Search

Der hier edierte und übersetzte Text erschien zuerst 1895 in der niederländischen Zeitschrift "De Nieuwe Gids". Er wurde von Maurice Barrès nicht wieder gedruckt und auch nicht in die posthume Ausgabe der Werke aufgenommen. Barrès' Zeitschriftenbeitrag ist eine Auftragsarbeit, die ihm sein niederländischer Freund Frans Erens (1857–1935) vermittelte, der zu den Beiträgern des "Nieuwe Gids" gehörte. Erens lebte von 1880 bis 1883 in Paris, wo er Barrès kennenlernte und mit dem vertraut wurde, was er in den "Erinnerungen" "la jeune génération littéraire de Paris" nennt. Und damit sind nicht nur Zola und die Naturalisten gemeint, sondern auch die jungen Schriftsteller, die im Jahr von Barrès' Aufsatz über eine "Ästhetik von morgen" begannen, den Naturalismus als das 'Gestern' der Literatur zu schelten und die von den Kennern der Literaturszene als "Symboliques" oder "Décadents" registriert wurden. Ein in den Erinnerungen von Erens mitgeteilter Brief von Barrès an ihn vom 30. August 1885 lässt aufgrund einer Bemerkung über den aktuellen Literaturkampf in Paris vermuten, dass beide eine negative Einstellung gegenüber dem 1885 noch dominierenden Naturalismus teilten und dass Erens mit einem entsprechend getönten Beitrag aus Paris zu rechnen hatte.

Je garde une impression d’étonnement et de tristesse mêlés d’avoir vu cet homme, si merveilleusement net et prudent, ainsi arrêté, empêché, s’interdisant toute flamme. C’est pénible de voir un être en pleine vie et un spécimen notable d’humanité, privé à ce point de spiritualité. Ah ! quel homme ! Les églises de village, considérées comme un centre de rendez-vous pour les paysans qui veulent discuter et régler leurs affaires, voilà donc l’idée de celui qui gouverne la France ! Voilà tout au m...

C’est pour aujourd’hui, 25 novembre 1912. À mon banc, j’attends mon tour de parole avec un fond d’inquiétude. Au dernier moment, plusieurs jeunes radicaux et radicaux-socialistes viennent de m’écrire pour me reprendre les signatures qu’ils m’avaient données. Nous étions bien d’accord pourtant ; nous avions reconnu paisiblement, à tête reposée, que pour des raisons diverses nous voulions une même chose : le salut de notre architecture religieuse, le salut du plus beau monument du village. Et m...

Il est sept heures du soir. Les deux salles d’attente au rez-de-chaussée de l’hôtel Beauvau sont désertes, assez tristement éclairées. L’huissier avertit le ministre, qui m’ouvre aussitôt la porte de son cabinet, me fait asseoir au coin de son bureau, en face d’un grand feu de bois, m’offre une cigarette, allume la sienne et nous causons. M. Briand aime à causer ; il aime et il excelle à créer une atmosphère de détente où il puisse se servir de son don principal qui est la persuasion. Se prom...

En écoutant l’histoire de Vendôme, sur tous les bancs de la Chambre on murmurait : « C’est ignoble ! » Ni le matin ni le soir, car à deux reprises j’ai raconté la honteuse aventure, il ne s’est trouvé une voix, une seule, pour tenter de couvrir ces malheureux. Et maintenant toute la France les regarde tapis dans les latrines de la tour Saint-Martin. Mais eux, dans leur fureur, au reçu du Journal Officiel, ils ont dit ; « De quoi ! de quoi ! pas un député ne nous a soutenus ! ces messieurs fon...

La discussion générale du budget de l’Intérieur m’offrait le moyen d’exposer à la tribune le péril des églises et mes raisons. Le 16 janvier, vers la fin de l’après-midi, M. Brisson présidant, j’obtins la parole. Voici, d’après l’Officiel du 17 janvier 1911, mon discours et le récit de cette discussion où la Chambre, d’abord aux deux tiers hostile, me hachait d’interruptions, et puis peu à peu se laissait gagner par la grandeur du sujet (ill. 4). Ill. 4 : Maurice Barrès, « Les vieilles église...

Mon collègue Engerand m’a dit : — Vous devriez venir à Caen nous parler des églises. J’ai remercié et refusé. — Caen est une ville admirable, que vous me montreriez mieux que personne. Mais j’ai décliné trente fois de faire des conférences sur les églises. — Je vous comprends, m’a répondu Engerand ; ne pouvant pas aller partout, vous décidez de n’aller nulle part ; je ferais comme vous. Mais Caen est un lieu hors de pair, c’est la « ville des églises », la patrie de M. de Caumont, le siège de...

Mon discours tout de même obtient un résultat. Si les églises continuent de s’écrouler, une de leurs pierres les plus lourdes est tombée sur le nez du pauvre M. Beauquier. L’inintelligence et la bassesse ne sont plus de mode à la Chambre. On supporte impatiemment une trop grossière méconnaissance de cet ensemble de croyances, sentiments, règles et rites qui constituent la religion, et qui relient le fidèle avec la puissance enveloppée de mystère dont il se sent dépendant. Les plus acharnés ro...

De 1910 à 1914, Maurice Barrès mène campagne en faveur des églises de France menacées de ruine, quelques années après qu’eut été promulguée, le 11 décembre 1905, la loi de Séparation des Églises et de l’État, aboutissement d’une longue période de conflits entre la France et le Saint-Siège. Cette loi comporte des lacunes et le Pape refuse la constitution des associations cultuelles. Le patrimoine des édifices religieux est en péril. Barrès n’est plus député au moment de l’élaboration et du vot...

L’agrément de la Chambre, c’est d’être à la fois une foule et une solitude. On y est nombreux et on y est seul. De collègue à collègue, on ne se doit qu’une politesse de gens de bonne compagnie qui voyagent dans le même wagon. Cette liberté fait l’agrément de la maison. Elle se restreint pour celui qui désire être ministre ; elle s’élargit à l’infini pour celui qui n’appartient à aucun groupe. Je n’attends rien, je ne désire rien ; mon indépendance est parfaite... Ô quiétude ! Je vous chante ...

Accroupis de Vendôme, épicier de Bornel, Triboulets de Grisy, blackboulés de Moulins-les-Noyers, depuis trois ans que je vous observe, je ne m’explique pas comment vous pouvez vivre. C’est entendu, vous êtes les fils de la femme, vous buvez, mangez, respirez, mais avec quel ensemble plus vaste que votre individu êtes-vous rattachés ? Quelles idées accueillez-vous ? Quelles émotions gonflent votre cœur ? Quel feu avez-vous reçu pour le transmettre dans la course des torches ? De quelle communi...

Je retrouve ici les deux thèmes enchanteurs des sources et des chapelles.Charles Demange(Un Voyage en Grèce). Une chapelle sur le bord d’une rivière rapide, une pierre éternelle dressée auprès d’une eau qui s’écoule, quelle image et quel thème de réflexions infinies ! Je suis assis dans la prairie. L’eau brille, accourt, enfle sa volute à mes pieds, murmure et disparaît, et je ne la discerne un moment que pour la perdre à jamais. Dans le ciel les nuages se font, se défont, glissent comme un f...

Mais voici l’été, la saison des vacances ; la Chambre se sépare, et je vais à la campagne. Je n’y perdrai pas de vue mon devoir. Lettres, suppliques, photographies douloureuses, mémoires, faire-part de mort me suivent, continuent d’enfler mes dossiers, et, ces faits, que je distribue dans d’innombrables articles de journaux, sont vivifiés en moi par des réflexions et des songeries au jour le jour... Quel milieu agréable et salubre, nos communes champêtres telles que nous les ont faites les si...

J’étais allé au Jawdin des Plantes préparer mon discours en me promenant. Je suis entré au Muséum. On y voit le tableau de la vie sur notre planète ; on y voit de vitrine en vitrine et d’âge en âge, à côté des premières gélatines animées, les familles d’êtres vivants surgir et mourir. Ces salles silencieuses, où sont réunies comme par ordre de disparition les plus vieux témoins du monde, je les parcours à chaque visite avec un double respect, respect pour ce mystère infini et respect pour les...

Dans ce mois de janvier 1907, à vingt reprises j’ai ouvert, parcouru le rapport que vient de nous donner la Commission du budget : l’inventaire des meubles les plus précieux qui garnissent nos édifices religieux. Les ennemis du catholicisme paraissent s’inquiéter du désastre d’art qu’ils ont organisé et M. Couyba nous énumère les vitraux, toiles, statues, chasubles, reliquaires, etc., etc., dignes à son goût d’être sauvés. La liste est fort incomplète pour les régions que je connais. Bien que...

À la fin de 1909, un beau soir, M. l’abbé Auvray, curé de Grisy-Suisnes, gros bourg du pays de Brie-Comte-Robert, célèbre par la beauté de ses roses, reçut la visite du garde champêtre, qui l’avisa d’avoir à faire connaître dans les quarante-huit heures au maire, M. Triboulet, s’il était disposé à effectuer de ses deniers, dans l’église, les réparations nécessaires (ill. 1). Nécessaires et considérables : la toiture tombait par morceaux dans le chœur et la nef, et l’architecte officiel estima...

Au soir de cette séance, ayant corrigé les épreuves de mon discours à l’Officiel, je rentrais chez moi vers minuit, par un ciel admirable, quand au coin d’une rue, je tombai sur un petit rassemblement formé autour d’une femme et d’un agent de police. La femme, à demi vêtue, portait dans ses bras un enfant. Elle pleurait et suppliait l’agent de l’accompagner chez elle, parce que son ivrogne de mari l’avait battue et mise dehors. L’agent refusait ; les personnes de sentiment le blâmaient ; cell...

Nous connaissons que nous avons ébranlé l’opinion publique par une sorte de mouvement irrésistible, une chaleur qui s’exhale de terre et de tout l’horizon, et qui vient nous mettre au cœur un surcroît de force et d’espérance. Je sentis tout de suite que mon discours avait porté et qu’il répondait à une angoisse générale. Une multitude de personnes et de tous les partis se levèrent pour me dire : « Sur ce point, nous sommes avec vous. » (ill. 7) Ill. 7 : « Au secours des églises, pétition à la...

De 1910 à 1914, Barrès mène campagne pour la défense des églises menacées de ruine. La loi de Séparation de 1905 a des lacunes, le Pape refuse la constitution d’associations cultuelles, le patrimoine religieux français est en péril. L’antidreyfusard du tournant du siècle dépasse ici ses engagements antérieurs et le seul combat clérical. Avec des hommes politiques de différents bords, des artistes, des critiques et des historiens de l’art, il œuvre à une prise de conscience de l’opinion publique et à un amendement de la loi. N’excluant aucun des divers héritages qui ont façonné l’histoire de la France, Barrès considère les édifices religieux d’abord comme un « trésor national » qui constitue « la belle chaîne de l’art français » et doit, à ce titre, être préservé. C’est pourquoi il propose le classement global de toutes les églises - y compris les modestes églises de village - bâties avant 1800. Au musée, institution qui, selon lui, déracine, il préfère le patrimoine agissant in situ, qui incarne de manière concrète et immédiate la continuité historique de la nation et permet une adhésion de sentiment. La grande pitié des églises de France, texte hybride et original - fait de débats parlementaires, dialogues, lettres ouvertes, articles, méditations métaphysiques -, est le journal d’une campagne réussie qui a contribué au vote de la loi de 1913 sur les monuments historiques. Œuvre souvent citée et pourtant mal connue, elle marque la naissance d’une conscience patrimoniale nouvelle. From 1910 to 1914, Barrès campaigned for the defence of churches which threatened to collapse. The law of 1905 which separated State from Church, was imperfect. The pope refused the creation of religious associations and the religious heritage of France was in peril. The anti-Dreyfusard of the turn of the century went further than his previous commitments and the defence of the church. Together with politicians from various parties, artists, critics and art historians, he tried to arouse public awareness and have the law amended. Excluding no part of the historical heritage of France, Barrès regarded religious buildings as first and foremost a “national treasure” which constituted “the beautiful chain of French art” and, as such, had to be preserved. That is why he suggested listing all churches built before 1800 — even small village churches — as historical monuments. He preferred in situ heritage to museums. The latter, he thought, were institutions which uprooted whereas the former embodied — tangibly and directly — the historical continuity of the nation and allowed feelings of adhesion. La grande pitié des églises de France (The great pity of the churches of France), a hybrid and original text — made up of parliamentary debates, open letters, articles and metaphysical meditations —, is about the successful campaign which led to the passing of the law of 1913 on historical monuments. This landmark work, which is often quoted and yet little known, contributed to public awareness of the importance of heritage. Von 1910 bis 1914 führt Barrès eine Kampagne zum Erhalt der in Frankreich vom Zerfall bedrohten Kirchen. Das Gesetz von 1905 über die Trennung von Kirche und Staat hat Lücken, der Papst lehnt die Gründung von Vereinen für Kultusfragen, dadurch geraten die Kirchengebäude in Gefahr. Der einstige Dreyfus-Feind überwindet hier seine früheren Engagements und den rein klerikalen Kampf. Zusammen mit Politikern aus verschiedenen Richtungen, mit Künstlern, Kunstkritikern und –historikern kämpft er dafür, dass sich die gesamte Öffentlichkeit des Problems annimmt und eine Änderung des Gesetzes herbeiführt. Barrès schliesst nichts aus, was zur Gestaltung von Frankreichs Geschichte beigetragen hat, er betrachtet die Kirchen als «nationales Gut», das sich zusammensetzt aus den Gliedern «einer schönen Kette französischer Kunst» und es daher verdient, bewahrt zu werden. Er schlägt vor, alle Kirchen-nicht ausgenommen die einfachsten Dorfkirchen-, die vor 1800 gebaut wurden, zu registrieren und zu klassifizieren. Dem Museum, dem es seiner Meinung nach die Verwurzelung fehlt, zieht er das Denkmal in situ vor, das konkret und unmittelbar vor Ort historische Kontinuität der Nation verkörpert und somit zur Entstehung eines Zusammengehörikeitsgefühls beiträgt. La grande pitié des églises de France (Der Grosse Jammer mit den Kirchen Frankreichs) ist ein originelles, aus Stücken wie parlamentarischen Debatten, Dialogen, offenen Briefen, Zeitungsartikeln und metaphysischen Überlegungen zusammengesetztes Werk, es ist Teil eines erfolgreichen Kampfs, der 1913 zur Verabschiedung eines Gesetzes über Denkmalschutz führte. Oft zitiert und doch nicht in seiner Ausführlichkeit bekannt begründete es ein neues Bewusstsein für Kulturgut und Denkmalschutz. Tra il 1910 e il 1914, Maurice Barrès intraprende una campagna in difesa degli edifici religiosi minacciati dal degrado. La legge che decreta la separazione tra lo Stato francese e la chiesa (1905) è lacunosa a questo riguardo e il papa rifiuta la creazione di associazioni cultuali: il patrimonio artistico religioso si trova allora in pericolo. Già antidreyfusardo, Barrès supera le sue precedenti posizioni e rifiuta di ridurre la battaglia per le chiese alla sola dimensione confessionale. Alleandosi con uomini politici di diverse tendenze, artisti, critici e storici dell’arte, promuove una presa di coscienza da parte dell’opinione pubblica e ottiene un emendamento della legge. Barrès, fedele alla complessità del retaggio storico della Francia, considera le chiese innanzitutto come un “tesoro nazionale”, parte della “bella catena dell’arte francese”, che merita pertanto di essere protetto. Egli propone così di estendere la tutela statale a tutti gli edifici religiosi – comprese le modeste chiese rurali – costruiti prima del 1800. Al museo, istituzione che, ai suoi occhi, sradica le opere, preferisce il patrimonio culturale conservato in situ, che incarna in maniera concreta e immediata la continuità storica della nazione e sollecita un’adesione sentimentale. La grande pitié des églises de France (La grande desolazione delle chiese di Francia), testo ibrido e originale – composto di dibattiti parlamentari, dialoghi, lettere aperte, articoli, meditazioni metafisiche –, è il resoconto di una campagna coronata dal successo, che ha contribuito al voto della legge del 1913 sui Monumenti storici. Opera spesso citata ma poco letta, La grande pitié è l’atto di nascita di una nuova consapevolezza del patrimonio artistico.