Caroline Dutriaux, Céleste Lebbé, Marie-Thérèse Leccia, Wendy Lefevre, David Russo, Olivier Dereure, Julie De Quatrebarbes, Delphine Legoupil, Philippe Saiag, Clara Allayous, S. Dalac-Rat, Laurent Mortier, S. Dalle, Eve Maubec, Florence Granel Brocard, Bastien Oriano, Jean-Philippe Arnault, Lise Boussemart, Henri Montaudié, and Brigitte Dreno
Introduction En raison de l’oncogenese induite par les rayons ultraviolets, la charge mutationnelle tumorale est classiquement elevee dans les melanomes cutanes. Elevee, elle est un biomarqueur predictif de reponse aux anti-PD-1, mais une telle richesse mutationnelle peut au contraire faciliter l’emergence precoce de clones resistants sous therapies ciblees. Nous avons emis l’hypothese que la survie post immunotherapie vs therapies ciblees en 1e intention dans le melanome avance peut varier selon du profil de photo exposition du site de survenue du melanome primitif. Materiel et methodes Dans le cadre de Melbase, biobanque multicentrique francaise dediee au suivi prospectif des melanomes non resecables de stade III/IV, tous les patients atteints d’un melanome cutane primitif connu, ayant recu un traitement systemique de 1e intention par immunotherapie ou therapie ciblee entre 2013 et 2019 ont ete inclus. Les criteres de jugement etaient la survie sans progression (SSP) et la survie globale (SG). Resultats Neuf cent soixante treize patients ont recu une monotherapie anti-PD-1 (n = 466), anti-CTLA-4 (n = 143), l’association des deux (n = 118), dabrafenib + trametinib (n = 187) ou vemurafenib + cobimetinib (n = 59). Les caracteristiques des patients au debut du traitement etaient : sexe masculin (62 %), âge median 62 ans, BRAFwt (58 %), stade AJCC IV (84 %), metastases cerebrales (18 %), ECOG 0-1 (84 %) et LDH normaux (52 %). Le suivi median etait de 15,5 mois. Le melanome primitif etait localise en peau chroniquement photo-exposee (G1 : tete cou, n = 175), en peau exposee par intermittence (G2 : tronc, bras, jambes, n = 615), ou en zone non photo-exposee (G3 : paumes, plantes, n = 65). La mediane de SSP etait significativement meilleure pour le groupe G1 sous anti-PD-1 (8,7 mois vs 3,3 et 3,4 mois pour G2 et G3, respectivement) (p = 0,011), tandis que la SSP semblait meilleure pour le groupe G3 sous therapies ciblees (19,2 mois vs 8,1 et 6 mois pour G2 et G1) (p = 0,31), non significativite possiblement liee au faible effectif G3 traite par therapie ciblee (n = 8). La SSP ne differait pas significativement entre groupes sous ipilimumab. De meme, la mediane de SG etait significativement plus elevee pour le groupe G1 post anti PD-1 en 1e ligne (45,6 mois vs 31,6 et 21,4 mois pour G2 et G3) (p = 0,04), par opposition a la mediane de SG observee post therapies ciblees (19,5 mois vs 16,3 et 21,1 mois pour G1, G2 et G3 respectivement). Discussion Notre etude suggere que les anti-PD-1 en premiere intention sont particulierement recommandes en contexte de melanome primitif survenu en zone chroniquement exposee au soleil. En revanche, les patients dont le melanome provient d’une zone non-photo-exposee pourraient beneficier davantage d’une therapie ciblee de 1e intention lorsque cela est possible (presence de mutation BRAF), mais ce resultat reste a confirmer par des recherches ulterieures.