Dans les feuillets de ses notes manuscrites, Benveniste prône une voie épistémologique spécifique, consistant à comprendre l’univers poétique baudelairien en réfléchissant sur le « choix révélateur » et sur l’« articulation » de certaines images. C’est ainsi que Mallarmé célèbre la langue novatrice de Baudelaire et son imaginaire, dans le tombeau qu’il dédie à l’auteur des Fleurs du Mal. Chaque strophe tourne autour d’un motif central, codé métaphoriquement : le « temple », le « museau », la « mèche », le « poison » et enfin l’« Ombre », à l’aide d’une syntaxe qui dissout tout statisme et dénoue les liens préconstruits. Ce poème se donne comme un témoignage essentiel de la postérité de l’artiste et de la révolution qu’il a apportée dans le domaine de l’expression poétique, dont Mallarmé souligne le caractère novateur, en renouvelant dans son hommage, par le choix de substantifs tels que « bouche d’égout » ou « bave », la subversion de la parole proférée. In his handwritten notes, Benveniste advocates a specific epistemological approach to Baudelaire’s poetry, consisting in the analysis of his poetic universe through the “revealing choice” of words and the “articulation” of certain images. This is also how Mallarmé celebrates Baudelaire's innovative language and his shocking imagination, in the tombeau that he dedicates to the author of the Flowers of Evil. Each stanza revolves around a central motif, coded through metaphors: the “temple”, the “museau”, the “mèche”, the “poison” and finally the “Ombre” while the syntax dissolves stasis and volatilizes any predetermined link. This poem is an essential illustration of the artist’s legacy and of his poetic revolution: Mallarmé, in fact, stresses the innovative character of Baudelaire’s work by renewing in his homage, with such nouns as “bouche d’égout” or “bave”, the subversion of the uttered word.