Cet article s'intéresse au signe du miroir en tant qu'élément de la sémiologie psychiatrique. Considéré comme prodrome de la schizophrénie lors de sa description entre 1927 et 1930, l'article veut éclairer son devenir dans l'époque actuelle notamment au regard des modifications de la société concernant le rapport du sujet à son image comme à son rapport à l'identité. Après être revenu sur l'histoire de la découverte et de la description de ce signe, afin d'en éclairer les origines et d'en retenir quelques éléments essentiels, nous reprenons l'hypothèse d'un lien entre défaillance du « stade du miroir » lacanien et apparition du signe du miroir. Des liens entre description princeps, fréquence des troubles de l'image du corps dans la psychose, et conséquence du stade du miroir sur l'identité symbolique sont éclairés. Quelques fragments cliniques viennent questionner l'hypothèse dépliée. Le signe du miroir est apparu au début du 20e siècle comme étant pronostic de la schizophrénie. Les aliénistes le relient à l'homosexualité, considérée alors comme pathologique. Il apparaît aujourd'hui que la clinique des troubles qui peuvent y être référés dans une acception large du phénomène ressortent plus d'une disjonction entre image du corps et identité. Ce signe peut être heuristiquement mis en perspective avec le propos lacanien déplié dans « Le stade du miroir comme formateur de la fonction du Je », et avec l'hypothèse que la structure psychotique offre aussi aux sujets des possibilités de réponses symptomatiques non standards. Le signe du miroir et les réponses subjectives qui en découlent éclairent une partie de la clinique des sujets cherchant à se créer, par un travail sur leur image, sur leur corps, une identité nouvelle, pour répondre à une disjonction initialement ressentie entre image et identité. Si le signe du miroir est à l'origine d'un nombre de réponses subjectives visant à modifier réellement le corps pour le faire conjoindre à une identité nouvelle, et par là porteur de solutions néo-identitaires viables, il ne s'éprouve pourtant pas sans un certain malaise. Rien ne permet de prédire son devenir, et l'action thérapeutique se limite à repérer ce signe et soutenir les éventuelles élaborations des sujets qui visent à produire une conjonction entre image et identité. Le signe du miroir, cent ans après sa découverte, constitue encore un élément de sémiologie psychiatrique extrêmement pertinent. S'il ne constitue pas nécessairement un prodrome de la schizophrénie, il traduit avant tout une difficulté du sujet à faire conjoindre son image avec son identité. La réponse symptomatique du sujet ne nécessite pas la validation du clinicien, elle témoigne d'un malaise subjectif qui lui, peut trouver à être accueilli, quelle que soit l'issue de ce signe. This article focuses on the "mirror sign" as an element of psychiatric semiology. Considered as a prodrome of schizophrenia during its description between 1927 and 1930, the article aims to shed light on its contemporary relevance, particularly with regard to changes in society concerning the subject's relationship to their image as well as the relationship to identity or self. After reviewing the history of the discovery and description of this sign, in order to shed light on its origins and on some essential elements, we take up the hypothesis of a link between a failure of the Lacanian "mirror stage" (stade du miroir) and the occurrence of the sign of the mirror. Links between original description, the frequency of body image disorders in psychosis, and the consequence of the mirror stage on symbolic identity are clarified. A few clinical fragments allow us to question the unfolding hypothesis. The mirror sign appeared at the beginning of the 20th century as a prognosis for schizophrenia. Alienists linked it to homosexuality, then considered pathological. It appears today that the clinical class of the disorders that can be referred to this sign emerges essentially from a disjunction between body image and identity. This sign can be heuristically put into perspective with the Lacanian statement unpacked in " Le stade du miroir comme formateur de la fonction du Je ," and with the hypothesis that the psychotic structure also offers subjects the possibility of non-standard symptomatic responses. The sign of the mirror and the subjective responses that result from it shed light on what it is that some subjects seeking to create, by working on their image, on their body, a new identity, to respond to an initial perceived disjunction between image and identity. If the sign of the mirror inspires a large number of subjective responses aimed at modifying the body to make it conform to a new identity, and thereby carrying viable neo-identity solutions, it is not experienced without some discomfort in most cases. Nothing makes it possible to predict its future, and the therapeutic action is limited to identifying this sign and supporting the possible elaborations of the subjects who aspire to produce a conjunction between image and identity. One hundred years after its discovery, the mirror sign, is still an extremely relevant element of psychiatric semiology. It does not necessarily constitute a prodrome of schizophrenia, but it indicates a subjective difficulty in associating image with identity. The symptomatic response of the subject does not require the validation of the clinician; it is linked to a subjective malaise, which can be welcomed, whatever the outcome of this sign. [ABSTRACT FROM AUTHOR]