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Le présent rapport " Proposition d'une stratégie détaillée de relance de la recherche cotonnière africaine au niveau technique " constitue la seconde partie de l'étude intitulée " État de la recherche cotonnière en Afrique : diagnostic et proposition d'une stratégie de relance ". Il fait suite à un premier rapport " Diagnostic et recommandations pour l'élaboration d'une proposition de stratégie de relance de la recherche cotonnière africaine ". Cette étude a été conduite dans le cadre du programme " Appui à la Consolidation du Cadre d'Action pour le Partenariat UE-Afrique sur le Coton ", sous forme d'une expertise court-terme, gérée par l'assistance technique / Unité de Gestion du Programme (AT / UGP). L'étude, organisée en cinq phases et conduite par deux consultants, a débuté en avril 2016 et a porté sur vingt-quatre pays africains producteurs de coton membres du groupe des pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique). Au plan méthodologique, elle a été conduite sous forme : i) De présentations de l'étude à la chaine de valeur coton africaine (Burkina Faso 04/2016, Bénin 05/2016) ii) De questionnaires adressés aux acteurs de la recherche cotonnière africaine ainsi qu'à leurs partenaires de la chaine de valeur coton, utilisateurs des résultats de la recherche iii) De quatre tournées circulaires dans douze pays cotonniers d'Afrique de l'Ouest, du Centre, de l'Est et Australe, durant lesquelles des réunions ont permis d'échanger avec les acteurs nationaux de la chaine de valeur coton iv) De restitutions des résultats de l'étude (Belgique 10/2016, Kenya et Burkina Faso 03/2017). Les deux consultants ont bénéficié de l'appui d'une cellule de suivi-validation de treize personnes constituées de responsables de la recherche cotonnière, d'utilisateurs (producteurs, sociétés cotonnières) et d'un expert. Cette cellule était chargée d'aider les consultants lors de leurs séjours de terrain ainsi que d'apporter ses commentaires sur les versions provisoires des deux rapports produits. Le diagnostic de la recherche cotonnière africaine a mis en évidence à la fois des spécificités et des convergences entre les programmes coton des Instituts Nationaux de Recherche Agricole ou Agronomique (INRA). Des différences sont par exemple notables au niveau de leurs sources de financement (publiques ou privées), de leur budget de fonctionnement annuel moyen et de leur nombre moyen de chercheurs. Mais globalement, au-delà de certains écarts extrêmes, le diagnostic souligne des insuffisances de ressources humaines (quantitatives et qualitatives) et financières (montant et pérennité), un statut des chercheurs moins attractif que celui des universitaires, l'absence de mesures incitatives pour la recherche cotonnière, la faiblesse des mécanismes collaboratifs entre partenaires, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur des frontières nationales, les besoins en équipements scientifiques, la faible visibilité des résultats de la recherche, une approche plus disciplinaire que thématique, mais avec des problématiques communes aux différents pays (perte de fertilité, changement climatique, gestion des ravageurs…). Ce diagnostic a conduit à formuler des recommandations pour améliorer les performances de la recherche cotonnière africaine. Ces recommandations portent sur la sécurisation et la continuité de l'activité des personnels scientifiques, sur la diversification et la pérennisation des ressources financières, sur le recentrage des thématiques pour faire face aux défis qui interpellent la recherche cotonnière et pour prendre en compte la demande sociale. L'un des défis est de parvenir à mutualiser les ressources (humaines, infrastructurelles, financières) par une approche plus globale des recherches (centres et dispositifs régionaux, projets et programmes régionaux, réseaux). A partir de ces éléments a été élaborée une proposition de stratégie détaillée de relance de la recherche cotonnière africaine au niveau technique, avec pour vision stratégique " Relancer la recherche cotonnière africaine et améliorer sa contribution à la durabilité de la culture, au revenu des producteurs et à la compétitivité de la chaine de valeur coton ". Elle s'articule autour de quatre objectifs stratégiques visant à renforcer les capacités de la recherche, à ajuster ses thématiques et ses outils pour une production durable, à la rendre plus efficiente au sein de la chaine de valeur coton et à mieux l'insérer dans la communauté scientifique mondiale. Ils sont déclinés selon les onze objectifs opérationnels suivants, eux-mêmes traduits en quarante-trois activités.

Dans les savanes africaines, l'environnement de la production agricole évolue fortement: mondialisation, privatisation, croissance démographique et développement de pôles urbains créent de nouvelles contraintes, mais aussi de nouvelles opportunités pour le développement d'initiatives locales et l'émergence de nouveaux acteurs. Pour en débattre, les institutions de recherche agricole du Cameroun (Irad), de la République centrafricaine (Icra) et du Tchad (Itrad et Lrvz), en collaboration avec des institutions scientifiques du Nord (Cirad et Ird en France, université de Leyde aux Pays-Bas), ont organisé un colloque dans le cadre du Prasac. Ce colloque tente de préciser les grandes questions de recherche et de développement à traiter pour accompagner les dynamiques vers un développement durable.

Le Pôle régional de recherche appliquée au développement des savanes d'Afrique centrale (Prasac) est une initiative des structures de recherche du Cameroun, de Centrafrique et du Tchad à laquelle se sont joints le Cirad, l'I.R.D. et l'Université de Leyde (Pays Bas). Le Prasac a mis en oeuvre une démarche de recherche appliquée au développement qui comprend cinq étapes: 1- l'identification des problèmes, 2- la réalisation d'un diagnostic sectoriel, 3- la recherche de solutions, 4- l'évaluation des innovations par les bénéficiaires de celles-ci, 5- la diffusion des résultats. Cette démarche combine des phases menées au niveau de chaque partenaire avec des phases régionales. Ces étapes sont mises en oeuvre à plusieurs échelles en relations avec les acteurs du développement: région, terroirs, exploitation, parcelle, plante, troupeau, filière, constituant ainsi un système hiérarchisé complexe. Pour chacune de ces étapes, la régionalisation des activités conduit à une plus-value importante : prise en compte d'une plus grande diversité, possibilité de traiter des dynamiques régionales qui dépassent les frontières et qui permettent de mieux appréhender les phénomènes classiquement abordés à un niveau national. La régionalisation permet aussi un échange de méthodes, références, expériences et résultats au bénéfice de tous les partenaires du pôle. C'est ainsi que certains pays de la région peuvent dès à présent bénéficier d'innovations venant des autres pays de la sous région. Du point de vue organisation de la recherche, la régionalisation permet aussi de constituer des équipes de chercheurs ayant un effectif suffisant. La régionalisation impose cependant un effort de communication et des moyens de télécommunication efficients et de disposer de recherches nationales suffisamment fortes pour pouvoir contribuer à la résolution des problèmes régionaux.

Le Prasac est un pôle de recherche qui associe les structures de recherche du Cameroun, de la République centrafricaine et du Tchad, et leurs partenaires du Nord : la France et les Pays-Bas. Il mène des recherches sur la problématique de développement des savanes d'Afrique centrale, largement dominé par la culture cotonnière. La compétition pour l'espace entre les principales activités rurales se traduit, dans cette zone, par une accentuation des mouvements migratoires et par une baisse de performance de la culture cotonnière extensifiée ; cela se passe dans un contexte de profondes mutations qui affectent la filière. La perception des problèmes à une dimension régionale offre une diversité de situations qui permet la mise en place des recherches à plusieurs niveaux d'échelle et une coordination des recherches entre ces niveaux afin d'orienter les thèmes sur un développement global de la sous-région. L'approche associative permet la constitution de masses critiques de chercheurs pour les différentes disciplines interpellées. La recherche cotonnière dans le Prasac a fait le pari d'entreprendre un dialogue constructif avec les producteurs, dans le but de leur proposer des techniques différenciées par une meilleure adaptation aux conditions écologiques, économiques, commerciales et sociales à l'aide d'outils appropriés.

Dans la région soudano-sahélienne du Nord-Cameroun, existent de vastes surfaces de sols ayant un couvert de végétation très faible et très discontinu, désignés en langue peule par le terme de hardé. Poussés par les services de développement qui voulaient reboiser autoritairement ces terres, les chercheurs-forestiers ont tout d'abord essayé des méthodes exigeant de gros moyens mécaniques et des essences exotiques à croissance rapide, mais celles-ci ont échoué. Ils ont donc repris le problème en étudiant, tout d'abord, les pratiques paysannes et la dynamique naturelle de la végétation. En fait, les sociétés agro-pastorales de cette région font un usage non négligeable de ces sols pour l'élevage et la cueillette. De plus, elles ont mis au point une méthode de mise en valeur, fondée sur un carroyage de systèmes anti-ruissellement et sur une rotation entre pâturage de saison des pluies et culture de sorgho de saison sèche. Il a été possible de cartographier ces sols par télédétection et de décrire leurs caractères pédologiques et hydrologiques. La replantation de certaines terres a été étudiée en associant le reboisement à base d'espèces locales à usages multiples, avec une gestion de la strate herbacée spontanée. Les méthodes mises au point, bien que peu spectaculaires, se révèlent adaptées aux besoins et aux possibilités des sociétés rurales de cette région pour gérer rationnellement leur environnement.

Les communications de cet ouvrage retracent le bilan du Projet Garoua, après huit années de coopération entre les institutions de recherche camerounaises IRA et IRZV (constituant aujourd'hui l'IRAD), l'Orstom et le Cirad. Elles soulignent la forte participation des institutions camerounaises aux processus de recherche et les acquis scientifiques applicables dans un cadre géographique plus étendu. Elles démontrent l'appui soutenu du projet aux structures de développement et sa contribution au développement de la production agricole et à l'émergence d'une agriculture durable. Les grands thèmes abordés en séances plénières couvrent les problématiques de l'ensemble des savanes d'Afrique centrale : l'évolution des zones de savane, les pratiques paysannes et leurs conséquences sur le milieu, l'amélioration des systèmes de culture et d'élevage, la sécurité alimentaire et la production vivrière, la compétitivité et la productivité de la filière cotonnière, la régionalisation des recherches. Les discussions des groupes de travail ont permis une analyse et une évaluation des contraintes et des potentialités des zones de savane ainsi que des moyens à mobiliser pour un développement durable de ces espaces. Elles ont mis en lumière les axes de recherche à privilégier dans un cadre régional élargi. Les tables rondes ont permis d'aborder des débats de fond : la gestion des ressources naturelles par les acteurs et les avantages comparatifs des filières agricoles dans les zones de savane. Les conclusions de l'atelier, à travers les interventions sur la régionalisation, ont insisté sur la nécessité de bâtir une coopération large, sous la forme de projets communs impliquant la recherche et le développement de plusieurs pays du Sud ainsi que des institutions du Nord : le Pôle régional de recherches appliquées au développement des savanes d'Afrique centrale (PRASAC) en est un exemple.

Conçu dans le cadre d'une coopération scientifique bilatérale entre le Cameroun et la France, le projet Garoua répond à quatre objectifs principaux : améliorer durablement la production des exploitants, gérer l'environnement et les ressources naturelles renouvelables, favoriser les relations de complémentarité entre l'élevage et l'agriculture, diversifier la production agricole en particulier par la transformation. Les résultats ont largement pesé sur l'économie de la région. La production cotonnière a été renforcée, en partie grâce à l'amélioration du matériel végétal et la maîtrise de la protection phytosanitaire, ce qui a entraîné l'amélioration de la qualité de la fibre. Le volet de recherche sur l'agriculture durable a permis une meilleure adaptation des systèmes de culture aux contraintes pédoclimatiques, une maîtrise de l'érosion et des pratiques culturales et des adventices. Grâce au zonage socio-économique, la diversité des situations agricoles et pastorales de la zone cotonnière du Nord-Cameroun est bien appréhendée. Des aides à la décision pour améliorer l'utilisation de la culture attelée ont été mises en place. Le projet a permis un accompagnement efficace du développement des cultures vivrières. Un référentiel zootechnique et sanitaire indispensable au développement de l'élevage est disponible

Les caprices de la pluie dans la zone nord Cameroun conditionnent le rendement (l'exemple est pris sur le maïs). Les auteurs ont procédé à une analyse des conditions climatologiques et du système climat-sol-pratiques culturales en vue de remédier à la dégradation du milieu due à l'agressivité des précipitations. Des solutions sont proposées ; reste à déterminer comment faire évoluer les systèmes traditionnels (y compris la gestion du droit à la terre) pour s'assurer une agriculture aussi stable que possible