À partir d'un entretien avec François Laplantine, anthropologue, professeur émérite de l'université Lumière Lyon 2, il s'agit d'explorer les principaux jalons de son parcours, de la philosophie du mal à l'anthropologie de la maladie et à l'ethnopsychiatrie, en particulier l'ethnopsychiatrie psychanalytique, puis des travaux sur le Brésil et le Japon à une centration sur la thématique de la création artistique. La méthode consiste en un entretien réalisé avec François Laplantine. Les questions concernent d'abord sa formation personnelle, puis les raisons de l'évolution des thèmes sur lesquels portent ses ouvrages et enfin sur son exploration de divers champs de la création, littérature, cinéma, théâtre et danse contemporaine. François Laplantine évoque son passage de la philosophie du mal, avec sa première thèse en philosophie sous la direction de Paul Ricœur, à l'anthropologie de la maladie, avec la rencontre de Devereux. Il décrit ses travaux sur la question des métissages, puis son passage de la psychanalyse à une initiation au Candomblé au Brésil, pratique du multiple qu'il rapproche de différentes formes du théâtre en France. Il parcourt alors l'évolution de ses écrits, à partir de ses explorations au Brésil et au Japon, vers la création artistique, notamment la littérature, la musique, la danse, le cinéma. Il évoque l'œuvre de nombreux artistes et aussi différents types de mises en scène des catastrophes, notamment des mises en scène minimalistes dans le théâtre japonais, avec le Nō, le butô. La question du langage, de l'indicible et de l'invisible, apparaît au cœur de son travail par rapport à la création. Il évoque aussi ses travaux sur l'imaginaire, le hors-champ, ainsi que sur le temps et l'espace, en lien avec la problématique de la création. François Laplantine défend l'idée qu'une mission des arts contemporains est de tenter de dire la catastrophe ; il explore les limites du langage et avance que l'une des fonctions du théâtre et plus encore de la danse contemporaine consiste dans la mise en scène du drame de l'insuffisance du langage. Le recours à la création artistique s'impose comme une nécessité, dans la tension entre dire et montrer. L'exploration de la création artistique apparaît comme une voie royale pour un anthropologue comme François Laplantine. Based on an interview with François Laplantine, anthropologist and professor emeritus at the University Lumière Lyon 2, the aim is to explore the main milestones in his career, from the philosophy of evil to the anthropology of illness and ethnopsychiatry, in particular psychoanalytic ethnopsychiatry, then from work on Brazil and Japan to a focus on the theme of artistic creation. The method consists of an interview with François Laplantine. The questions deal first with his personal background, then with the reasons for the evolution of the themes on which his works are based, and finally with his exploration of various fields of creation: literature, cinema, theatre and contemporary dance. François Laplantine describes his transition from the philosophy of evil, with his first thesis in philosophy under the supervision of Paul Ricœur, to the anthropology of illness, with his encounter with Devereux. He describes his work on the question of métissages, then his transition from psychoanalysis to an initiation into Candomblé in Brazil, a practice of the multiple that he likens to different forms of theatre in France. He then traces the evolution of his writings from his explorations in Brazil and Japan to artistic creation, particularly literature, music, dance, and film. He discusses the work of many artists, as well as different types of staging of disasters, particularly minimalist stagings in Japanese theatre, with nō and butô. The question of language, of the unspeakable and the invisible, appears central to his work in relation to creation. He also discusses his work on the imaginary and the off-screen, as well as on time and space, in relation to the issue of creation. François Laplantine defends the idea that one of the missions of contemporary arts is to attempt to express catastrophe; he explores the limits of language and argues that one of the functions of theatre, and even more so of contemporary dance, is to stage the drama of the inadequacy of language. Recourse to artistic creation is a necessity, in the tension between telling and showing. Exploring artistic creation appears to be a royal road for an anthropologist like François Laplantine. [ABSTRACT FROM AUTHOR]