Cet article étudie comment l’analyse et la visualisation de caractéristiques sensorielles de l’image en mouvement pourraient contribuer à une reconstitution des archives audiovisuelles, et comment cela affecte comment les objets qui constituent ces archives acquièrent du sens. À ce but, l’article s’inspire du projet de recherche en cours The Sensory Moving Image Archive (SEMIA). Le point de départ du projet SEMIA était l’observation que les utilisateurs étaient contraints par des pratiques courantes de description archivistique qui donnent accès aux archives d’images en mouvement numérisées. En général les catalogues institutionnels ou les systèmes de gestion de contenu ont tendance à se servir de labels soi-disant ‘sémantiques’ : des mots-clés ou des tags qui facilitent l’identification d’entités qui figurent dans ou qui sont associés aux images en mouvement (par exemple personnages, lieux, dates, genres, etc.). Ces catégories sont produites ou manuellement (avec des résultats souvent fragmentaires) ou — comme c’est le cas de plus en plus souvent — avec des outils qui permettent de créer des métadonnées de manière automatisée automatiquement ou sémi-automatisée. Pourtant, la dépendance de descripteurs sémantiques implique une logique de recherche ciblée qui présuppose que les utilisateurs savent ce dont ils cherchent ; en outre, la recherche est profondément influencée par les cadres d’interprétation qui dirigent la création de catégories et de labels. Cela risque de poser des restrictions à ce que les utilisateurs peuvent trouver ou à comment ils peuvent établir des rapports entre des objets — et finalement aussi à comment ils peuvent utiliser ou réinterpréter le contenu des archives. Le projet SEMIA se propose d’étudier si et comment l’analyse visuelle et la visualisation de rapports sensoriels entre les objets pourraient contribuer à développer une alternative qui peut offrir une forme de navigation davantage explorative.Notre article propose une réflexion sur ce que cet effort comprend en termes d’attribution de sens dans le contexte des archives d’images en mouvement. Qu’est-ce qu’implique les transformations numériques pour la compréhension des objets et les rapports entre eux ? Comment les conditions de création d’un sens changent-ils à différents points dans le processus de l’analyse computationelle et du design d’interface ? Quels sont les mérites à la fois de la transformation des images et des archives et de nouvelles significations possibles qui se présentent en termes d’accès et réutilisation ? En étudiant ces questions, nous considérons aussi le rôle prospectif de la sérendipité dans la rencontre entre les utilisateurs et les objets de bases de données et de la création de sens, tout en nous penchant sur le prototype de l’outil que l’équipe scientifique de SEMIA est en ce moment en train de développer. The article explores how the analysis and visualization of sensory features in digitized moving images contributes towards the reconstitution of audiovisual archives, and how this affects how the objects and collections that make up those archives acquire meaning. In doing so, it takes inspiration from the ongoing research project The Sensory Moving Image Archive (SEMIA). SEMIA was born out of the observation that users, in accessing repositories of digitized moving images, are constrained by current practices of archival description. Institutional catalogues and collection management systems generally make use of so-called ‘semantic’ labels: keywords or other tags that serve to positively identify entities featured in or otherwise associated with specific items (e.g. people, locations, dates, genres, etc.). Those labels are either produced manually (as a result of which they are also highly fragmentary) or, increasingly, with tools for automatic or semi-automatic metadating. However, reliance on semantic descriptors implies a logic of targeted search, which presupposes that users know what they are looking for; moreover, searching is profoundly shaped by the interpretive frameworks that govern labelling. Arguably, this poses restrictions on what users can find or how they can relate archival objects to each other—but ultimately also in terms of how they can use or reinterpret the contents of archives. The SEMIA project team sets out to explore whether, and if so how, visual analysis and visualization of the sensory relations between items can help provide an alternative, affording more exploratory forms of browsing.In this article, we reflect on what this effort entails in terms of how meaning is assigned in the context of moving image archives. What do the different digital transformations that archival objects undergo entail in terms of how they are understood, also in relation to each other? How do the conditions for meaning production get shaped, at different points in the processes of computational analysis and interface design? What are the merits, both of the transformation of images and archives and of the attendant possibilities for new meaning being opened up, in terms of archival access and reuse? In exploring these questions, we work towards a consideration of the role of serendipity in how users encounter, and draw meaning from, database objects, in relation to the tool prototype the SEMIA team is currently developing.