecture des bâtiments existants, qui évoque la typologie de la maison, sert de fil conducteur au projet qui vise à récréer une atmosphère villageoise rassurante. La structure porteuse en béton est conservée afin de recevoir un nouvel ensemble de toitures qui déconstruit les volumes existants et permet une nouvelle lecture des espaces. Des extensions viennent soutenir la réorganisation des programmes déjà présents et en accueillir de nouveaux qui enrichiront l’utilisation du site de Mancy. Cette altération des bâtiments existants génère alors une nouvelle circulation tournée vers l’extérieur et propice à la mise en place d’une vie sociale. Les espaces de circulation connectent l’ensemble du site et deviennent de véritables lieux de vie que les occupants pourront investir dans le cadre de diverses activités d’enseignement ou de loisir. Dans sa globalité, le projet propose des stratégies architecturales où la qualité de vie des personnes avec un autisme est au centre des réflexions et de la conception spatiale.

Les hôpitaux de jour ont fortement gagné en importance ces dernières années, suivant la hausse des traitements ambulants ou semi-stationnaires des personnes souffrant de psychose. Cependant, ces institutions sont logées, dans la plupart des cas, dans des maisons converties dont l'architecture n'est pas adaptée à ces besoins spécifiques. Dans cette actualité, nous nous interrogeons sur le fonctionnement d'un hôpital de jour en combinaison avec un centre de crise stationnaire. Le projet traite deux questions-clés. Il s'agit d'abord de créer une configuration spatiale qui mette les contacts interpersonnels et leurs valeurs thérapeutiques au premier plan. Deuxièmement, nous cherchons le niveau d'intégration approprié de la clinique psychiatrique dans le quartier, et, par conséquence, dans la société. La clinique se présente de l'extérieur comme une tour en forme de disque. Le rez-de-chaussée de la clinique adopte les règles de l'îlot qui est la forme urbaine prédominante dans le quartier. Aux étages supérieurs, l'institution se libère consciemment de ces conditions. L'équilibre subtil entre l'intégration et l'autonomie dans tissu urbain donne à l'institution une indépendance. En même temps, ce disque joue le rôle de médiateur entre les bâtiments commerciaux et les bâtiments résidentiels du quartier.

De la chambre à la ville… À la fois desservi par une nouvelle ligne de tramway, une gare routière et une liaison directe avec l'autoroute périphérique, le centre de rééducation fonctionnelle bénéficie d'un important réseau de communication qui le relie à un territoire sanitaire plus vaste. Au cœur d'une zone péri-urbaine en pleine reconversion, il occupe une place centrale dans le dynamisme du quartier. Tel un « vide » restant au milieu d'une grande diversité urbaine, le site est un point naturel de rencontre. De l'habitat collectif et individuel, une zone commerciale, des équipements sportifs, un lycée,… l'environnent. À mi-chemin entre l'hôpital et le domicile, cette structure médicale a vocation d'accompagner les patients vers leur autonomie. Le bâtiment se présente comme un volume simple délimité par une enveloppe perméable permettant une réelle interaction avec le milieu extérieur. Le programme se décompose en deux parties : les lieux d'activités au rez-de-chaussée et les lieux de résidence à l'étage. Ainsi la relation entre elles est rendu optimale tout en préservant les particularités de chacune des zones. En entrant, la disposition des espaces se compose de la même manière qu'un tissu urbain : les différents programmes s'articulent autour d'équivalents de rues, de places, de jardins,… Le décloisonnement des espaces produit une multiplicité d'angles de vue et rend ainsi l'espace plus fluide. Au niveau supérieur, les chambres sont disposées en périphérie. Elles bénéficient d'une grande variété d'orientations en rapport avec leurs spécificités. L'ensemble de l'édifice, par l'usage alterné du béton et du bois, cherche le compromis idéal entre stabilité et modularité, et traduit, à l'échelle de la ville, la destination même du bâtiment, celle de redonner à la personne l'usage de ses capacités physiques altérées.

Une structure d'accueil médico-sociale intégrée dans un quartier urbain visant à favoriser les échanges.

Le projet se situe le long du « Regents Canal », un ancien couloir industriel traversant le centre de Londres. Le site comporte deux cadres de guidage de gazomètres, témoins du passé industriel de la friche. Ce sont les seuls qui subsistent encore le long du canal. La friche est reconvertie en un nouveau parc urbain occupé par quatre programmes principaux : un centre dédié à l’échange et la réinsertion sociale, un espace culturel, un espace ludique et un espace préservé pour la biodiversité. Cette nouvelle polarité propose ainsi un espace public dynamique et connecté aux autres pôles sociaux environnants, tout en intégrant et valorisant les gazomètres. Ces derniers sont réactivés subtilement dans une optique de respect du patrimoine et pour des raisons constructives. Une intervention architecturale s’insère ainsi au sein du gazomètre principal. Le nouveau bâtiment possède une structure modulaire en bois faisant référence à l’identité industrielle de la friche et s’inscrivant dans une démarche de durabilité. Ce catalyseur social accueille sur neuf étages des espaces flexibles, favorisant la cohésion sociale, l’apprentissage et la réinsertion de personnes en difficulté. Pour le second gazomètre, l’intervention architecturale est minimisée afin de respecter le rôle historique de l’infrastructure métallique tout en la réactivant poétiquement. Une installation de voilages est ainsi suspendue à la structure, lui donnant un nouveau rôle de protection de l’espace culturel.

La conception de logement dans un milieu urbain pose la question de la relation entre le collectif et l'individuel. Alors que la ville est, par définition, un lieu d'échange, le logement quant à lui constitue le lieu privilégié de l'intimité. Entre ces deux extrêmes, une gradation d'espaces au caractère plus ou moins public/intime fournit à l'habitant les conditions lui permettant de choisir le degré de relation qu'il souhaite entretenir avec les autres: s'exposer, communiquer ou au contraire se retirer. Le site choisi pour développer cette thématique occupe une position centrale dans la ville de Genève. Il s'agit cependant d'un lieu négligé, n'ayant jamais fait l'objet d'une planification globale. Il en résulte une situation indéterminée, tant sur le plan spatial que social. La construction de nouveaux logements doit permettre de redéfinir les espaces et leurs articulations, et d'offrir un cadre de vie de qualité. Le projet présente deux volumes formant une cour ouverte. L'accès aux logements se fait par la cour, expression de la réunion d'un certain nombre de personnes. Les éléments du programme issus des bâtiments démolis (activités à caractère social et éducatif) sont regroupés à l'extrémité de l'ensemble, articulant les nouvelles constructions avec le collège voisin. L'organisation des logements privilégie des relations contemplatives entre les espaces individuels et les espaces verts et des relations plus tendues entre les espaces collectifs des logements et la cour.

Nightclub peut être considéré comme un espace nostalgique reflétant un medium actuel. Il représente la forme la plus physique de l'instantanéité, la simultanéité et l'intensité d'internet. Le message de ce dernier a été la dissolution de toute condition d'échelle et de forme d'action ou d'association humaine. Nightclub semble contenir et condenser ces conditions au sein d'une délimitation spécifique. Contradictoirement, c'est par la définition d'un périmètre précis, sans signification évidente, que Nightclub, rejetant toute règle et tout jugement, permet la liberté. Si son état physique semble rétrograde, Nightclub est protagoniste d'une intensité urbaine actuelle et d'un paysage prospectif. La délimitation permet la création de conditions urbaines et de structures sociales nouvelles, générées par la production de natures artificielles. Un “apparatus” capable de performer et de fournir des “third places” pour les masses métropolitaines. Le pragmatisme de Nightclub donne lieu à la coexistence d'Apollo et de Dionysus. Il maintient ensemble création de soi et socialisation et au travers d'un environnement hédoniste extrême, pousse à leur apparition la plus physique, sexe. Nightclub: dispositif performatif clos pour contre-villes de désirs individuels.

Ce projet vise à proposer une alternative aux soins habituellement dispensés dans ce milieu pour les patients qui sont sur le chemin de la guérison et qui doivent retrouver une certaine autonomie. L’approche de la planification repose sur l’idée que l’architecture dite thérapeutique peut favoriser le bien-être physique et mental de ceux qui l’utilisent (patients, personnel et visiteurs). L’architecture elle-même n’est pas la source du soin, mais son support. Cette approche va au-delà du strict programme curatif. La capacité du bâtiment à contenir et à faciliter la relation est la clé du schéma de conception. L’aménagement et la flexibilité des espaces favorisent la possibilité, pour chaque patient, d’élargir progressivement sa sphère personnelle et lui donne la liberté de choisir le degré d’intimité et de communauté désiré. En contraste avec l’architecture solennelle et massive du bâtiment existant, un sentiment, libéré de tout caractère institutionnel se dégage de ce pavillon qui est composé d’une ossature en bois et de cloisons en briques de terre crue. Le choix de ces matériaux engendre une atmosphère intérieure chaleureuse et conviviale. Le projet assure aux utilisateurs un confort sain et un environnement intérieur agréable. Ainsi, le bâtiment contribue à soutenir et à promouvoir les compétences sociales du patient par une prise en charge continue et coordonnée, afin qu’elles soient intactes lorsqu’il retournera dans la vie active.

L’accouchement est l’un des événements les plus marquants d’une vie. L’environnement architectural et social qui entoure ce moment intime a une influence directe sur le bien-être de la parturiente et de ses accompagnants. Comment concevoir un espace serein et apaisant aidant au bon déroulement de l’accouchement? Installée sur les rives de l’Asse, proche du centre-ville de Nyon, la maison de naissance devient le point de départ d’une promenade en forêt se terminant par un espace de contemplation regardant le lac. Un élément en béton continu et évolutif constitue le cordon ombilical du projet. En suivant délicatement les inflexions du terrain, il prend, en fonction des besoins, le rôle de fondation pour la maison de naissance, de pont ou de murs de soutènement. La maison de naissance est composée d’un volume principal contenant les espaces communs, et, sur l’autre rive, de trois pavillons de naissance. Les espaces intérieurs sont fluides et flexibles. Ils sont constitués de parois vitrées et d’îlots de services autour desquels il est possible de circuler. Des rideaux tiennent le rôle de séparateurs et gèrent ainsi le niveau d’intimité et de luminosité en fonction des besoins. Le léger bruissement des feuilles ainsi que le doux clapotement de l’eau accompagnent les occupants du projet. Une immersion dans la nature qui offre intimité et sérénité au moment de donner la vie.

Tianjin est une grande ville au Nord de la Chine, située à environ 150 km de la capitale chinoise, à l'embouchure de la rivière Hai he et à proximité de la mer Bo hai. Sa situation géographique lui a permis de jouer un rôle important dans l'histoire de la Chine. Aujourd'hui, Tianjin doit faire face au vieillissement de sa population. La croissance de la population du troisième âge n'a cessé d'augmenter ces dernières années. Comment peut-on concilier une qualité de vie agréable pour ces personnes? Est-il possible de retrouver ou de requalifier un lieu de vie adapté à leur mode de vie? Le projet de diplôme tente de répondre à ces questions. Le site du projet se situe au cœur de la ville Tianjin, dans une ancienne concession française. Il se caractérise par des barres formées de maisons juxtaposées ayant chacune son propre jardin à l'arrière. Ces maisons à deux niveaux sont partagées par des familles. L'objectif du projet est de requalifier ce site en proposant des logements de haut standing pour cette tranche de personnes. Simultanément, le projet va densifier ce site et offrir des programmes adaptés à leur mode de vie. Ce site ayant une belle qualité architecturale, l'idée du projet est de conserver l'esprit du lieu, ses espaces étroits, ses vis-à-vis directs, etc., en projettant des formes urbaines additives.

Le projet met en œuvre la régénération du site de Blackwall Reach dans les Docklands à Londres. Situé entre la City et l'aéroport de London City, le site pose la problématique des friches urbaines. Dans l'objectif d'un développement compact et durable de la ville, l'occupation de cette friche nous permet de combler les discontinuités du tissu urbain existant. De plus, ce territoire morcelé possède un potentiel significatif lié au patrimoine identitaire de l'East End. Entre l'East End populaire et la zone de réaffectation des docks en centre d'affaires, bordé au sud par des axes majeurs de circulation divisant le tissu urbain, influencé au nord par l'ensemble architectural de Robin Hood Gardens, desservi directement par le Docklands Light Railways, ce lieu constitue un espace de transition entre les différentes parties du borough de Tower Hamlets. Afin de remédier à la monofonctionnalité des tissus environnants et de favoriser la vie de quartier et son identité, nous proposons des commerces de proximité, un hôtel, un centre médico-social, une crèche, des espaces de formations, des bureaux ainsi que des logements. Dans le cadre du développement d'un projet, il nous est dorénavant impossible de ne pas tenir compte des questions de développement urbain durable. Il s'agit donc d'élaborer un projet qui défende une stratégie urbaine claire tout en impliquant les questions environnementales, sociales et économiques. Il devient urgent de trouver un caractère à l'architecture durable.

Structure intermédaire comprenant du logement protégé, des ateliers protégés, un centre de soins psychiatriques et diverses activités publiques.

Guerres, conflits, violences sont les principaux mots que l'on entend dans l'actualité. Si les ONG font leur possible pour prendre en compte l'ensemble des victimes, certaines ont besoin de soins plus spécifiques. C'est le cas des femmes victimes de violences sexuelles. A la suite d'un long processus, ces femmes rejoindront le site d'Adma, une petite ville à quelques kilomètres de la baie de Jounieh, au Liban. Le soin par l'architecture est la caractéristique principale du centre d'accueil. En effet, que se soit par la matérialité, la lumière, les espaces ou l'environnement, le lien entre corps et architecture permettra d'atteindre l'acceptation du traumatisme en vue d'arriver à une autonomie. En conservant et liant le patrimoine en pierre à l'utilisation du béton, le centre d'accueil s'intègre dans la vision architecturale libanaise. De plus, la cour étant un élément dominant des maisons traditionnelles, elle permet aussi de protéger et sécuriser ces femmes, tout en leur offrant un espace intime de partage et de communication, que ce soit avec leur corps, entre elles ou avec l'environnement extérieur. Enfin, chaque patiente possède sa chambre individuelle et aura accès chaque jour à des espaces de discussion, des activités (peinture, couture, jardinage ...) et aux espaces communs. Dans la conception architecturale du centre d'accueil, la notion de collectivité est importante car même si elles viennent de lieux différents, ces femmes ont un point commun, leur traumatisme.

Bellelay, ancienne abbaye des chanoines réguliers de l'ordre des Prémontrés. Pays mythique aussi. Les Celtes en connaissaient déjà les richesses naturelles. Les religieux en font un passage obligé sur les voies commerciales médiévales. Et plus récemment son statut d'hôpital des aliénés en a fait un sujet de raillerie jusque dans l'Ajoie. Le nom de Bellelay est alors fortement teinté de peur et d'interdit. Aujourd'hui un centre équestre de grande envergure promeut une autre image du lieu. Si les Franches-Montagnes, les activités culturelles organisées au sein même de l'église abbatiale et les sentiers didactiques parcourant les territoires marécageux alentours, sont autant d'arguments attrayants, il reste que les synergies possibles ne sont pas réalité. A l'échelle de l'agglomération, une croissance récente désordonnée, au gré des besoins des différentes institutions, se fait ressentir assez fortement. Plus bas, dans la vallée de Tavannes, la crise de l'industrie métallurgique n'est pas sans effets sociaux. Le spectre du chômage en démoralise plus d'un. La reconversion n'apparaît nullement à l'horizon. Une large palette d'individus, déstabilisés par les contingences de la société contemporaine, pourrait trouver à Bellelay de nouveaux repères, découvrir d'autres façons de faire. La création d'un nouveau bâtiment pour la psychiatrie aiguë sera l'occasion de décloisonner le site. La présence ponctuelle d'autres groupes -visiteurs, chômeurs, touristes ou marginaux- ne pourra que favoriser une certaine perméabilité sociale.

Les locaux d'injection sont des centres légalement approuvés, sous supervision médicale, où l'on permet aux consommateurs de drogues intraveineuses de s'injecter dans un environnement protégé, hygiénique et moins stressant que la plupart des lieux publics. Actuellement, les problèmes liés aux drogues sont moins visibles qu'au milieu des années 1980 mais ils demeurent existants. On dénombre en Suisse près de 30'000 toxicomanes. Toutes les villes sont ainsi touchées par le phénomène mais seul un petit nombre d'entre elles possède un local de consommation. Lausanne, par exemple, possède près de 1'500 toxicodépendants mais aucun local d'injection. Un espace de consommation de stupéfiants en plein cœur de la ville de lausanne n'est pas une idée nouvelle. Le Conseil communal de la ville de Lausanne avait soutenu (en vain) la réalisation d'un centre d'injection en 2007. Le présent projet s'inscrit par conséquent dans un contexte quelque peu imaginaire, où le local d'injection apparaîtrait comme une utopie urbaine.

Le tissu pavillonnaire s’étend et se répand. Continu. Homogène. L’hypermarché s’annonce. Gigantesque, il s’affirme dans le paysage périurbain monotone et surpasse cette condition préexistante. Il attire les foules et leur offre les denrées nécessaires. On y trouve “tout sous le même toit”. Un bâtiment banal, pourtant monumental, à l’image d’une société de consommation qui n’est aujourd’hui plus la nôtre. Sa fréquentation diminue. L’hypermarché suffoque. Après avoir tout acheté sous le même toit, pouvons-nous tout y faire? Au Sud de Paris, le toit s’est libéré de ses murs qui le rendaient aveugle et flotte dorénavant à quelques mètres du sol. Seule la parcelle délimite ses contours et semble le couper brusquement dans son élan d'expansion. Il flirte avec l’infini. Cette gigantesque toiture de verre et d’acier abrite un univers unifié et tempéré. Une ossature rythmée, contenant les programmes les plus divers et les plus diversement placés. Les évènements s’y déroulent simultanément et s'enchaînent sans cesse. Ce n’est ni un hypermarché, ni un équipement sportif, ni des bureaux mais tout cela à la fois. L’hyper définit un nouveau champ des possibles. Le toit abrite les fonctions autant qu’il les alimente en énergie. L’énergie et les données sont récoltées, traitées et redistribuées pour la survie de l’hyper. C’est un lieu suspendu dans le temps et l’espace. Un lieu de médiation face au quotidien bipolarisé par le domicile et le lieu de travail. L’hyper transcende son statu quo.

Paris est en proie depuis des années à une pollution excessive engendrée par le tout-voiture. La ville perd ses habitants. L’espace libre et potentiel n’existe plus, tandis que la mairie essaye péniblement de reconquérir celui dédié à la voiture sous la pression des parisiens. Paris suffoque, Paris se trompe, Paris se meurt. En parallèle de ce combat, la ville doit trouver des solutions pour accueillir ses habitants les plus vulnérables, les pensionnaires des lieux dits d’enfermement alors que les services publics dédiés traversent tous des crises profondes. Détenus, sans-abri, réfugiés, retraités, malades psychiatriques doivent être pris en charge dans de meilleures conditions. Pour se sauver, la ville de Paris doit procéder à sa propre archéologie prospective. La voiture doit être bannie et le boulevard périphérique détruit. A la place, un nouveau bâtiment sera érigé afin de permettre un retour de la nature dans la ville. Ce bâtiment radical est la “galerie Bienvenue”, abandonnant la privation de liberté. Construite sur trente kilomètres de variations, elle puise ses origines dans les galeries et autres bâtiments parisiens pris comme références. Les prisonniers vulnérables se voient proposer le choix d’intégrer cette prison alternative dans laquelle ils sont libres mais où ils doivent aussi travailler et participer à la vie collective. Il en va de même pour les parisiens qui tous ensemble recréent les conditions d’une écologie sociale radicale afin de libérer la ville de Paris.

Le “Kommunikativer Wohnungsbau” favorisent le contact et l'entre-aide, ce qui facilite l'identification des habitants dans leur environnement. Dans une telle structure, où le thème de la communication devient important, l'intégration de personnes en difficulté peut réussir.

Foyer de réinsertion sociale pour des ex-toxicoman.

« Mon grand-père a Alzheimer ». « Tu as perdu ton téléphone ? Cherche-le dans le frigo ». « Tu as oublié ? Alors tu as Alzheimer ! » Nous entendons souvent parler de démence, mais rarement lorsqu’il s’agit de personnes jeunes, diagnostiquées avant l’âge de la retraite qui pourtant représentent près de 5% des cas dénombrés en Suisse. De manière générale, les démences restreignent les capacités cognitives : la perception de l’espace, l’adaptation à l’environnement, tout comme le sens de l’orientation se voient modifiés et altérés. Toutefois cette catégorie de malades présente des spécificités par rapport aux personnes âgées : une vie familiale et des relations sociales souvent préservées, une meilleure condition physique. Mais aucune architecture, aucun habitat, ne leur sont adaptés. Ainsi est née l’ambition de créer Microcosme, une résidence dédiée aux personnes jeunes atteintes de démence. Son implantation est prévue à La Tour-de-Peilz, sur un site que jouxtent des terrains sportifs, à proximité de nombreux arrêts de transports publics. La résidence est analogue à un village où le trio d’unités évoque le quartier, l’unité le petit immeuble, la chambre l’appartement. La rue intérieure de déambulation et les deux jardins qui la bordent s’entrelacent, tissent et connectent finement le tout. Dans ce village d’un nouveau genre, habitants, familles, employés ainsi que toute personne extérieure trouvent leur place. Bienvenue à la résidence. Bienvenue au village. Bienvenue à Microcosme !