L’Union Syndicale Solidaires est relativement nouvelle dans le paysage syndical français. Elle a été créée par des équipes militantes issues de traditions syndicales différentes, celle de l’autonomie syndicale pour les unes et de la CFDT pour les autres. Son projet de se doter d’un autre modèle de structuration que celui des confédérations la conduit à suivre une voie expérimentale, tant sur le plan de son organisation que de ses règles de fonctionnement. Espace de délibération, de décision et de représentation dans et par lequel se construit l’organisation, le congrès est au cœur d’un tel processus. Il présente du même coup un intérêt pour l’observateur extérieur qui fait du congrès un cadre privilégié pour évaluer et tenter de mieux cerner ce qui fait éventuellement la singularité de cette organisation syndicale. A partir d’observations et d’enquêtes par questionnaires menées dans l’ensemble de ses congrès depuis 1998, ainsi que de l’analyse des documents produits en leur sein, nous chercherons à en cerner la morphologie. A travers eux, nous montrerons que certaines des spécificités de l’union syndicale relèvent autant de l’état de ses forces et de son développement que d’orientations politiques et organisationnelles délibérément choisies. Par contre, alors que Solidaires est née de la rencontre improbable d’équipes syndicales aux histoires et trajectoires très hétérogènes, un regard longitudinal porté sur ses congrès successifs atteste d’un processus de construction identitaire qui passe par un rapprochement des pratiques et des valeurs de ses délégués.