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Entre 1288 et, vraisemblablement, 1291, le juriste biterrois Matfre Ermengau rédige une somme encyclopédique à destination des laïcs, le Breviari d’amor, dans laquelle entend identifier les différentes sortes d’amour afin de répondre à une supposée demande de la part des amants et des troubadours : définir ce qu’est l’amour. Une figure diagrammatique en arbre se trouve au début de plusieurs copies du Breviari : elle modélise la structure de l’encyclopédie et rend compte visuellement des différentes sortes d’amour. Cette publication en effectue une étude formelle et figurative précise et approfondie afin de voir en quoi elle constitue un remède aux passions démesurées. Elle envisage cette figure comme un outil permettant de réguler la passion tout en préservant l’amour charnel. Surtout, elle croise ses présupposés éthiques avec l’examen des remarques prophylactiques et thérapeutiques que Matfre Ermengau procure à son lecteur à propos des propriétés des pierres précieuses afin de favoriser la complicité des amants dans la chair tout en leur assurant de répondre aux exigences morales d’une vie vertueuse

En 1520, Johannes Host von Romberch, un mnémotechnicien dominicain de l’université de Cologne, publie pour la première fois le Congestorium artificiose memorie, un traité d’art de la mémoire qui marque un tournant dans la théorie mnémotechnique de la Première modernité. En 1562, Lodovico Dolce traduit le traité en volgare : c’est dans cette version que le Congestorium se diffuse massivement dans toute l’Europe. Le traité ne contient pas seulement du texte. Entre autres figures, il comporte en effet un arbre mnémotechnique des savoirs et des arts libéraux. La publication réinscrit et arbre dans l’histoire des structures arborescentes des arts libéraux et des savoirs du Moyen Âge et de la Première modernité. Elle chere à comprendre ce qu’il emprunte aux modèles isidoriens, carolingiens et victorins revisités par la scolastique, à une époque où des définitions des arts et des savoirs connaissent de profonds bouleversements, et où l’art de la mémoire fait l’objet d’un vif discrédit, en grande partie lié à ses composantes scolastiques elles-mêmes.

Au Moyen Âge et au début de l’époque moderne, l’usage de figures répartitrices en arbre est fréquent à des fins classificatrices et propédeutiques. D’un point de vue quantitatif, ces figures sont moins nombreuses que pour d’autres champs du savoir. En revanche, elles se caractérisent par une grande variété fonctionnelle, formelle et figurative, et se divisent en deux types : les arbres diagnostiques, qui optimisent la détection des signes du déséquilibre du corps ; les arbres décisionnels, qui guident le choix du traitement et norment l’attitude à adopter envers un patient. En dehors de l’arbre des Principes de Médecine de Raymond Lulle, la majorité de ces arbres a une visée diagnostique, essentiellement à destination d’étudiants. À partir d’une analyse formelle et figurative des arbres diagnostiques, cette contribution développe des réflexions préliminaires sur leurs caractéristiques heuristiques et mnémotechniques en prenant en compte leur contexte de production intellectuel et épistémique.

Entre 1288 et, vraisemblablement, 1291, le juriste biterrois Matfre Ermengau rédige une somme encyclopédique à destination des laïcs, le Breviari d’amor, dans laquelle entend identifier les différentes sortes d’amour afin de répondre à une supposée demande de la part des amants et des troubadours : définir ce qu’est l’amour. Une figure diagrammatique en arbre se trouve au début de plusieurs copies du Breviari : elle modélise la structure de l’encyclopédie et rend compte visuellement des différentes sortes d’amour. Cette publication en effectue une étude formelle et figurative précise et approfondie afin de voir en quoi elle constitue un remède aux passions démesurées. Elle envisage cette figure comme un outil permettant de réguler la passion tout en préservant l’amour charnel. Surtout, elle croise ses présupposés éthiques avec l’examen des remarques prophylactiques et thérapeutiques que Matfre Ermengau procure à son lecteur à propos des propriétés des pierres précieuses afin de favoriser la complicité des amants dans la chair tout en leur assurant de répondre aux exigences morales d’une vie vertueuse.

Deux ambiguïtés caractérisent les grenouilles (βάτραχοι) qui, en Apocalypse 16, 13, sortent de la bouche du serpent, de la bête et du faux prophète. D’une part, le texte biblique ne permet pas d’affirmer qu’elles relèvent du même niveau diégétique que les personnages desquels elles s’échappent, puisqu’elles interviennent à titre de comparaison pour décrire « trois esprits impurs » (πνεύματα τρία ἀκάθαρτα). D’autre part, le texte biblique définit les grenouilles comme « des esprits de démons » (πνεύματα δαιμόνων), interdisant de ce fait de les examiner exclusivement comme des animaux : le lecteur est conduit à voir en elles l’incarnation zoomorphe de la puissance démoniaque. Cette contribution examine les procédés figuratifs par lesquels l’imagerie médiévale déploie une exégèse visuelle de ces grenouilles. À partir d’une analyse herméneutique d’Apocalypse 16, il s’agit de comprendre leur fonction eschatologique et de déterminer la place qu’elles tiennent dans le récit de révélation.

Deux ambiguïtés caractérisent les grenouilles (βάτραχοι) qui, en Apocalypse 16, 13, sortent de la bouche du serpent, de la bête et du faux prophète. D’une part, le texte biblique ne permet pas d’affirmer qu’elles relèvent du même niveau diégétique que les personnages desquels elles s’échappent, puisqu’elles interviennent à titre de comparaison pour décrire « trois esprits impurs » (πνεύματα τρία ἀκάθαρτα). D’autre part, le texte biblique définit les grenouilles comme « des esprits de démons » (πνεύματα δαιμόνων), interdisant de ce fait de les examiner exclusivement comme des animaux : le lecteur est conduit à voir en elles l’incarnation zoomorphe de la puissance démoniaque. Cette contribution examine les procédés figuratifs par lesquels l’imagerie médiévale déploie une exégèse visuelle de ces grenouilles. À partir d’une analyse herméneutique d’Apocalypse 16, il s’agit de comprendre leur fonction eschatologique et de déterminer la place qu’elles tiennent dans le récit de révélation.

En 1520, Johannes Host von Romberch, un mnémotechnicien dominicain de l’université de Cologne, publie pour la première fois le Congestorium artificiose memorie, un traité d’art de la mémoire qui marque un tournant dans la théorie mnémotechnique de la Première modernité. En 1562, Lodovico Dolce traduit le traité en volgare : c’est dans cette version que le Congestorium se diffuse massivement dans toute l’Europe. Le traité ne contient pas seulement du texte. Entre autres figures, il comporte en effet un arbre mnémotechnique des savoirs et des arts libéraux. La publication réinscrit et arbre dans l’histoire des structures arborescentes des arts libéraux et des savoirs du Moyen Âge et de la Première modernité. Elle chere à comprendre ce qu’il emprunte aux modèles isidoriens, carolingiens et victorins revisités par la scolastique, à une époque où des définitions des arts et des savoirs connaissent de profonds bouleversements, et où l’art de la mémoire fait l’objet d’un vif discrédit, en grande partie lié à ses composantes scolastiques elles-mêmes.

Dès la fin du XVe siècle, les humanistes se déchirent autour de l’émulation que provoquent les textes de Cicéron, et en particulier sa rhétorique : d’une part se trouvent ceux qui défendent l’imitation comme une réécriture, d’autre part ceux pour qui imiter, c’est réinventer. Notre publication réfléchit à ce qu’il advient de l’élaboration, de l’exploitation et de la figuration des structures arborescentes mnémotechniques au sein d’une telle querelle. En tant qu’outils rhétoriques d’inspiration communément cicéronienne, les détracteurs du cicéronianisme rejettent-ils ces structures au profit de nouvelles configurations mnémotechniques ? Stimulent-elles la production d’autres diagrammes à des fins rhétoriques, que ce soit dans le domaine de la pédagogie, des sciences ou de la spiritualité ?

Parmi les nombreux manuels de logique à mi-chemin entre les cultures universitaire et lullienne qui se diffusent au XIVe siècle et qui contiennent de nombreuses figures à visée cognitive, la Logica parva, un écrit anonyme issu d’une école lullienne de la seconde moitié du siècle, constitue un cas particulier. La logique s’y organise en effet sur un modèle spécifique : celui d’un arbre qui se compose lui-même de cinq arbres, décrits l’un après l’autre le long d’un diagramme arborescent marginal de plusieurs folios, se subdivisant lui-même en un autre diagramme et en de nombreuses délinéations graphiques extra-marginaux. La publication s’interroge sur le rôle cognitif que cette figure joue dans le processus d’assimilation de la logique. Elle propose l’hypothèse selon laquelle sa configuration correspond aux prémices du changement d’orientation que les structures arborescentes épistémiques connaissent à partir du deuxième tiers du XVe siècle, et compare la figure à la définition que, dans Mille plateaux, Gilles Deleuze et Félix Guattari proposent des réseaux rhizomatiques.

Dans le Liber floridus, un vaste ouvrage d’érudite compilation encyclopédique de cent soixante-et-un chapitres qu’il élabore vers 1120, le chanoine Lambert de Saint-Omer établit une liste tabulaire de huit de ces espèces : le cèdre (caedrus), le cyprès (cypressus), le palmier (palma), le rosier (rosae), l’olivier (oliva), le platane (platanus), le térébinthe (terebintus) et la vigne (vitis). Lambert de Saint- Omer réunit en fait sous le titre d’« Arbores significantes beatitudinum ordines » huit des espèces d’arbres par lesquelles la Sagesse, qui s’est « enracinée dans un peuple glorieux », se qualifie dans le Siracide, et ils les associe systématiquement à une béatitude. Notre publication envisage les configurations visuelles selon lesquelles Lambert de Saint-Omer présente les huit essences d’arbres comme une structure mnémotechnique tabulaire. Elle explore la manière dont le lecteur/spectateur peut y avoir recours au moment de recevoir ou de produire une pensée exégétique du texte biblique.

Au Moyen Âge et de la Renaissance, un grand nombre d’arbres répartiteurs et d’arborescences présente des configurations anthropomorphiques. Pourtant, aucun des traités d’art de la mémoire n’évoque explicitement de structure arborescente anthropomorphique, alors que le procédé traverse toute la seconde moitié du Moyen Âge et le début de la Renaissance. À partir de la lecture de textes d’art de la mémoire du Moyen Âge et de la Renaissance, notre publication étudie la manière et les fins auxquelles les précautions et les artefacts mnémotechniques investissent l’élaboration graphique, formelle, figurative et mentale de structures arborescentes en leur attribuant des caractéristiques anthropomorphiques.

Entre 1288 et 1291, Matfre Ermengau rédige le Breviari d’amor, une encyclopédie qui définit ce qu’est l’amour en s’appuyant sur un diagramme, l’arbre d’amour. Le présent article détermine les raisons qui conduisent Matfre à élaborer cet arbre, examine en quoi celui-ci constitue un outil pour réguler l’amour, et s’intéresse aux liens avec des propos prophylactiques ou thérapeutiques favorisant la complicité des amants tout en leur assurant de répondre aux exigences d’une vie vertueuse.

Au Moyen Âge et au début de l’époque moderne, l’usage de figures répartitrices en arbre est fréquent à des fins classificatrices et propédeutiques. D’un point de vue quantitatif, ces figures sont moins nombreuses que pour d’autres champs du savoir. En revanche, elles se caractérisent par une grande variété fonctionnelle, formelle et figurative, et se divisent en deux types : les arbres diagnostiques, qui optimisent la détection des signes du déséquilibre du corps ; les arbres décisionnels, qui guident le choix du traitement et norment l’attitude à adopter envers un patient. En dehors de l’arbre des Principes de Médecine de Raymond Lulle, la majorité de ces arbres a une visée diagnostique, essentiellement à destination d’étudiants. À partir d’une analyse formelle et figurative des arbres diagnostiques, cette contribution développe des réflexions préliminaires sur leurs caractéristiques heuristiques et mnémotechniques en prenant en compte leur contexte de production intellectuel et épistémique.

Dans certains cas d’arbres classificateurs des vices ou des pécheurs damnés, il est fréquent de remarquer la présence de démons ou de créatures démoniaques qui interagissent étroitement avec la structure arborescente. Notre publication s’interroge sur l’efficacité rhétorique des procédés visuels par lesquels les démons et les créatures démoniaques renforcent la puissance mnémotechnique de l’arbre classificateur dans les productions manuscrites et pariétales des aires françaises et italiennes à la fin du Moyen Âge, en les croisant avec les écrits et les pratiques des artes memoriae et des artes praedicandi.

Dans certains cas d’arbres classificateurs des vices ou des pécheurs damnés, il est fréquent de remarquer la présence de démons ou de créatures démoniaques qui interagissent étroitement avec la structure arborescente. Notre publication s’interroge sur l’efficacité rhétorique des procédés visuels par lesquels les démons et les créatures démoniaques renforcent la puissance mnémotechnique de l’arbre classificateur dans les productions manuscrites et pariétales des aires françaises et italiennes à la fin du Moyen Âge, en les croisant avec les écrits et les pratiques des artes memoriae et des artes praedicandi.

De la fin du XVe à la veille du XVIIIe siècle, les textes d’art de la mémoire évoquent la nouveauté de manière topique, souvent même jusque dans leurs propres titres. Par ses objectifs et ses procédés, cette nouveauté cherche explicitement à se distinguer de la scolastique. Surtout, elle souhaite caractériser le sens donné à l’opération mnémotechnique, dont le but ne serait plus d’emmagasiner du savoir mais de proposer les fondements d’une méthode universelle d’accès à la connaissance. Cette publication cherche à comprendre ce que recouvre cette récurrente revendication de « nouveauté » en analysant des extraits d’ouvrages d’art de la mémoire ou sur l’art de la mémoire.