Cet article a pour but de proposer un parcours de la notion de sublimation dans l'enseignement de Lacan. Plus précisément, il s'agit d'aborder cette notion de sublimation non à partir de la création artistique, mais à partir de sa fonction dans la relation amoureuse, telle que Lacan la valorise à partir de son usage de la catégorie de l'amour courtois. Ce travail repose sur une étude des développements donnés par Freud et Lacan au sujet de la notion de sublimation et de la rencontre amoureuse. Après une reprise des principes et notions historiques de l'amour courtois, seront successivement abordés, la question du coup de foudre amoureux chez Freud, l'articulation des notions de sublimation et l'idéalisation ; les développements que Lacan consacre à l'amour extatique et sa distinction avec l'amour narcissique, la conception de la Chose, enfin, la distinction entre deux types de sublimation distinguées par Lacan en 1969 : celle qui s'accomplit via l'objet pour atteindre la femme, l'autre qui s'accomplit via la pulsion, dont le type est l'œuvre d'art. Lacan appuie sa version de la sublimation, sur une distinction entre l'instinct et la pulsion, qui tend non pas vers un objet mais vers das Ding. Ce champ de la Chose qui se situe au-delà de la régulation du principe de plaisir, désigne celui de la jouissance, qui est électivement visé par la sublimation. Cette jouissance interdite constitue un vide, autour duquel vient se constituer la création. L'objet qui joue un rôle primordial dans la sublimation ne se réduit jamais à un objet narcissique, relevant d'une idéalisation imaginaire, mais un procédé dirigé vers le réel de la Chose inatteignable. La sublimation amoureuse permet de concevoir qu'il n'existe pas de désexualisation de la pulsion. L'amour courtois joue sur cette double articulation, qui permet à la fois au désir de s'adresser à un être de signifiant, à partir d'une création langagière poétique, mais aussi d'autoriser l'exercice d'une jouissance transgressive, en rapport avec le corps du partenaire. The aim of this article is to offer an overview of the notion of sublimation in Lacan's teaching. More specifically, the aim is to approach the notion of sublimation not from the point of view of artistic creation, but from the point of view of its function in love relationships. Lacan uses the category of courtly love in particular to highlight this dimension. This work is based on a study of Freud's and Lacan's developments of the notion of sublimation and the amorous encounter. Following a review of the historical principles of courtly love, we will successively address the question of love at first sight in Freud, the articulation of the notions of sublimation and idealization, Lacan's developments on ecstatic love and its distinction from narcissistic love, the conception of the Thing, and finally the distinction between two types of sublimation distinguished by Lacan in 1969: that which is accomplished via the object to reach the woman, the other which is accomplished via the drive, the prototype of which is the work of art. Lacan bases his version of sublimation on a distinction between instinct and drive, which tends not towards an object but towards das Ding. This field of the Thing, which lies beyond the regulation of the pleasure principle, designates that of jouissance, which is electively targeted by sublimation. This forbidden jouissance constitutes a void around which creation is constituted. The object that plays a primordial role in sublimation is never reduced to a narcissistic object of imaginary idealization, but instead relates to a process directed towards the real of the unattainable Thing. Sublimation in love allows us to conceive that there is no desexualization of the drive. Courtly love plays on this double articulation, which allows desire to address itself to a signifying being, based on a poetic linguistic creation, but which also authorizes the exercise of a transgressive jouissance, in relation to the partner's body. [ABSTRACT FROM AUTHOR]