Cet article traite les phenomenes ayant lieu a l’interface entre un solide et son milieu, a l’equilibre et en cas de croissance du solide. Le trait commun est la rencontre, a l’interface, de deux flux de matiere de sens opposes : l’un, constitue de molecules qui s’y deposent avant d’etre incorporees dans le reseau cristallin, l’autre, de molecules qui quittent l’interface en direction du milieu. A l’equilibre, l’intensite des deux flux est egale et depend de la cinetique interfaciale, elle-meme regie par les proprietes des phases au voisinage immediat de l’interface. A la sursaturation, representee par la difference des potentiels chimiques dans les deux phases, le flux de croissance est predominant, sans qu’il existe cependant une dependance lineaire entre le flux net et la sursaturation, comme l’on aurait pu s’y attendre par analogie avec l’electrodynamique en assimilant l’interface a une resistance passive. La voie que nous nous proposons de suivre passe donc par la consideration des equilibres a l’interface entre un cristal et son milieu, qui nous revelent les mecanismes microscopiques a la saturation, avant d’aborder la cinetique interfaciale de croissance, dont la dependance avec la sursaturation peut etre assez complexe. Deux remarques decoulent de cette procedure. — L’approche utilisee est exclusivement moleculaire-statistique. Par rapport a l’approche basee sur la thermodynamique classique et sur la mecanique des milieux continus NOZIERES (P.) - * , la methode choisie a l’avantage de mieux visualiser les phenomenes physiques, au prix de quelques concessions a la rigueur mathematique. En outre, elle s’avere mieux adaptee au traitement des systemes a energie de surface elevee et fortement anisotrope, tel un cristal qui croit a partir de sa vapeur. — Il faut souligner que la cinetique globale de croissance depend autant de la cinetique interfaciale que de la cinetique du transport de matiere du milieu vers l’interface. Cependant, les mecanismes du transport dans le volume sont communs a d’autres procedes (genie chimique, combustion, etc.) et sont traites en detail par la mecanique des fluides, d’ou notre choix de ne pas depasser dans cet article le cadre des phenomenes interfaciaux.