I. Bourgault-Villada, N. Cordel, T. Belmondo, F. Lombart, Gaëlle Quéreux, Catherine Picard-Dahan, J.-P. Lacour, S. Oro, Anne Pham-Ledard, Pascal Joly, Laurent Machet, Sophie Duvert-Lehembre, Olivier Dereure, Benoit Tressières, Brigitte Lagrange, C. Abasq, Eric Esteve, groupe Bulles, M. Fenot, J. Flament, Anne Dompmartin, Isabelle Alcaraz, Sébastien Debarbieux, Christophe Bedane, Catherine Prost, Pierre Vabres, M. D’Incan, Emmanuel Delaporte, N. Litrowski, L. Martin, M.-T. Leccia, E. Tancrede-Bohin, Fabienne Jouen, M.-A. Richard, V. Seta, P. Del Giudice, Catherine Michel, A. Dupuy, F. Morin, M.P. Konstantinou, and E. Hainaut
Introduction La pemphigoide de la grossesse (PG) place le clinicien en situation difficile, en raison du risque, non previsible, de complications gravidiques (CG) associees. Ces CG surviennent, selon la litterature, avec une frequence de 35 % qui justifie la recherche de marqueurs predictifs. L’objectif de ce travail etait d’etudier la relation entre les CG et le taux d’AC anti-BPAG2, outil diagnostique couramment utilise en pratique clinique. Materiel et methodes Cette etude retrospective multicentrique, menee entre 2009 et 2020, a inclus les PG avec AC anti-BPAG2 positifs au diagnostic (kit ELISA Euroimmun). Les PG du post-partum et les patientes avec dossier obstetrical introuvable ou mal renseigne ont ete exclues. Resultats Cent dix PG survenues au 1er (7 %), 2e (48 %) ou 3e (45 %) trimestre de la grossesse chez 107 patientes, d’âge moyen 33 ± 6 ans ont ete inclues. Des lesions bulleuses etaient presentes dans 83/110, 76 % des cas ( 50 bulles/j : 4 %). Quarante-deux PG sur 110 (38 %) se sont compliquees de : retard de croissance intra uterin (RCIU) n = 18, prematurite n = 26, hypotrophie fœtale n = 17. La survenue de ces CG n’etait pas associee aux comorbidites (diabete, HTA, infection) ni au traitement par corticoides systemiques mais au jeune âge gestationnel (p = 0,004) et a la presence de bulles, independamment de leur nombre (p = 0,015). Le taux d’AC anti-BPAG2 en tant que variable continue etait associe a la presence de bulles (p = 0,018) mais pas aux CG, considerees dans leur ensemble. Apres identification du taux d’AC anti-BPAG2 > 150 UI comme le plus discriminant (courbe ROC), l’analyse uni- et multivariee montrait que ce taux constituait un facteur de risque de RCIU (p = 0,016 ; OR 5,25) avec une valeur predictive positive de 30 % et une valeur predictive negative de 91 %. Discussion Cette etude represente, a notre connaissance, la plus grande serie de la litterature. Nos resultats sont concordants avec les donnees precedemment publiees et confirment notamment la relation entre : CG et presence de bulles ou jeune âge gestationnel, independamment des comorbidites et de la corticotherapie systemique. Les resultats observes ont une implication directe pour le clinicien dans sa pratique et sont etayes par un rationnel physiopathologique, en lien avec la presence placentaire de BPAG2. Conclusion Un taux d’AC anti-BPAG2 > 150 UI constitue un facteur de risque de RCIU et justifie une surveillance adaptee des patientes.