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Judith Mok was born in Bergen aan Zee, Holland. Today she lives in Portobello, Dublin, once a thriving Jewish quarter of Dublin, with her husband, the poet and writer Michael O’Loughlin. Mok and O’Loughlin moved to Dublin from Amsterdam in 2002. Judith Mok is the author of four novels and four collections of poetry. Her fifth, Playgrounds, from which the poem that figures in this number of Études irlandaises appears, is due in 2023. In this interview, Judith Mok talks about her upbringing in ...

Dans ce nouveau genre qu’est le roman de la bohème, les thèmes de l’impuissance de l’artiste, de la misère matérielle et de l’oppression sentimentale portent au grand jour un nouveau ressort littéraire : l’hégémonie de la prose sur la poésie. Des Goncourt à Proust, en passant par Daudet, Huysmans et Mirbeau, un même fil conducteur s’étire, tissé par des mains exclusivement féminines, qui brode autour des procédures littéraires de transposition, d’adaptation et d’exploitation du document humain., In the new genre that is the bohemian novel, the themes of the impotence of the artist, material poverty and sentimental oppression bring to light a new literary spring: the hegemony of prose over poetry. From Goncourt to Proust, through Daudet, Huysmans and Mirbeau, the same common thread stretches, woven by exclusively female hands, which embroiders around the literary procedures of transposition, adaptation and exploitation of the human document.

Cet article se penche sur certaines facettes de la femme artiste chez Rachilde en explorant ses deux mondes : l’un normal et terre-à-terre ; l’autre outrepassant le monde naturel. Dans le premier, elle s’adapte aux normes de la société, dans le second elle franchit la frontière du réel, se révélant Pygmalion, prêtresse, voire déesse. Nous portons ici un intérêt particulier à La Jongleuse où l’artiste-prêtresse Eliante Donalger tente d’éveiller et d’initier le jeune scientifique Léon Reille., This article looks at certain facets of the female artist in Rachilde by exploring her two worlds: one normal and down-to-earth; the other overriding the natural world. In the first, she adapts to the norms of society, in the second she crosses the border of reality, revealing herself as Pygmalion, priestess, even goddess. We are particularly interested here in La Jongleuse where the artist-priestess Eliante Donalger tries to awaken and initiate the young scientist Léon Reille.

Contributeurs : Michel Brethenoux, Lucia Campanella, Estelle Cocandeau, Yvan Daniel, Tristan Jordan, Samuel Lair, Alain Georges Leduc, Yannick Lemarié, Claire Margat, Thérèse Mourlevat, Fabrice Mundzik, Renaud Oulié, Patricia Plaud-Dilhuit, Jean-Auguste Poulon, Jacques-Philippe Saint-Gerand, Yichao Shi, Anita Staroń, Marie-Pier Tardif, Sylvie Thorel et Émile Van Balberghe.

Au regard de la publication de l’ouvrage d’Emmanuel Guy, cet article se propose d’apporter un éclairage ethnologique aux hypothèses formulées sur les questions de hiérarchie, de figuration et du statut de l’artiste au Paléolithique supérieur en s’inspirant notamment des données provenant des sociétés de la côte nord-ouest et des interprétations des résultats de fouilles. In light to Emmanuel Guy’s book, the essay proposes to provide an ethnological perspective on the assumptions made by the author about the questions of hierarchy, figuration and the status of the artist in the Upper Palaeolithic drawing in particular on data from the societies of the northwest coast and interpretations of excavation results.

La ville de Ouagadougou est internationalement reconnue pour son dynamisme culturel. Grâce aux grands festivals de cinéma (Fespaco), d’artisanat (SIAO) ou de théâtre (Les Récréâtrales), elle attire chaque année artistes, experts et touristes. Mais à l’ombre de ces moments d’émulation éphémères, ce sont des lieux culturels à l’équipement et aux moyens rudimentaires qui accueillent et développent au quotidien les loisirs culturels, en particulier le théâtre. Cet article s’intéresse à la localisation et aux caractéristiques de ces théâtres. Il vise à observer les pratiques et dynamiques que ces lieux suscitent au sein de leur environnement et relève les motivations des usagers pour ce loisir spécifique. Il se conclut sur la question des stratégies spatiales développées par les acteurs culturels afin d’assurer la survie de leurs activités dans un contexte précaire. The city of Ouagadougou is internationally renowned for its cultural dynamism. Thanks to major festivals in the fields of cinema (Fespaco), handicrafts (SIAO) and theatre (Les Récréâtrales), it attracts artists, experts, and tourists every year. But these temporary moments of emulation should not overshadow cultural venues with basic equipment and means that host and develop cultural activities on a daily basis, especially theatre. This article focuses on the locations and characteristics of these theatres. It aims to observe the practices and dynamics that these venues generate locally and to underline the motivations of users for this specific leisure activity. The article concludes with the spatial strategies developed by cultural actors to ensure the survival of their activities in a precarious context.

Dans le préambule à la Maison d’un artiste, Edmond de Goncourt s’affirme comme collectionneur, comme décorateur et comme écrivain, bref comme un artiste total. L’article démontre que, si cette posture apparaît quelque peu forcée, les deux frères Goncourt ont contribué à promouvoir les arts décoratifs dans les intérieurs au cours de la seconde moitié du siècle dans deux directions principalement : l’art du xviiie siècle et le japonisme. Au prisme des notions de « scénographie auctoriale » et d’« image d’auteur », l’analyse précise que l’originalité des Goncourt ne réside sans doute pas tant dans leur rôle effectif de pionnier que dans leurs entreprises littéraires et dans leur présence médiatique pour asseoir une image d’écrivain et leur œuvre dans le monde littéraire et dans la sphère publique sur la valorisation de leur érudition et de leur sensibilité artistique en la matière. À l’aristocratie de naissance s’ajoute ainsi une double aristocratie, de goût et de métier (« être artiste »). En dernier lieu, l’analyse s’intéresse à la postérité des Goncourt « écrivains-décorateurs-collectionneurs » au lendemain de leur disparition pour voir qu’elle s’avère à double tranchant dans la quête des honneurs recherchés par les deux frères. In the preamble to La Maison d'un artiste, Edmond de Goncourt asserts himself as a collector, decorator and writer, in short as a total artist. The article shows that, if this posture appears somewhat forced, the two Goncourt brothers contributed to the promotion of decorative arts in interiors during the second half of the century in two main directions: eighteenth-century art and Japanese art. Through the prism of the notions of "auctorial scenography" and "authorial image", the analysis specifies that the originality of the Goncourts probably lies not so much in their actual role as pioneers as in their literary ventures and their media presence to establish an image of writer and their work in the literary world and in the public sphere on the basis of the valorization of their erudition and their artistic sensibility in the matter. To the aristocracy of birth is thus added a double aristocracy, of taste and of profession ("being an artist"). Finally, the analysis looks at the posterity of the Goncourts as "writers-decorators-collectors" in the aftermath of their disappearance to see that it proves to be double-edged in the quest for the honours sought by the two brothers.

Nous avons vu la littérature conservatrice, mue par un instinct de conservation, puis par une stratégie défensive, prompte à se constituer et, s’installant dans les meubles de la littérature édifiante, à produire un discours totalitaire, c’est-à-dire incorporant à son profit tous les comportements et toutes les doctrines. Le roman progressiste fut plus long à se constituer, pour des raisons historiques autant que culturelles, et avant d’examiner longuement les secondes, il nous faut dire quel...

L’aperçu précédent de l’oscillation de la « fonction-auteur » sur le plan du contenu nous a montré le mouvement par lequel cette « instance paradoxale » se constitue soit en « groupe assujetti », soit en « groupe-sujet », le premier, malgré toute volonté de libération, étant étroitement lié à l’écrasement intolérable de l’individu par les diverses institutions de l’appareil d’Etat ; le second, toujours menacé d’assujettissement, étant capable néanmoins d’effectuer, en tant que machine de guer...

Les aperçus des chapitres précédents nous permettent d’aborder l’examen des « micro-fêlures » de la strate de la segmentation souple, où surgit précisément la problématique du discours autobiographique abordée au premier chapitre. Car il faut tenir compte de la traversée des segments molaires par ce que Gilles Deleuze appelle une « instance paradoxale » qui « a pour fonction de parcourir les séries hétérogènes, et d’une part, de les coordonner, de les faire résonner et converger, d’autre part...

Une littérature didactique Cela commence évidemment avec la Commune ; c’est dans le sang des Parisiens et à la lumière des incendies que s’est accompli le véritable baptême du nouveau régime. Circularité de l’Histoire, qui donne à celui-ci les mêmes prémisses qu’à l’Empire qu’il remplace, et qu’il a combattu. Entre 1851 et 1871, il existe une ressemblance objective qui doit fasciner et gêner à la fois ceux des Français qui sont soucieux de fonder l’ordre nouveau, mais se trouvent empêchés d’e...

Le point de départ de la mise en place du premier pôle segmentaire est la définition de deux sous-segments constitutifs de la strate molaire, articulés selon deux formes de solidarité, la solidarité familiale et la solidarité populaire. C’est à partir du repérage de ces deux formes de solidarité que nous pouvons considérer l’agencement de la segmentarité dans les trois romans. 1. La Solidarité Familiale L’Enfant Dans le premier roman de la Trilogie, la solidarité familiale se répartit en quat...

Sommes-nous en droit de conclure ? Faut-il céder à la tentation de généraliser la portée des remarques qui précèdent ? S’il est vrai que le rapport du roman à l’Histoire est une donnée primordiale, alors il n’y a pas de principe à la validité assurée, puisque cette Histoire et donc ce rapport sont appelés à se modifier sans cesse. Même le lecteur est soumis à cette fluctuation, et ne peut prétendre avoir découvert dans ce roman un sens définitif. A vouloir privilégier l’éclairage immédiat don...

La Trilogie de Jacques Vingtras, entreprise pendant l'exil de Jules Vallès à Londres, sera son « œuvre de sentiment et de combat » où se lie l'engagement social acharné de l'insurgé à la conscience artistique croissante du romancier. Il s'agit ici de dégager les traits essentiels de cette rencontre heureuse en traçant le déploiement des oppositions thématiques vis-à-vis de l'agencement des figures principales, tant narratives que tropologiques, par lesquelles s'exprime ce cri de combat et de sentiment.

Dans le chapitre précédent, nous avons voulu non seulement détailler comment l’emploi vallésien des figures de rhétorique se conjugue avec l’énonciation de la « fonction-auteur » aux lieux de convergence dans le texte, mais aussi souligner des points ou termes « singuliers » qui ressortent incessamment dans la Trilogie à tout niveau de la stratification molaire et moléculaire. Les oscillations que nous avons mises en valeur entre la divergence/disjonction et la convergence/conjonction des div...

Depuis que Platon, concevant sa république idéale, en a exclu les poètes, la politique et la littérature ont entretenu des rapports souvent difficiles, oscillant entre l’asservissement et le triomphe de la seconde, rapports souhaités ou rejetés, toujours problématiques. Pourtant, ce n’est guère qu’à partir du siècle dernier que l’écrivain semble s’être soucié de préciser leur nature, de justifier sa position de manière théorique, de penser son engagement ou son abstention, au lieu simplement ...

L’ironie est souvent l’indice d’une faiblesse. Celui qui la manie le fait en désespoir de cause, parce qu’il se sent seul, parce qu’il sait n’avoir aucune chance de se faire entendre s’il se met à parler comme tout le monde. Mais elle est également une force, lorsque toute la société et ses discours font de la gravité un système : construite sur la défaite de 1870 et la répression de 1871, cette société, dans sa majorité, ne voit le moyen de reprendre son sort en main qu’en s’imposant volonta...

Face aux énonciations individuelles et collectives de solidarité qui traversent la Trilogie, il existe un autre segment, celui de l’intolérable, « l’arrachement à tout ce qui (...) permet [à Jacques Vingtras] de saisir son identité », c’est-à-dire le rassemblement de forces sociales oppressives qui sont implicitement vouées à l’anéantissement de tout sentiment chez l’individu et de toute impulsion de solidarité entre les individus. Ce deuxième segment se divise entre deux ou trois sous-segmen...

L’œuvre la plus monumentale du palais des Beaux-Arts de Lille, La Résurrection du fils de la Veuve de Naïm, mesure 5,70 m de haut sur 9 m de long, soit 51,30 m2 de superficie : elle revient à Jean-Baptiste Wicar, un artiste davantage célébré pour sa prestigieuse collection de dessins italiens de la Renaissance, « l’un des trésors de la France et la gloire de notre grande cité flamande » selon la formule de Gonse en 1875, que pour ses talents de peintre ou de dessinateur (fig. 1). Depuis son é...

Si le portrait en pied de Wicar, exécuté en 1901 par le sculpteur lillois Jules Déchin (Lille 1869 - Paris 1947) peut paraître à première vue presqu’anodin dans le paysage de la sculpture française du début du xxe siècle, tout entière dominée par la figure tutélaire incarnant la modernité d’un Auguste Rodin, il n’en demeure pas moins vrai que son étude attentive dans le cadre de ce colloque consacré à Wicar, se justifie amplement car cette sculpture présente en réalité un double sinon un trip...

Rassemblée sous la présidence de l’architecte Gondouin, l’Académie des Beaux-Arts est informée dans sa séance du 23 décembre 1815, au commencement de la seconde Restauration, de la demande de congé que son secrétaire perpétuel, Joachim le Breton (1760-1819), sollicite dans le but d’effectuer un grand voyage. C’est dans ces termes elliptiques que le secrétaire perpétuel faisant fonction, l’architecte Léon Dufourny (1754-1818), relate cet événement, à vrai dire peu ordinaire. en fait, les proch...

Anne-Louis Girodet, exact contemporain de Wicar, avec lequel il partagea l’atelier de David et l’expérience italienne, remporta le grand prix de l’Académie royale de peinture et de sculpture, couramment appelé Prix de Rome, en 1789. Aussi, Girodet séjourna pendant six années sur la péninsule, six années au cours desquelles il réalisa plusieurs œuvres dont le Sommeil d’Endymion (1791, Paris, musée du Louvre), et aussi plusieurs projets qui virent le jour au début du xixe siècle, comme la célèb...

« Dans le palazzo de’ Regi Studi sera réunie une collection choisie de peintures des auteurs napolitains ; elle sera disposée avec ordre et intelligence, en donnant le plus grand relief aux œuvres sorties des mains des plus grands Maîtres. Cette collection portera le nom de Galerie des peintres Napolitains ». Le premier article du décret royal, signé par Joachim Murat le 18 décembre 1809, expose très clairement les intentions de l’un des plus intéressants projets muséographiques qui fut éla...

En 1787, les héritiers du vénitien Anton Maria Zanetti le Vieux (1680-1767), mettent en vente sa prestigieuse collection. Elle allait grossir, avec beaucoup d’autres, le marché de l’art d’une époque, celle des dernières décennies du xviiie siècle, qui se caractérise par le déclin politique et social de la République de Venise ; avec pour conséquence, ainsi que Francis Haskell et Krzysztof Pomian l’ont souligné, la dispersion d’une partie considérable de son patrimoine artistique. Les modalité...

Trois visages à Versailles sont d’abord des regards qui prennent à parti – portraits ou autoportraits. Rien ne les distingue : ce sont des jeunes gens, vus en buste, les cheveux mi-longs, au vent. Ils m’intriguent car leur similitude est forcément un leurre. Elle est due à une distance dans l’espace et dans le temps, comme on dit rapidement que les étrangers se ressemblent ou que tous les portraits du xviie siècle sont les mêmes. Cet effet est renforcé par une facture proche d’une toile à l’a...

Jean-Baptiste Wicar fut nommé accademico di merito (membre élu par mérite) de l’Académie des Beaux-Arts de Pérouse le 29 janvier 1812, à une date où l’ancienne et glorieuse institution était dirigée par Domenico Garbi, un peintre natif de la ville, personnalité en vue dans le contexte de la vie politique locale entre la fin du xviiie siècle et la première décennie du xixe. Il est utile de rappeler que Garbi, sympathisant des idées révolutionnaires, fit partie des dix-sept membres de la « muni...

Pour qui se préoccupe de la théorie des arts et plus particulièrement de sa pédagogie dans les premières années du xixe siècle, le passage par la lecture attentive et critique de Quatremère de Quincy est quasiment obligé. Et ceci pour deux raisons au moins : l’homme lui-même, au fil de sa très longue carrière, fut au centre des débats quand il ne les suscita pas personnellement. Né en 1755, il mourra en décembre 1849, couvert d’honneurs par les uns, de réprobation par les autres. Autant dire ...