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Les différents scrutins de la période 1879-1885 montrent la domination de l’opportunisme mais également les débuts de la contestation de celui-ci. Plutôt qu’une approche par type de scrutin, nous avons choisi ici une démarche résolument diachronique, mieux à même de montrer comment le parti républicain modéré domine le département mais aussi comment le parti anti-opportuniste, qui se qualifie lui-même alors de républicain indépendant, se construit progressivement, au fil des événements, faisa...

Outre l’assassinat de Sadi Carnot et les prémices de l’affaire Dreyfus, la vie politique de la première moitié des années 1890 est marquée en France par deux événements majeurs, qui touchent particulièrement les républicains modérés. Le Ralliement des catholiques à la République à partir de 1890-1892 et leur rapprochement avec les républicains modérés, tout d’abord, sont bien accueillis par les opportunistes, qui abandonnent peu à peu l’intransigeance anticléricale qui était la leur, au profi...

Les fêtes et les monuments républicains, dont l’apogée se situe dans les années 1880-1900, permettent de diffuser, d’enraciner et de définir à la fois l’identité nationale et républicaine. Fêtes de souveraineté, les fêtes républicaines confortent la légitimité du pouvoir et en rappellent les événements fondateurs. Elles participent à la diffusion de nouvelles valeurs, de nouvelles pratiques, de nouvelles représentations. Pour les républicains, elles doivent resserrer les liens entre les citoy...

L’italianité de Nice devient, des années 1880 à 1900, de plus en plus problématique. Nous avons montré, dans un ouvrage précédent, comment l’italianité du comté niçois s’est peu à peu estompée au cours des années 1860-1879, non pas uniquement par la volonté unificatrice et autoritaire de l’État impérial puis républicain, mais aussi par l’action de la presse et, surtout, des notables locaux qui ont constaté que la revendication d’une identité nationale autre que française les écartait de l’exe...

En 1879, la domination des républicains modérés dans le département semble sans partage, autour de deux personnalités alliées et formant une sorte de dyade : Léon Chiris dans l’arrondissement de Grasse et Alfred Borriglione dans l’ancien comté de Nice. L’opposition de droite, légitimiste et orléaniste, est quasi inexistante et la plupart des anciens bonapartistes se sont ralliés à la République. L’Église du département ne souhaite pas, dans l’ensemble, le retour de la monarchie et ne particip...

La situation politique dans les Alpes-Maritimes au cours des années 1879-1889 est, sur certains points, différente du modèle national. En effet, si l’arrondissement de Grasse voit s’affronter, de façon classique, des républicains modérés et radicaux, la vie politique dans l’ancien comté se caractérise par une structuration plus complexe, voire plus confuse, du champ politique. La droite catholique, dans cette région paradoxalement très gallicane, n’existe pas politiquement. En 1886, le préfet...

Les années 1896-1898 sont souvent considérées comme représentant un apogée du progressisme, ou du moins un « tournant majeur de l’expérience républicaine modérée ». Les républicains de gouvernement, qui se sont éloignés de la gauche radicale pour se rapprocher de la droite à la suite du Ralliement, définissent en effet alors un « régime républicain modéré » penchant légèrement à droite et le ministère Méline, qui consacre cette nouvelle orientation des républicains de gouvernement, permet le ...

Les structures de sociabilité se renouvellent profondément en France au cours des années 1880 et 1890. La sociabilité communale se politise tandis que les cercles se démocratisent et se diffusent géographiquement dans des espaces où ils n’étaient pas présents auparavant. Espaces de libertés et de loisirs, structures intermédiaires entre la famille et la commune, lieux de lecture de journaux et de discussion des problèmes locaux et nationaux, les cercles jouent un rôle politique majeur dans le...

Les événements liés à l’action du général Boulanger, épisode majeur des débuts de la IIIe République, moment révélateur des contradictions de la République « bleue », sont aujourd’hui bien connus, même si l’interprétation du mouvement boulangiste divise encore les historiens. Le boulangisme bénéficie tout d’abord d’un contexte : le malaise social consécutif à la crise économique de 1882, les déceptions provoquées par le bilan social médiocre des républicains modérés au pouvoir, la division du...

Les différentes cérémonies et manifestations mémorielles ou scientifiques organisées en 2020 à l’occasion du 150e anniversaire du 4 septembre 1870, si elles n’ont pas déchainé les passions du grand public, ont néanmoins montré que le régime tertio-républicain reste, par de nombreux aspects, une référence majeure de l’histoire politique de la France. Malgré son effacement progressif de la mémoire collective, la IIIe République demeure ainsi, aujourd’hui encore, un objet historique d’actualité ...

La vie politique, dans les Alpes-Maritimes, n’est pas seulement une question de personnes, mais bien aussi d’idées, de valeurs, de représentations, de pratiques, de stratégies, de réseaux, de structures, de partis, enfin de cultures politiques. Si la qualité, la prestance, le charisme, l’aura ou la singularité des personnalités jouent un rôle indéniable, il est nécessaire de mettre à distance les sources administratives qui, très vite, renvoient les comportements politiques locaux à un archaï...

La fin des années 1880 et les années 1890 se caractérisent, à l’échelle nationale, par plusieurs évolutions majeures. Le moment boulangiste montre tout d’abord l’essor et l’exaspération d’une opposition polymorphe mais virulente envers les républicains modérés, qui se trouvent ensuite contestés par l’essor du socialisme et des revendications ouvrières, la « question sociale » et la structuration du radicalisme. Le scandale des décorations, en 1887, puis celui de Panama, en 1891-1893, fragilis...

De 1879 à 1898, la Troisième République traverse une période mouvementée faite de crises, de tensions, de divisions du parti républicain et d’essor du nationalisme. Dans ce contexte, les républicains modérés se trouvent au cœur des événements qui permettent l’émergence et les premiers pas de la « République des républicains », contribuant à donner au régime certains de ses traits les plus marquants et les plus durables. Cependant, si les événements nationaux et les débats à l’Assemblée ou dans les grands quotidiens parisiens sont bien connus, l’évolution et les recompositions du courant républicain modéré en province demeurent peu étudiées. Dans ce département particulier qu’est celui des Alpes-Maritimes, cas original de modérantisme méridional, ce livre analyse les partis, les pratiques et les différentes structures politiques afin de montrer comment le républicanisme modéré se transforme, se recompose et parvient à surmonter ses difficultés et ses remises en cause, tout en demeurant attaché aux valeurs libérales de 1789. Au-delà d’un « modèle » unique et parfois fantasmé, le cas des Alpes-Maritimes montre ainsi la souplesse, la capacité d’adaptation et la diversité du régime républicain.

« Belle Époque », « Trente glorieuses », « Années de plomb » : les noms de période ont servi aux historiens de « divisions imaginaires du temps ». Peut-on parler des « Dix décisives » pour la décennie 1869-1879, soulignant ainsi la continuité de l’influence libérale ? Cent cinquante ans après l’effondrement du Second Empire, de l’écrasement de la Commune de Paris et de la lente et incertaine conquête de la République, la décennie 1869-1879 mérite d’être revisitée. Le temps est venu d’offrir une synthèse renouvelée, prolongée d’une réflexion mémorielle sur les ressorts de l’établissement de « la plus longue des Républiques ». Quel est le moment décisif ? Sans doute celui durant lequel les choses se décident, où les acteurs sortent du provisoire, saisissent l’opportunité de l’instant de la décision. Les « Dix décisives » s’inscrivent en amont de l’installation durable de la Troisième République, enfin solidement aux mains des républicains : l’alliance politique et intellectuelle entre républicains modérés et libéraux orléanistes, préparée par une maturation et des échanges intellectuels, a servi de clé de voûte à la fondation durable de la République parlementaire en France.

Dans un ouvrage récent, Olivier Grenouilleau a rappelé que la construction des identités locales ne s’est pas faite, en France, contre mais parallèlement à la construction de l’identité nationale. Pourtant, différentes études signalent des tensions régionalistes ou provincialistes au cours des années 1870, en Bretagne ou en Savoie notamment, tensions qui semblent disparaître aussi rapidement qu’elles sont apparues, et qui invitent à se demander comment la Troisième République naissante a géré...

Comment penser et exercer l'autorité ? Longtemps, la notion fut dénoncée et remise en cause tant sur le plan social que culturel. Aujourd'hui, elle fait l'objet d'une forme de réhabilitation dans le débat public au risque de servir de slogan et de remède à tous les problèmes actuels de la société française. Dans ce contexte, il semble utile de poser à nouveaux frais la question formulée par Hannah Arendt à la fin des années 1950 : « Qu’est-ce que l’autorité ? ». C’est l’objectif que se donne cet ouvrage collectif franco-allemand dans une approche pluridisciplinaire. Au croisement de l’histoire, de la philosophie et de la science politique, il vise à interroger les notions gravitant autour de celle d’autorité comme le pouvoir et la domination pour mieux réfléchir à partir de cas concrets aux conditions pratiques de l’exercice de l’autorité en France et en Allemagne au xixe et au xxe siècle. En cernant au plus près ces pratiques d’autorité, on est mieux à même de dégager les stratégies d’accommodement, de résistance ou de contournement qui permettent de rendre compte de la complexité du social.

Plusieurs travaux d’historiens et de politistes ont, depuis une quinzaine d’années, souligné l’intérêt de l’étude du clientélisme pour la compréhension de l’histoire politique de la France du xixe siècle (Briquet 1997 ; Briquet, Sawicki, 1998 ; Phélippeau, 2002 ; Tafani, 2003 ; Monier, 2007). Le clientélisme politique, qui peut être défini comme « l’échange, entre un élu et ses électeurs, de faveurs et de services contre des votes et des soutiens politiques » (Briquet, 1997 : 13), est une pra...