Search

Les grands événements de l’époque moderne ont créé de nombreuses occasions de changer de nom et, en même temps, de fixer de nouvelles identités collectives par la création d’un patrimoine onomastique. La mobilité spatiale et sociale se trouve souvent au coeur des mécanismes de ces changements. Au travers des liens entre mobilité et anthroponymie, ce livre propose de nouvelles voies pour étudier l’histoire des noms. Los grandes acontecimientos del periodo moderno crearon numerosas ocasiones para cambiar de nombre y, a la vez, fijar identidades colectivas nuevas mediante la creación de un patrimonio onomástico. La movilidad espacial y social se encuentra con frecuencia en el corazón de los mecanismos de estos cambios. A través de los lazos existentes entre movilidad y antroponimia, este libro propone nuevas vías y numerosos instrumentos de análisis para estudiar la historia de los nombres. La situación de diversas regiones de Europa (Italia del norte, Mallorca, Navarra o Extremadura), el juego de los cambios onomásticos entre numerosos grupos de emigrantes (castellanos que han partido a las Indias, catalanes en Italia, irlandeses en Francia o en España), los efectos de la expansión europea sobre el dominio colonial (nombres del Inca, nombres de indígenas y de esclavos, nombres de soldados coloniales) son los principales temas examinados en el presente libro.

Este artículo presenta un programa de investigación que ha sido aprobado y financiado por la Universidad de Pisa, en la primavera de 2008, y que está dedicado a la Historia de los apellidos italianos desde la Edad Media hasta la época actual. El grupo de trabajo es totalmente interdisciplinario, incluyendo historiadores, expertos en historia de las leyes, lingüistas y en estadística. El interés de la investigación se focaliza en las razones y los mecanismos más allá de la formación y de la estabilización de los apellidos para la gente común en diversos períodos históricos y regiones de Italia. La investigación abordará los problemas relacionados con la definición de identidades personales y familiares dentro de las comunidades y en sus interacciones con el Estado. Un aspecto importante será el estudio de la relación entre estabilización del apellido y la dialéctica entre estabilidad y movilidad. Au printemps 2008, l’Université de Pise a approuvé le projet d’un programme de recherche consacré à l’Histoire des noms de famille italiens depuis le Moyen-Âge à nos jours. Afin de le mener à bien, nous avons constitué un groupe de travail parfaitement interdisciplinaire, regroupant aussi bien des historiens, des spécialistes de l’histoire du droit, des linguistes et des statisticiens. L’objectif de cette recherche est de mettre en évidence les raisons qui président aux choix des noms ainsi que les mécanismes sous-jacents à leur histoire, au-delà même de l’apparente stabilisation de ces noms pour les gens du commun à certaines périodes et dans certaines régions d’Italie. Cet ensemble de recherches insistera sur la formation des identités personnelles et familiales au sein des diverses communautés et sur leurs interactions avec l’État. L’un des aspects importants de cette étude portera sur les liens dialectiques existant entre stabilité des noms et mobilité. This report presents a research program which was approved and financed by the University of Pisa in Spring 2008 and is devoted to the History of Italian surnames from the Middle Ages to the present time. The working group is strongly interdisciplinary, including historians, experts in legal history, linguists and experts in statistics. The focus of the research is on the reasons which determine choices of names and the hidden mechanisms underlying the formation and apparent stabilization of surnames for ordinary people in different historical periods and regions of Italy. The research will highlight the problems connected with the definition of personal and family identities within communities and in interactions with the State. One important aspect is the relationship between surname stabilization and stability of residence or mobility.

Les listes d’hommes et de femmes illustres ont envahi, sous des formes extrêmement variées, la production littéraire et iconographique de l’Europe des XIVe-XVIIe siècles. Par-delà le constat de la fortune du genre et l’inventaire de ses avatars, cet ouvrage s’intéresse à la façon dont cette spectaculaire efflorescence de collections de noms, de biographies et d’images traduit un rapport spécifique à l’histoire et à la grandeur de l’humanité, qui caractérise l’imaginaire de la Renaissance. Les assemblées héroïques ainsi constituées, réarrangées, continuées jusqu’à l’âge présent, révèlent les évolutions des modèles de l’exemplarité individuelle et des pratiques commémoratives, fondées notamment sur l’instrumentalisation généalogique du passé et la mise en scène glorieuse de l’actualité. De Boccace à Montaigne et Charles Perrault, de l’Italie des seigneurs-condottières à l’Empire des Habsbourg, des humanistes dalmates aux ligueurs français, ce livre fait émerger certains des principaux motifs et vecteurs d’une vogue des grands hommes qui a prospéré à l’âge de l’humanisme et de l’imprimé, les stratégies politiques et identitaires qu’elle recelait, mais aussi son érosion progressive, au profit d’autres idéaux et au service d’autres enjeux.

Dans la culture humaniste un homme était considéré comme « grand » en raison de ses vertus personnelles, mais au cours des xvie et xviie siècles cette conception fut conditionnée par l’idéologie nobiliaire du lien entre vertu et sang, et donc de la transmission de la grandeur d’une génération à l’autre, caractéristique non tant d’un individu que d’une famille. Au xviiie siècle cette conception généalogique de la vertu fut contestée au nom du mérite individuel et de l’utilité sociale, un thème qui au siècle suivant fut associé à l’idée nationale. La gloire féminine fut considérée d’un manière spécifique et relativement différente. In the culture of the Humanism a man was great because of his individual virtues. During the 16th and 17th centuries this idea was changed by the noble theory of the link between virtue and blood; so the greatness passed from one generation to another, and was not only an individual but also a familiar characteristic. During the 18th century this genealogical conception of the virtue was contested in relationship with the ideas of individual merit and social utility; and in the 19th century the judgement about the greatness of a man was connected with the national ideal. The greatness of the women was considered in a peculiar and somewhat different way.

Comment l’incorporation des ancêtres, qu’elle soit matérielle ou symbolique, peut-elle participer de l’identité du « moi » sans envahir le corps et l’âme de l’individu qui les porte ? La question des origines travaille en profondeur le processus de construction identitaire que ce soit à l’échelle des individus ou à l’échelle collective. Le rapport à l’ancestralité, comme chaîne de relation entre le passé et le présent, peut alors s’articuler au paradigme généalogique qui imprègne de nombreuses sociétés, pas seulement les sociétés « premières » – même si c’est sur ce terrain que les anthropologues ont d’abord investi cette notion – mais aussi les sociétés occidentales. La pensée de ce lien a une histoire savante et génère des pratiques sociales, qui impliquent les conceptions historiques de l’hérédité, de ses représentations et de son rôle dans la construction de l’individu en société. Le point de départ de notre réflexion porte ici sur la nature des récits généalogiques en tant que configurations narratives de l’identité des acteurs sociaux, du Moyen Âge à l’époque contemporaine. Cet ouvrage, ouvert à l’interdisciplinarité dans un souci diachronique de contextualisation du rapport aux ancêtres, cherche ainsi à comprendre comment l’ancrage de l’individu dans des existences passées peut être approprié par le sujet historique, à l’interface de l’économie psychique et de la vie sociale.

Commençons en citant deux textes distincts, abrégés quelque peu, pour ne pas abuser de la patience du lecteur. On raconte qu’Aleramo [Malaspina] fut duc de Saxe, parent étroit de la lignée à laquelle appartenaient les empereurs Othon, premier, second et troisième de ce nom. Il épousa Alasia, dite aussi Adleida, fille d’Othon le second, lequel accorda à Aleramo maint fief. Ces informations, je les ai trouvées dans des papiers de la famille Malaspina. Et, à côté des manuscrits, la confirmation ...

I Les études italiennes d’histoire de la formation de l’Etat moderne accordent une place centrale, depuis le célèbre essai de Federico Chabod Y-a-t’il un Etat de la Renaissance ?, à l’analyse des bureaucraties, au sens weberien, c’est-à-dire des corps de fonctionnaires spécialisés, porteurs de valeurs et d’intérêts généraux face au clientélisme des systèmes de gouvernement féodaux, lato sensu. A ce propos, au cours des dernières années, l’historiographie italienne a connu une opposition très ...

Les historiens de l’Empire Romain ont donné ses lettres de noblesse à la prosopographie : le lien entre « État » et « prosopographie » est donc évident. Mais l’Etat moderne européen, tel que dans sa lente genèse il se met en place entre le xiiie siècle et le xviiie siècle est aussi le cadre social dans lequel se forme peu à peu l’individu, sujet et citoyen à la fois. La méthode s’applique-t-elle aussi facilement à cet individu des sociétés d’ordres et de classes à la fois qui sont celles de l’Europe Occidentale à la fin du Moyen Age et à l’époque Moderne ? Qu’apporte-t-elle ? Quelles sont ses limites, ses dangers, ses apories ? Dans une perspective européenne (Italie, France, Péninsule Ibérique, Allemagne, Scandinavie, Angleterre, Pays-Bas) et sur une longue durée qui transcende la coupure néfaste entre Moyen Age et Temps Modernes, une quarantaine de spécialistes apportent leur contribution à un débat qui concerne aussi bien les méthodes que la problématique de l’histoire médiévale et moderne.

Je me propose ici de mettre en rapport la culture généalogique des noblesses italiennes de l’époque moderne et une coutume qui s’affirme au XVIIIe siècle au sein même de l’ordre social, le sigisbéisme. Comme on le verra, les problèmes que pose ce rapport peuvent nous suggérer quelques réflexions directement liées au thème de la filiation. La culture généalogique Commençons par la culture généalogique. Je partirai d’un texte littéraire de faible valeur artistique, mais particulièrement suggest...

L'argument de la filiation est souvent invoqué par les anthropologues à l'appui des débats qui les opposent, au cœur de leur discipline, sur ce qui est donné, commun à l'ensemble des sociétés humaines, et ce qui est construit dans des contextes culturels particuliers. Quoi de plus « naturel », de plus « universel » en effet que cette relation filiative qui répond aux nécessités de la reproduction sexuée de l'espèce, invariant qui relève des mêmes évidences que la distinction des sexes ? Le présent ouvrage, présenté sous la forme d'un recueil de textes, réunit des spécialistes de différentes disciplines - anthropologues, historiens, juristes - qui explorent la manière, relativement convergente, dont la filiation est établie dans des sociétés, anciennes et modernes, situées autour de la Méditerranée. Ces sociétés, polythéistes ou relevant des trois grandes religions monothéistes nées dans cette aire, donnent à voir des agencements qui lient la filiation, et plus largement la parenté, à la constitution de l'ordre social et cosmique. Des pratiques d'alliance de mariage dans la proximité consanguine brouillent le calcul de la filiation, la distinction des lignées paternelle et maternelle, celle de l'ascendance et de la descendance… Les récits d'origine aussi bien que la manière de dire le droit expriment les débats qui s'ouvrent ainsi et sous-tendent la définition des règles de prohibition de l'inceste. Ces débats sont renouvelés dans le contexte contemporain de développement des techniques de procréation assistée. Ils montrent que la définition et le calcul de la filiation n'interviennent pas seulement dans le champ particulier de la parenté, mais déterminent aussi la transmission intergénérationnelle des biens matériels et symboliques, ainsi que les identités et les statuts, éventuellement les titres politiques ; ils relèvent simultanément de la codification du droit.