Resume Contexte Les benefices fonctionnels et cliniques de l’arthroplastie totale de la hanche (ATH) par voie mini-invasive sont bien connus. Cette chirurgie ameliore la qualite de vie des patients, toutefois la litterature met en evidence une alteration de certains parametres fonctionnels en comparaison aux sujets asymptomatiques. En effet, les parametres de la marche et les parametres posturologiques des patients ayant beneficies d’une ATH n’atteignent pas le niveau observe dans la population generale. On observe une alteration notable des parametres posturaux apres une ATH dans toutes les voies d’abord. Cependant, les voies mini-invasives anterieure et anterolaterale degradent davantage les parametres posturaux que la voie posterieure. Une etude electromyographique des muscles de la hanche pouvant etre touches par la chirurgie (grand gluteal [GMax], moyen gluteal [GMed], tenseur du fascia lata [TFL], sartorius [S]) pourrait permettre une meilleure comprehension de ces phenomenes. Cependant, les methodologies decrites dans la litterature existante sur l’evaluation electromyographique de surface (EMG S) sont disparates. Nous avons souhaite dans un premier temps etablir une methode d’evaluation de l’activite EMG S au cours de la contraction maximale volontaire (CMV) des muscles GMax, GMed, TFL et sartorius qui puisse servir de reference. Nous avons ensuite mene une etude prospective visant a repondre a cette question : la position de l’articulation de la hanche et l’apprentissage d’un test de CMV influencent-ils le signal EMG S lors de la CMV ? Hypothese La position de l’articulation de la hanche et l’apprentissage d’un test de CMV influencent le signal EMG S lors de la CMV des muscles GMax, GMed, TFL et sartorius. Methodes Trente sujets jeunes et asymptomatiques ont participe a l’etude. Chacun a effectue 8 CMV des muscles de la hanche dans differentes positions articulaires, enregistrees a l’EMG S par des electrodes de surface. Chaque CMV a ete executee trois fois sur une periode d’une semaine, au meme moment de la journee, avec un controle des niveaux d’activite pendant les 24 h precedentes. L’activite EMG S lors de la CMV a ete exprimee sous forme de rapport d’activite EMG S durant l’appui unipodal. Les comparaisons statistiques ont ete effectuees a l’aide de tests non parametriques. Resultats L’analyse statistique n’a montre aucune difference entre les positions de l’articulation pour l’evaluation du signal EMG S lors de la CMV des abducteurs et des flechisseurs de hanche, sur les trois sessions. Pour les abducteurs de hanche, il n’y avait pas de difference entre les abductions hanche tendue vs hanche flechie executees en decubitus lateral : GMax (19,8 ± 13,7 vs 14,5 ± 7,8, p = 0,78), GMed (13,4 ± 9,0 vs 9,9 ± 6,6, p = 0,21) et TFL (69,5 ± 61,7 vs 65,9 ± 51,3, p = 0,50). Pour les flechisseurs de hanche, il n’y avait pas de difference entre la flexion/abduction/rotation laterale executee en decubitus dorsal ou en station assise : TFL (70,6 ± 45,9 vs 61,6 ± 45,8, p = 0,22) et S (101,1 ± 67,9 vs 72,6 ± 44,6, p = 0,21). Les tests les plus efficaces pour l’evaluation du signal EMG S lors de la CMV etaient pour les abducteurs de la hanche : abduction en decubitus lateral (36,7 % pour GMax, 76,7 % pour GMed), et pour les flechisseurs de la hanche : flexion/abduction/rotation laterale depuis le decubitus dorsal (50 % pour TFL et 76,7 % pour S). Discussion Nous n’avons pas pu confirmer notre hypothese de travail. En effet, la position de l’articulation de la hanche et l’apprentissage d’un test de CMV n’ont pas d’influence sur le signal EMG S lors d’une CMV des muscles GMax, GMed, TFL et sartorius. Une seule session et un seul test suffisent donc pour evaluer la CMV des abducteurs (abduction en decubitus lateral) et des flechisseurs de hanche (flexion/abduction/rotation laterale en decubitus dorsal). Cette methode pourrait etre appliquee a l’evaluation fonctionnelle des muscles apres une ATH, notamment afin de pouvoir comparer les differentes voies d’abord. Niveau de preuve III, etude cas-temoins.