In Tunisia, in the aftermath of the 2011 Revolution, many protected natural areas such as national and urban parks were severely degraded and vandalized. In parallel, in 2014, nature became a constitutional right and at the same time in the tourism sector, touristic offers more attuned to natural areas emerged. What do these contradictory behaviours tell us about Mankind/Nature relations in post-revolution Tunisian society? Our research focuses on the analysis of the social representations of nature, in particular "iconic" images, old and new, of nature (Part 1), the ambitions of public policies in terms of environmental protection that have followed one another since Independence, the environmental themes promoted by the actors of the post- revolution public debate (political, associative, media) (Part 2), as well as recent trends in Tunisian tourism and the new outdoor activities of the Tunisian people (Part 3). In the first part, our research highlights the persistence of certain images of nature. We can thus note the domination and the importance of images of a productive nature, a reservoir of resources but also for some of its components, images of paradise (gardens, oases). This transmission, from the pre-Christian era to the present day, has been possible thanks to various artistic media (mosaics, ceramics, poetry, painting...). Our research demonstrates both the persistence and the mobility of social representations of nature, as well as their diversity. Dissonances also appear between the representations of different groups of actors in Tunisian society, both ancient and contemporary (e. g. images and multiple representations of oases and the desert). In the second part, our research details the major stages of the process of institutionalization of nature initiated after the Independence of Tunisia and shows the predominance of an anthropocentric and eco-centred vision of nature. At that time the desire to protect nature prevailed both in the constitution and organisation of institutions and in the policies implemented by the Ministries of Agriculture and then of the Environment, which still share the task today. Our research also highlights the influence of international models of nature protection on the work of these two ministries, particularly in the creation of many protected areas such as national parks. The analysis of two nature areas (Ichkeul National Park and Nahli Urban Park) reveals many contradictions between the policies expressed by the institutions and the achievements on the ground. In the aftermath of the Revolution, these areas, considered as emblems of power, crystallized not only the discontent and oppositions of some Tunisians but also their disappointment and were subjected to acts of vandalism and degradation. Paradoxically, at the same time, nature was enshrined as a universal right in the new Tunisian constitution of 2014. This institutionalized nature corresponds to a nature which belongs to the Tunisian people and which the State must protect in order to transmit it to future generations. It is simultaneously seen as a reservoir of natural resources, an element of the Tunisian people's living environment, an entity with fragile equilibrium and a component of the nation's heritage. Our research also demonstrates, in the aftermath of the Revolution, the emergence in public debate of new actors, bringing new opinions on the state of nature and new visions on the relationship between man and nature. In ecological political parties, within the associative network or in the media, the Revolution allowed the circulation of new representations of nature that were often at odds with institutional practices in the pre-revolution period. Here again, our research highlights the contradictions between political agendas and actions. The third part emphasizes the different components of nature mobilized during the development of tourism in Tunisia since Independence, from the "clichés" that ensured the development of the dominant seaside model to the emergence, since the Revolution, of an alternative tourism offer driven by new actors, who offer new types of accommodation and leisure activities, and use new forms of communication mainly based on social networks. This different tourist offer enhances natural spaces, the land and local know-how. It is strongly influenced by the desire to encourage encounters and exchanges with the inhabitants and often falls under the category of "experiential tourism". For the majority of Tunisians, however, national and urban parks are essentially perceived as non-urbanized natural areas made available to them for family relaxation and recreation., En Tunisie, au lendemain de la Révolution de 2011, de nombreuses aires de nature protégées comme les parcs nationaux et les parcs urbains subissent de graves dégradations et actes de vandalisme. Parallèlement, en 2014, la nature devient un droit constitutionnel, et au même moment, dans le secteur du tourisme, s’affirme l’émergence d’une offre touristique plus proche des espaces naturels. Que nous disent ces comportements si contradictoires des relations homme/nature de la société tunisienne post-révolution ? C’est au travers de l’analyse des représentations sociales de la nature que notre recherche se concentre, en s’intéressant en particulier, aux images « iconiques », anciennes et récentes, de la nature (partie 1), aux ambitions des politiques publiques en matière de protection de l’environnement qui se sont succédées depuis l’Indépendance, aux thématiques environnementales portées par les acteurs du débat public post-révolution (politique, associatif, médias) (partie 2), ainsi qu’aux tendances récentes du tourisme tunisien et aux nouvelles pratiques de pleine nature des Tunisiens (partie 3). Dans une première partie, notre recherche met en évidence la persistance de certaines images de la nature. On relève ainsi la domination et la prégnance des images d’une nature productive, réservoir de ressources mais aussi pour certaines de ses composantes, les images du paradis (jardins, oasis). Cette transmission, de l’ère pré-chrétienne jusqu’à aujourd’hui, a notamment été possible grâce à différents supports artistiques (mosaïques, céramiques, poésies, peinture…). Notre recherche montre ici à la fois la persistance et la mobilité des représentations sociales de la nature, ainsi que leur diversité. Des dissonances apparaissent aussi entre les représentations de différents groupes d’acteurs de la société tunisienne ancienne et contemporaine (ex. : images et représentations multiples des oasis et du désert). Dans une deuxième partie, notre recherche détaille les étapes majeures du processus d’institutionnalisation de la nature initié à partir de l’Indépendance de la Tunisie et montre la prédominance d’une vision anthropocentrée et éco-centrée de la nature. C’est alors la volonté de protéger la nature qui a prévalu tant dans la constitution et l’organisation des institutions que dans les politiques mises en œuvre par les ministères de l’agriculture puis de l’environnement, qui s’en partagent encore la charge aujourd’hui. Notre recherche souligne également l’influence des modèles internationaux de protection de la nature dans l’action de ces deux ministères, en particulier dans la création de nombreux espaces protégés tels que les parcs nationaux. L’analyse de deux aires de nature (parc national d’Ichkeul et parc urbain de Nahli) révèle de nombreuses contradictions entre les politiques affichées par les institutions et les réalisations sur le terrain. Au lendemain de la Révolution, ces espaces considérés comme des emblèmes du pouvoir ont d’ailleurs cristallisé les mécontentements, les oppositions mais aussi les déceptions de certains Tunisiens, et ont connu des actes de vandalisme et de dégradation. Paradoxalement, dans le même temps, la nature a été consacrée en tant que droit universel dans la nouvelle constitution tunisienne de 2014. Cette nature institutionnalisée correspond à une nature appartenant au peuple tunisien, que l’État doit protéger pour la transmettre aux générations futures. Elle s’entend à la fois comme un réservoir de ressources naturelles, un élément du cadre de vie des Tunisiens, une entité aux équilibres fragiles et une composante du patrimoine de la nation. Notre recherche atteste également, au lendemain de la Révolution, de l’émergence dans le débat public de nouveaux acteurs, porteurs de nouvelles opinions sur l’état de la nature et de nouvelles visions sur les relations homme/nature. Dans les partis politiques écologistes, au sein du réseau associatif ou dans les médias, la Révolution a permis la circulation de nouvelles représentations de la nature souvent en rupture par rapport aux pratiques institutionnelles dans la période pré-révolution. Notre recherche met ici encore en lumière les contradictions entre les affichages politiques et les actes. La troisième partie insiste sur les différentes composantes de la nature mobilisées lors du développement de l’activité touristique en Tunisie dès l’Indépendance, des « clichés » qui ont assuré le développement du modèle balnéaire dominant à l’apparition, depuis la Révolution, d’une offre de tourisme alternative portée par de nouveaux acteurs, qui proposent de nouveaux types d’hébergements et d’activités de loisirs, et utilisent de nouvelles formes de communication essentiellement basées sur les réseaux sociaux. Cette offre touristique différente valorise les espaces naturels, le terroir, les savoir-faire, fortement empreinte de la volonté de favoriser les rencontres et les échanges avec les habitants, et relève souvent du « tourisme expérientiel ». Pour la majorité des Tunisiens, toutefois, parcs nationaux comme parcs urbains sont essentiellement perçus comme des espaces de nature non-urbanisés mis à leur disposition pour la détente et les loisirs en famille.