Résumé La volatilité constatée des taux de change réels dans beaucoup d’économies, notamment dans les pays en développement, et l’efficacité du taux de change en tant qu'instrument décisif dans l’élaboration des politiques d’ajustement structurelles et dans la stabilité économique, soulèvent la question de la détermination d'un niveau d’équilibre du taux de change. En effet, toute distorsion prolongée et sévère du taux de change par rapport à son niveau d’équilibre crée des déséquilibres macroéconomiques et conduisent à une perte de compétitivité et augmentent les pressions sur le niveau des réserves de change, en particulier, dans les économies adoptant des régimes de change fixe. Dans ce cadre, cette étude porte sur l’estimation du taux de change d’équilibre afin d’évaluer le degré d’alignement/désalignement du taux de change d’équilibre avec le taux de change effectif réel. Cette étude vise à présenter de manière résumée les résultats et les conclusions de cette estimation qui a été réalisée à l’aide de la méthode appelée : Behavioural Equilibrium Exchange Rate (BEER) en raison de son niveau d’adaptation avec les réalités et les spécificités de l’économie marocaine. L’estimation du modèle s’est basée sur l’analyse des données par l’utilisation de la technique de la cointégration pour le modèle de long terme du taux de change réel et a porté sur 69 observations pour la période 2001-2019, exprimées sur une base trimestrielle. L'évaluation du taux de change d’équilibre à travers la méthodologie BEER fait ressortir les principales conclusions suivantes : − Une sous-évaluation, depuis 2014, de la valeur du dirham après avoir atteint un niveau maximum de surévaluation en 2012. Cette évolution favorable est liée notamment à la stabilité soutenable de la dette publique pour s’établir à 65% en 2019 et l’amélioration progressive des équilibres macro-économiques, avec une réduction substantielle des déficits budgétaire et du compte courant de la balance des paiements qui sont passés respectivement de 7,2% et 9,5% du PIB en 2012 à 3,6% et 4,1% du PIB en 2019. − Le degré de désalignement du taux de change dépend des politiques et pratiques passées et présentes particulièrement celles dédiées à renforcer davantage la compétitivité de l’économie marocaine ; − Presque deux années après le lancement de la réforme du régime de change, la valeur du dirham est restée fortement stable et continue d’évoluer bien vers sa norme. − Le désalignement n'est pas statique et n'indique pas une distorsion durable ou une faiblesse structurelle de la monnaie nationale. Mots clés : Taux de change effectif réel ; taux de change d’équilibre ; mésalignement ; fondamentaux Abstract The observed volatility of real exchange rates in many economies, especially in developing countries, and the effectiveness of the exchange rate as a decisive instrument in the elaboration of structural adjustment policies and in economic stability, raises the issue of determining an exchange rate equilibrium level. Indeed, any prolonged and severe distortion of the exchange rate from its equilibrium level creates macroeconomic imbalances, leads to a loss of competitiveness and increases the pressures on the level of foreign exchange reserves, especially in the economies adopting fixed exchange rate regimes. In this context, this study focuses on equilibrium exchange rate estimate to assess the degree of alignment/misalignment of the equilibrium exchange rate with the real effective exchange rate. The purpose of this study is to summarize the results and conclusions of this estimate, which was conducted using the Edwards Behavioral Equilibrium Exchange Rate (BEER) method because of its adaptation level to the Moroccan realities and specificities. The model estimate was based on data analysis using the cointegration technique for the long-run real exchange rate model and included 67 observations for the period 2001-2019, expressed on a quarterly basis. The assessment of the medium-term equilibrium exchange rate through the BEER methodology highlights the following main conclusions: − An undervaluation, since 2014, the value of the dirham after reaching a peak of overvaluation in 2012. This improvement is due in particular to the sustainable stability of the public debt to stand at 65% in 2019 and the gradual improvement of macroeconomic balances, with a substantial reduction of budget deficits and balance of payments current account, which rose from 7.2% and 9.5% of GDP respectively in 2012 to 3.6% and 4.1% of GDP in 2019; − The degree of misalignment of the exchange rate depends on past and present policies and practices, particularly those aimed at further strengthening of the Moroccan economy competitiveness; − Almost two years after the launch of the reform of the exchange rate regime, the value of the dirham has remained strongly stable and continues to move well towards its norm; − The misalignment is not static and does not indicate a lasting distortion or a structural weakness of the national currency. Keywords Real effective exchange rate; equilibrium exchange rate; misalignment; fundamentals.