Versão bilingue francês/inglês em livro a publicar, Lors de son discours de remerciement à l’occasion de la remise de la médaille de L’Académie d’Architecture de France (Paris, 2010) Eduardo Souto de Moura décrivit ses premières années du cours d’architecture à l’École Supérieure des Beaux-Arts de Porto (au début des années 70), comme un cours centré sur les sciences sociales (sociologie, anthropologie, structuralisme…) et fortement influencé par l’idéologie marxiste. Dans ce contexte, l’enseignement de l’architecture était considéré comme une synthèse des disciplines analytiques, et le dessin (dans le sens de projet mais aussi de langage) était méprisé ou encore considéré comme réactionnaire. L’architecture était pour beaucoup associée à une pratique bourgeoise représentative du pouvoir en place et contre-révolutionnaire. Le Portugal vivait alors ce qu’on a appelé la “Primavera Marcelista” (1968-1970) , durant la transition désirée et difficile entre l’Estado Novo (le régime autoritaire de Salazar pendant presque cinq décennies) et la Révolution démocratique d’avril 1974, menée par le Mouvement des Forces Armées. Bien que le régime de censure fût toujours en place dans ces années qui précédèrent la révolution, celui-ci n’empêcha pas la publication des premières éditions portugaises de La Désobéissance civile de Henry David Thoreau (1972) ou de La Société du spectacle de Guy Debord (1972) (cette dernière étant considérée comme trop dense et trop philosophique et par conséquent inoffensive pour les masse) . Sous l’influence de Mai 68, l’ambiance était à la contestation étudiante, aux revendications pour la restructuration de l’université et pour la démocratisation de l’enseignement et, sans réserve, le régime et la guerre dans les ex-colonies étaient contestés. Cette révolte connut son apogée en avril 1969 à l’Université de Coimbra, engendrant une crise académique sans précédent (manifestations, étudiants exclus, emprisonnés, écoles fermées et important boycotte des examens). Dans les couloirs des universités, circulait la traduction polycopiée de De la misère en milieu étudiant (Mustapha Khayati, 1966). Le Cours d’Architecture de Porto vécut aussi une période marquée par la contestation étudiante, qui parviendra à revendiquer, bien que pour une courte période (1970-73), un “régime expérimental” de l’enseignement basé sur un système paritaire entre professeurs et étudiants au niveau de la gestion mais aussi de l´évaluation. Ce “régime expérimental” fut caractérisé par l’absence de structure basée sur les années scolaires en faveur de l’organisation thématique des cours. Il reposait sur l’évaluation continue et les absences n’étaient pas prises en compte. Loin d’être considéré comme consensuel, il était décrit de la manière suivante dans un pamphlet distribué aux nouveaux étudiants à la rentrée de 1973 : “en architecture il n’y a pas d’absences, presque pas de cours, pas de professeurs, pas de matières. En cours on discute avec les professeurs qui existent” . Décrite comme une période chaotique, l’enseignement s’est fait entre la politique et la pratique, entre la table du café et la planche à dessin dans l’atelier du professeur., In his acceptance speech on the occasion of the attribution of a medal by L’Academie d’Architecture de France (Paris, 2010), Eduardo Souto de Moura described the first years of the course of Architecture at the School of Fine Arts of Porto (early 1970’s), as being based on social sciences (sociology, anthropology, structuralism…), heavily influenced by a Marxist ideology. In such a context, the teaching of architecture was perceived as a synthesis of analytical disciplines, and drawing (as design project as well as a language) was undervalued or seen as reactionary. For many, it was nothing but a bourgeois practice which represented the ruling powers. Portugal was going through the so-called “Primavera Marcelista” (1968-1970) , the long wanted and hard transition from Estado Novo (New State) (Salazar’s almost five decades long authoritarian regime) to the democratic Revolution in April 1974, led by the MFA (Armed Forces Movement). Even though there was still censorship in the years preceding the Revolution, there was no attempt to prevent the publication of the first Portuguese editions of “Civil Disobedience”, by Henri David Thoreau (1972), or Guy Debord’s “The Society of Spectacle” (1972) (in this case because it was considered too dense, philosophical and, hence, harmless for the masses) . Under the influence of May 1968, there was a vibe of contestation starred by students, who fought for the restructuring of the university and the democratisation of education, and, quite brazenly, against the regime and war on the former colonies. This rebellion was at its peak in April 1969 at the University of Coimbra, where it generated an unprecedented academic crisis (demonstrations, students being suspended, arrested, schools being closed and a blatant boycott of exams). The photocopied translation of “On the poverty of Student Life” (Mustapha Khayati, 1966) circulated in the corridors of the university. The Course of Architecture in Porto went through a similar period of student contestation, having been able to claim, even if briefly (1970-73), an educational “experimental regime” based on a teacher-student as equals system both at management and assessment level. This “experimental regime” was characterised by the lack of a structure based on school years, rather on behalf of a theme-based course organisation. There was continuous assessment and no register of absences. Far from being consensual, it was described as follows in a leaflet handed out to newcomers during the school year of 1973-74: “in architecture, there are no absences, not many classes, no teachers, no subject matters. During classes you talk to the available teachers”. Described as a chaotic period, teaching happened between politics and practice, at the café table and the drawing board at the teacher’s office., info:eu-repo/semantics/acceptedVersion