Araszkiewiez, Jacques, Moukarzel, Joseph, Transitions : savoirs, médias, territoires (URE) (//Transitions), Université Nice Sophia Antipolis (... - 2019) (UNS), COMUE Université Côte d'Azur (2015-2019) (COMUE UCA)-COMUE Université Côte d'Azur (2015-2019) (COMUE UCA)-Université Côte d'Azur (UCA), Laboratoire Information, Milieux, Médias, Médiations - EA 3820 (I3M), COMUE Université Côte d'Azur (2015-2019) (COMUE UCA)-COMUE Université Côte d'Azur (2015-2019) (COMUE UCA)-Université de Toulon (UTLN), Laboratoire de Psychologie Expérimentale et Quantitative (LPEQ), COMUE Université Côte d'Azur (2015-2019) (COMUE UCA)-COMUE Université Côte d'Azur (2015-2019) (COMUE UCA), Bibliothèque USEK, and Université Saint-Esprit de Kaslik (USEK)
International audience; 1) Les guerres et le Liban a. L'horreur Elle est sans limite. Elle est sans intérieur. A cette absence d'intérieur, la mort peut conduire. Mais ne suffit pas. Au-delà de la mort, il faut à Don Juan aller. Alors qu'il semble encore faire partie des vivants, pour rentrer dans l'espace illimité de l'horreur, espace désigné par Jacques Lacan de seconde mort, Don Juan serre la main du Commandeur. L'horreur n'a pas plus de limite extérieure que de limite intérieure. Elle ne cesse pour cette raison d'avoir besoin d'être circonvenue. Chaque guerre est ainsi limitée, désignée souvent de manière plurielle et toujours de façon inadéquate : La Grande Guerre ou la Première Guerre Mondiale ? Mais quel sens raisonnable recouvrent ces termes si ce n'est à désigner, quel qu'en soit le prix, un espace circonscrit, une temporalité définie. Hélène Puiseux dans les Figures de la guerre montre comment se règle ainsi entre « Représentations et sensibilités 1839-1996 » dans le discours en Occident, via différentes techniques, mises en scène, médias, bref différents dispositifs, la question de l'horreur. Sans conclure, l'auteure décrit comment « Les écrans que les représentations tendent à la guerre depuis deux siècles, au travers de ces décennies que les historiens appellent la période contemporaine, sont passés de l'héroïsation du conflit à l'héroïsation de la perte puis à la perte de l'héroïsation et à la perte du sens [PUISEUX, 1997, p. 243] ». Mais comment la guerre est-elle représentée au Liban ? Avec quels objectifs ? b. La contamination des guerres Par l'horreur, les guerres se contaminent. Elles constituent un réseau serré d'événements, d'accidents, de soulèvements, de printemps et d'hivers. Elles se répondent et s'interpellent, produisent leur lot de pertinence sur bien des plans : la situation géopolitique, les armements, les moyens de communication employés, les tactiques, l'implication des civils, etc. Elles produisent leur régularité et leur singularité. Se dessine une casuistique lancinante et sans intérêt en soi. Le dénombrement inévitable du nombre de morts se transforme inexorablement en une tentative de gradation indécente de l'horreur. A part bien sûr pour les marchands d'armes. Concernant la seconde guerre mondiale, je joue l'invention du radar, je joue l'invention des armes de destruction massive, je joue Alan Thuring contre Enigma. Les guerres du Liban apparaissent comme un envers des guerres mondiales occidentales et plus précisément de ce que ces guerres ont laissé pour solde de tout compte. Ces guerres dites mondiales ne l'étaient que parce des pays, des nations, des peuples colonisés se trouvaient embarqués dans les guerres de leurs colonisateurs. La délimitation « guerres du Liban » tombe en conséquence. Chacun peut envisager qu'il s'agit d'une guerre mondiale à l'envers qui s'est jouée à cet endroit. De l'horreur en ce qu'elle implique chaque Libanais dans une communauté contre d'autres communautés transformant son voisin de toujours en ennemi d'aujourd'hui avec