Les modèles d'intervention médico-psychologique précoce sont actuellement dominés par l'exercice du débriefing dans des conditions de stress exceptionnel tels que les conflits armés. L'intervention doit être rapide et coordonnée pour répondre aux besoins des victimes, en favorisant la verbalisation des émotions et la restauration des liens sociaux. L'origine historique et l'évolution du débriefing depuis les guerres passées jusqu'à son application contemporaine, soulignent son rôle dans une psychiatrie ainsi pensée sur un registre préventif. Les effets du traumatisme psychique sur l'individu et le groupe, impliquent des phénomènes de dissociation délétères nécessitant la restauration d'un cadre sécurisant. Le rôle du débriefing dans la réintégration de l'expérience vécue par l'élaboration d'un récit commun favorise un processus de reliaison, participant de cet effet de sécurisation. Le principe de libération immédiate de la parole des individus traumatisés remet toutefois en question sa conformité aux pratiques habituelles en psychothérapie. Son enseignement, qui n'est pas en soi un acte de soin, est pour autant une occasion d'en approcher les effets, par une même dynamique d'identification chez les stagiaires. Le développement de nouvelles méthodes pédagogiques telles que la simulation s'y applique particulièrement, privilégiant l'acquisition d'un savoir-faire à la transmission de connaissances théoriques. L'enseignement s'effectue selon un prisme comportemental, l'objectif étant d'inscrire le stagiaire dans une pratique qui vise à se parfaire par la répétition d'exercices de mise en situation, avec une transmission des habiletés relationnelles et communicationnelles qui s'en trouve ainsi facilitée. La formation des professionnels de santé militaires, notamment en psychiatrie, est capitale pour faire face aux contraintes spécifiques des opérations militaires. Ces formations, visent à préparer les soignants à intervenir en cas de situations isolées et à gérer des scénarios de crise. Une initiative pédagogique spécifique a été mise en place à l'hôpital militaire Sainte-Anne de Toulon, axée sur la simulation pour enseigner le débriefing médico-psychologique au profit des soignants amenés à partir en mission. L'équipe pédagogique utilise des jeux de rôle pour simuler des situations de crise opérationnelle avec exposition traumatique, offrant ainsi une approche réaliste et interactive aux stagiaires. Cette approche par la simulation permet aux stagiaires de se confronter à des situations imprévues et spécifiques du contexte militaire, tout en développant des compétences pratiques et émotionnelles essentielles dans la prise en charge des troubles psychiques. En outre, cette méthode d'enseignement encourage la pratique réflexive et favorise une approche empathique vis-à-vis des patients, différenciant la posture de l'enseignant dans ce contexte de celle habituellement adoptée en médecine. La simulation sert ainsi de catalyseur pour amorcer des échanges authentiques entre stagiaires et formateurs, au-delà des effets d'éprouvés subjectifs propres à chacun dans l'expérience des jeux de rôle. La simulation diffère ainsi du discours académique en cherchant à créer une expérience engageante et sensorielle pour les stagiaires. Cette approche immersive peut d'ailleurs être comparée à la nature même des événements traumatiques, en impliquant tous deux une expérience sensorielle intense avec une empreinte corporelle ou émotionnelle durable. La singularité de la simulation réside aussi dans sa capacité à se détacher des discours universels pour se rapprocher des questionnements personnels, des doutes et des limites de chaque individu. Cette approche résonne avec les concepts lacaniens de transmission du savoir et met en lumière les effets d'interprétation individuelle et d'interaction entre formateurs et stagiaires, comparables à ceux du transfert en psychothérapie. Tout ceci n'est toutefois possible que par le rôle actif du stagiaire dans ce processus, mais aussi par l'engagement des enseignants, en s'appuyant sur un cadre théorique rigoureux avec une attention particulière portée à la manière dont les émotions influencent l'apprentissage chez les stagiaires. La simulation revêt en définitive un caractère imprévisible par la genèse d'effets d'apprentissages inattendus, tant pour les stagiaires que pour les enseignants, rappelant ainsi la nécessité de rester ouvert aux connaissances nouvelles qui peuvent surgir de cette expérience d'apprentissage. L'apprentissage par la simulation du débriefing offre une approche séduisante aux étudiants par ses effets d'implication subjective, mais remet également en question les méthodes traditionnelles d'enseignement en santé. Bien que ces nouvelles approches pédagogiques enrichissent indéniablement les connaissances des étudiants, elles ne peuvent cependant reproduire l'authenticité de la relation thérapeutique entre le patient et son thérapeute. L'apprentissage clinique reste essentiel, mais il doit intégrer la confrontation à l'inconnu, à la singularité de chaque expérience clinique, tout en tenant compte du décalage indéfectible entre les connaissances acquises et la réalité de la pratique. Early medical and psychological intervention models are currently dominated by debriefing in conditions of exceptional stress such as armed conflict. Intervention must be rapid and coordinated in order to meet the needs of the victims, by encouraging the verbalization of emotions and the restoration of social links. The historical origins and evolution of debriefing, from past wars to its contemporary application, underline a different, preventive, role in a psychiatry. The effects of psychological trauma on the individual and the group involve deleterious dissociation phenomena requiring the restoration of a reassuring framework. The role of debriefing in reintegrating the experience through the development of a shared narrative encourages a process of reconnection, which contributes to this reassuring effect. However, the principle of immediately encouraging traumatized individuals to express themselves verbally calls into question debriefing's conformity with usual psychotherapy practices. Teaching it, which is not in itself an act of care, is nevertheless an opportunity to approach its effects, through the same dynamic of identification in the trainees. The development of new teaching methods, such as simulation, is particularly relevant here, as it emphasizes the acquisition of know-how rather than the transmission of theoretical knowledge. The teaching is based on a behavioral approach, the aim being to encourage trainees to perfect their skills by repeating role-playing exercises, thereby facilitating the transmission of interpersonal and communication skills. The training of military health professionals, particularly in psychiatry, is vital if they are to cope with the specific constraints of military operations. The aim of this training is to prepare healthcare professionals to intervene in isolated situations and to manage crisis scenarios. A specific educational initiative has been set up at the military hospital Sainte-Anne in Toulon, based on simulation to teach medical-psychological debriefing for the benefit of medical staff who are deployed on missions. The teaching team uses role-playing to simulate operational crisis situations involving traumatic exposure, offering trainees a realistic and interactive approach. This simulation-based approach enables trainees to confront unforeseen situations specific to the military context, while developing the practical and emotional skills that are essential in the management of psychological disorders. In addition, this teaching method encourages reflective practice and promotes an empathetic approach to patients, differentiating the teacher's posture in this context from that which is usually adopted in medicine. In this way, simulation serves as a catalyst for initiating authentic exchanges between trainees and trainers, over and above the effects of subjective experiences specific to each in the role-playing experience. Simulation thus differs from academic discourse by seeking to create an engaging and sensory experience for trainees. This immersive approach can also be compared to the very nature of traumatic events, both involving an intense sensory experience with a lasting physical or emotional imprint. The uniqueness of the simulation also lies in its ability to detach itself from universal discourse and draw closer to the personal questions, doubts, and limits of each individual. This approach resonates with Lacanian concepts of the transmission of knowledge and highlights the effects of individual interpretation and interaction between trainers and trainees, comparable to those of transference in psychotherapy. All of this is only possible, however, if the trainee plays an active role in the process, but also if the teachers are committed to it, based on a rigorous theoretical framework with particular attention paid to the way in which emotions influence learning in trainees. In the final analysis, simulation is unpredictable in that it generates unexpected learning effects for both trainees and teachers, reminding us of the need to remain open to the new knowledge that may emerge from this learning experience. Learning through debriefing simulation offers an approach that is attractive to students because of its subjective involvement effects, but it also challenges traditional health teaching methods. Although these new teaching approaches undeniably enrich students' knowledge, they cannot reproduce the authenticity of the therapeutic relationship between patient and therapist. Clinical learning is still essential, but it must include confrontation with the unknown, with the singularity of each clinical experience, while taking into account the indefectible gap between the knowledge acquired and the reality of practice. [ABSTRACT FROM AUTHOR]