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La phase végétative d'un écotype guinea burkinabé (IS 7680) ont été étudiés durant trois années à la station de Samanko (Mali) à partir de semis réalisés à différentes périodes de l'année. En saison des pluies, IS 7680 a eu les réactions d'une plante photopériodique de jours courts. En revanche, il a allongé son cycle en contre saison froide alors qu'il poussait sous les photopériodes les plus favorables à une rapide induction florale. Pour modéliser les données expérimentales, l'effet de la photopériode a été considérée sur la durée thermique de la phase végétative de IS 7680 calculée de deux façons différentes : 1) selon la procédure CERES à partir d'une sommation des températures moyennes quotidiennes 2) selon une sommation des températures minimum nocturnes quotidiennes. La première méthode n'a pas permis d'établir, pour IS 7680, les paramètres génétiques du développement phénologique des plantes photopériodiques tels que Major et Vergera les ont définis (BVP : Base Vegetative Phase, MOP : Minimum ou Maximum Optimal Photoperiod et pente de photosensibilité). La seconde méthode a ajusté de façon satisfaisante les données expérimentales au schéma de Major et Vergera. Les résultats montrent que IS 7680 est un cultivar très photopériodique dont l'induction florale a besoin de températures nocturnes élevées. La non-obtention de telles températures à Samanko en contre-saison froide explique l'allongement du cycle végétatif de IS 7680. Ce type de réaction à la photopériode et aux températures nocturnes de IS 7680 serait commun à la plupart des sorghos guinea d'Afrique de l'Ouest.

La modélisation de la réponse photopériodique des sorgho en fonction des températures minimum quotidiennes nocturnes a été appliquée à deux variétés, cultivées au Mali, très différentes par leur origine et leur utilisation culturale : un cultivar pluvial kafir d'Afrique du Sud Is 9508 et un sorgho de décrue durra du Sénégal Ssm 973. Les résultats valident l'hypothèse que l'effet photopériodique sur la durée des cycles végétatifs des sorghos est bien expliqué par une prise en compte des températures nocturnes. De plus, le modèle caractérise les réactions des deux cultivars. Le kafir est apparu non photopériodique ; poussant au Mali sous des longueurs de jours courtes par rapport à celles de sa zone d'origine, ce sorgho n'a pas été en situation de montrer une éventuelle sensibilité aux variations de longueurs du jour. Par contre le durra est apparu très photopériodique en abaissant la durée thermique de son cycle végétatif même sous les jours les plus courts de l'année. Cette particularité associée à un seuil bas de sensibilité aux températures nocturnes expliquent son adaptation à la culture de décrue, culture de post hivernage. La comparaison des caractéristiques thermo-photopériodiques des cultivars guinea Is 7680, kafir Is 9508 et durra Ssm 973 montre que chacun est typé en fonction de ses aptitudes culturales. Il semble que la sensibilité à la photopériode s'établisse indépendamment de la sensibilité aux températures nocturnes. Ce résultat ouvre des perspectives pour la sélection de génotypes combinant différents niveaux d'expression de ces sensibilités.

Les objectifs de cette étude sont, dans un premier temps, de caler le modèle de Major à l'aide d'un sorgho photopériodique de type jour court "guinea" et d'un sorgho non photopériodique "P01" et, dans un second temps, de caractériser le comportement photopériodique de "kafir". Les trois écotypes cités ont été semés de 1994 à 1996, a Samanko (latitude 12° 39 N) au Mali. Puis dans le but de tester l'hypothèse que kafir est une plante de type jour long, un dispositif d'éclairage artificiel a été mis en place à Samanko au champ, durant la contre saison froide (de novembre 1995 à février 1996) où la durée du jour est la plus courte. Les lampes ont été allumées le matin et le soir de manière à obtenir une durée de jour de 13 heures. Des semis à Montpellier (latitude 42°), où la durée du jour est la plus longue de l'année, ont été également réalisés pour kafir et guinea. Après avoir testé trois méthodes de calcul de sommation des températures (CERES-MAIZE, méthode classique de sommation des températures moyennes diminuées d'un seuil de 10°C, 12°C, 14°C, 16°C et 18°C, méthode de sommation des températures minimales diminuées d'un seuil de 8°C, 6°C et de 4°C), l'analyse des résultats a montré que la sommation des températures minimales diminuées d'un seuil de 4°C, ajustait au mieux les points obtenus par la méthode des semis échelonnés, aussi bien pour guinea que pour P01. Quant à kafir, les semis échelonnés, le rallongement de la durée par le dispositif d'éclairage artificiel et les semis entre lieux, ont montré que ce n'était pas une plante de jour long.