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Le roman se déroule dans une triple spatialité : la capitale du pays, Bindia et Togobala. Il s’agit de questionner les rapports que ville et fleuve entretiennent : ville-fleuve, ville sans fleuve, fleuve sans ville. Le fleuve apparaît comme ce qui semble toujours séparer les humains, même et surtout dans une ville, mais il peut être également, loin de la ville, l’actant des retrouvailles d’un individu avec lui-même. La géographie des lieux se prolonge dans une géographie du personnage.

Zaragoza is the capital of the present Autonomous Community of Aragon. Until the decrees of Nueva Planta (1707), it was the capital of the Kingdom of Aragon. During Francoism, when it was only the capital of the province of the same name, it played the role of economic, cultural and academic capital not only of Aragon but also of an important part of the Ebro Valley and the North-East of the Iberian Peninsula. The rural exodus emptied the Aragonese countryside and fostered the consolidation of Zaragoza as the undisputed capital. "Saragossian macrocephaly" was born. This paper will examine how Zaragoza has "naturally" converted into the political capital of autonomous Aragon, at the same time as it has become the capital of an inner and emptied Spain (with the exception of Madrid) which exercises a form of Iberian synthesis located in a transitional territory (Aragon) between inner and peripheral Spain, monolingual and bilingual, Saragosse est la capitale de l'actuelle Communauté Autonome d'Aragon. Jusqu'aux décrets de Nueva Planta (1707), elle fut la capitale du Royaume d'Aragon. Pendant le franquisme, alors qu'elle n'était que le chef-lieu de la province homonyme, elle a joué le rôle de capitale économique, culturelle et universitaire non seulement de l'Aragon mais aussi d'une partie importante de la vallée de l'Èbre et du Nord-Est de la péninsule ibérique. L'exode rural a vidé la campagne aragonaise et a favorisé la consolidation de Saragosse comme capitale incontestée ; la « macrocéphalie saragossaise » était née. Il s'agira de voir comment Saragosse s'est convertie « naturellement » en capitale politique de l'Aragon autonome, en même temps qu'elle est devenue la capitale d'une Espagne intérieure et vidée (à l'exception de Madrid) qui exerce une forme de synthèse ibérique située dans un territoire de transition (l'Aragon) entre l'Espagne intérieure et périphérique, monolingue et bilingue.

Le livre d’Ernesto Giménez Caballero, Amor a Portugal, retrace la visite d’État de Franco d’octobre 1949. Dans un texte qui fait sienne la propagande officielle, l’auteur y recycle la thèse des penseurs traditionalistes portugais Oliveira Martins et Sardinha consistant à défendre le modèle luso-espagnol de colonisation face au néo-colonialisme anglo-saxon. Au cours des années 1890-1920, l’Espagne et le Portugal durent reconsidérer leur place dans le monde impérialiste. En 1949, c’est le début de la Guerre froide qui oblige les deux pays à une redéfinition, sans abandonner leur ligne générale d’alliance atlantique péninsulaire. Ernesto Giménez Caballero’s book, Amor a Portugal, traces Franco’s State visit in October 1949. The author recycles the thesis of the Portuguese traditionalist thinkers Oliveira Martins and Sardinha, which consists in defending the Luso-Spanish model of colonization against the model of Anglo-Saxon neo-colonialism. During the years 1890-1920, Spain and Portugal had to reconsider their place in the imperialist world. In 1949, the beginning of the Cold War forced the two countries to redefine themselves, without abandoning their general line of Atlantic Peninsular alliance.

Le sujet principal de cet article porte sur les relations diverses entre la nouvelle capitale kazakhstanaise/kazakhe, Astana (auj. Nur-Sultan) et les régions. Les relations sont perçues à travers le prisme de la présence dans le corps même de la capitale de la mémoire des régions. La mémoire est présentée sous forme plastique par le biais de monuments, sculptures, ou artefacts. Les sources empiriques utilisées dans l’article ont été obtenues lors d’études sur le terrain menées entre 2017 et 2019 dans le cadre du projet de recherche suivant : « Les lieux de mémoire dans la culture moderne du Kazakhstan : les processus de commémoration dans l’espace public ». Une attention particulière a été portée à l’analyse de l’idéologie officielle « L’apogée d’Astana : L’apogée du Kazakhstan », et à la manière dont une clé de consolidation a été construite, justifiant, outre les investissements économiques dans la capitale, la formation d’un discours fort par le pouvoir. The main subject of this article is the various relations between the new Kazakhstani / Kazakh capital, Astana (now Nursultan) and the regions. The relationships are perceived through the prism of the presence in the very body of the capital of the memory of the regions. The memory is presented in plastic form through monuments, sculptures, or artifacts. The empirical sources used in the article were obtained during field studies carried out between 2017 and 2019 as part of the following research project: “Places of Remembrance in the Modern Culture of Kazakhstan: Processes of Remembrance in public space”. Special attention was paid to the analysis of the official ideology “Astana’s heyday: The heyday of Kazakhstan”, and how a key to consolidation has been built, justifying, in addition to economic investments in the capital, the formation of a strong rhetoric by the authorities. В статье рассматриваются разноплановые отношениях между новой казахстанской/казахской столицей – Астаной/Нур-Султаном и регионами. Отношения рассматриваются сквозь призму присутствия в «теле» столицы памяти из регионов. Памяти, представленной в материальном виде: памятники, скульптуры, артефакты. Эмпирический материал, используемый в статье, получен в ходе полевых исследований в период 2017-2019 гг. в рамках исследовательского проекта «Места памяти в современной культуре Казахстана: процессы коммеморации в публичных пространствах». Особый фокус сделан на анализе официальной идеологемы «Расцвет Астаны – расцвет Казахстана», на то, как она консолидировалась, оправдывая, помимо экономических инвестиций в столицу, становление дискурса сильной власти.

Dans cet article, on a pu démontrer grâce à un tableau comparatif que l’édification d’une capitale était une étape fondamentale pour la centralisation de nombreux États issus du morcellement de territoires impériaux. Deuxièmement, on a vu par l’analyse des toponymes successifs que le site initial de ce centre politique recouvre depuis le xixe siècle une importance politique à divers titres (colonisation russe contestée, modernisation poststalinienne, sacralisation du pouvoir présidentiel, etc.). Enfin, est décrit comment le statut de capitale incontestable était conféré à la ville par le biais d’une rhétorique insistante, fondée sur une invocation emphatique de faits historiques discutables. Le cas d’Astana/Nur-Sultan rappelle que le territoire est une construction à la fois matérielle et symbolique. En somme, l’édification d’une capitale doit être considérée comme un objet essentiel pour la science politique. In this article, we have been able to demonstrate thanks to a comparative table that the construction of a capital was a fundamental step for the centralization of many states resulting from the fragmentation of imperial territories. Secondly, we have seen from the analysis of the successive toponyms that the initial site of this political center has since the 19th century had political importance in various ways (contested Russian colonization, post-Stalinist modernization, sacralization of presidential power, etc.). Finally, it was described how the status of unquestionable capital was conferred on the city through insistent rhetoric, based on an emphatic invocation of questionable historical facts. The case of Astana / Nur-Sultan recalls that the territory is a construction that is both material and symbolic. In short, the building of a capital must be regarded as an essential object for political science. В этой статье мы смогли продемонстрировать благодаря сравнительной таблице, что строительство столицы было фундаментальным шагом к централизации многих государств в результате фрагментации имперских территорий. Из анализа последовательных топонимов мы увидели, что первоначальное местоположение этого политического центра с xix века имело различное политическое значение (оспариваемая российская колонизация, постсталинская модернизация, сакрализация президентской власти и т. д.). Случай Астаны / Нур-Султана напоминает о том, что территория – это своего рода сооружение, которое является одновременно материальным и символическим. Таким образом, строительство столицы следует рассматривать как важный объект политической науки.

Le processus de modernisation de la capitale tadjike Douchanbé à l’ère de l’indépendance politique est la démolition totale de l’environnement architectural soviétique au profit de nouveaux gratte-ciel, qui sont une fierté particulière pour les développeurs locaux. Dans le pays, la plupart des habitants expriment leur protestation contre les projets de construction de structures impressionnantes, qui détruisent en réalité leur propre histoire des Tadjiks. Mais dans la plupart des cas, la volonté politique prévaut dans la prise de décision. Le concept principal de la transformation de Douchanbé en tant que symbole ethnoculturel est basé sur le « retour aux sources nationales et la modernisation de la conscience publique » sous le slogan « Adieu genius loci soviétique, vive Dubaï ! ». The process of modernization of the Tajik capital Dushanbe in the period of political independence presents the total demolition soviet architectural environment to make room for new skyscrapers, which becomes the subject of tremendous pride for local developers. In Tajikistan, most citizens express their protest against massive construction project that is really а destruction of national history of the Tajiks. However, in most cases political will prevails in decision-making. The base of main conception of Dushanbe transformation as ethnocultural symbol is “a return to the national sources and the modernization of public consciousness” with the slogan “Goodbye soviet genius loci, long live Dubai!” Процесс модернизации столицы Таджикистана Душанбе в эпоху политической независимости представляет собой тотальный снос советской архитектурной среды ради новых небоскребов, которые являются предметом особой гордости местных застройщиков. В стране большинство жителей выражают свой протест против проектов строительства внушительных сооружений, которые в действительности уничтожают собственную историю таджиков. Но в большинстве случаев политическая воля превалирует в принятии решений. В основе главной концепции трансформации Душанбе как этнокультурного символа фигурирует «возвращение к национальным истокам и модернизация общественного сознания» под лозунгом «Прощай советский genius loci, да здравствует Дубай!».

Il importe que les pays comprennent bien que l’urbanisme est une part essentielle de notre renaissance.Raoul Dautry, Note aux délégués départementaux, ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme, 1er février 1945. (...) Anlatınız bana Kızılelma’yıBu şehir neresi, yolu nereden?Şimdiye dek var mı oraya giden?Perisi melek mi, yoksa beşler mi?Beni kulluğuna kabul eder mi?(...) Kızılelma yok mu? Şüphesiz vardır;Fakat onun semti başka diyardırzemini mefkûre, semâsî hayâl...Birgün gerçek, fakat...

Ankara, bâtie en quinze années de labeur opiniâtre avec une fiévreuse ardeur peut être considérée comme une exposition moderne où se marquent de la manière la plus instructive les aspirations profondes vers une rénovation totale de tout un peuple en marche, (Albert Gabriel, Directeur de l’Institut Archéologique d’Istanbul, Supplément au Figaro, 30 juillet 1939, p. 4). Partout des palais s’élèvent, les quartiers des morts renaissent à la vie, les avenues larges et aérées remplacent petit à pet...

Au flottement des relations à l’état de nature, la ville substitue son principe de stabilité et de continuité. Elle donne à la communauté politique la solidité de la pierre avec laquelle elle édifie ses monuments. L’affluence des produits, la diversité des formes de travail, y attirent des éléments divers de population, qui s’y fondent. On n’imagine guère la possibilité de formations d’États là où il ne se trouve pas déjà d’importantes fondations de villes pour fixer, varier, et étendre les r...

La mort de Mustafa Kemal en octobre 1938 constitue, à de multiples égards, une coupure dans l’histoire d’Ankara, même si le successeur à la présidence de la République, İsmet İnönü – l’initiateur du projet de promotion de la ville, en octobre 1923 –, ne peut être suspecté de vouloir subitement « lâcher » Ankara. En effet, la disparition (prématurée) d’Atatürk – coïncidant avec les débuts de la Seconde Guerre mondiale –, amorce des changements politiques qui auront des répercussions sur les co...

« La plus belle chose à Ankara, c’est le retour à Istanbul » (Yahya Kemal (Beyatlı), député, poète (1884-1958) (propos rapporté par Nedim Gürsel). Les toutes premières années de la République turque – proclamée le 29 octobre 1923 – sont caractérisées par une œuvre de consolidation diplomatique et politique, et par un effort d’instauration d’une économie nationale. À l’extérieur, l’État turc est en quête de reconnaissance et d’alliés. À l’intérieur, se met en place un régime de parti unique, q...

Aujourd’hui, les conseils d’administration des compagnies industrielles et les Parlements qui décrètent des transports de capitale remplacent les rois de droit divin. Plus qu’au déclin et à la mort des villes, la géographie s’intéresse à leur force de résistance, à leur puissance de renouvellement, à leur plasticité.Maximilien Sorre, 1943-1952 : Les Fondements de la géographie humaine, t. 3 : « L’habitat Conclusion générale » (1952), Paris, A. Colin, p. 185. Avant toute chose, il paraît néces...

The theme of capitalism is crucial for understanding today’s situation, with its elements of continuity and discontinuity with the past. The introduction to the monographic section Rethinking Capitalism, which includes both articles devoted mainly to contemporary theories on capitalism and articles focusing on a reading of contemporary capitalism, outlines assumptions and aspects of the problem, from a critical perspective and on the basis of an interweaving of economic, social and political factors. In the first part, after a historical-conceptual framework of the term “capitalism,” the importance of the Marxian analysis of the capitalist mode of production is highlighted, while in the second part some distinctive features of contemporary capitalism are indicated.

Cette étude se propose d’analyser – principalement sur la base de sources turques de l’époque – les modalités d’un processus d’aménagement caractérisé par une contradiction permanente entre projet urbain et dynamiques urbaines de facto, durant la période 1919-1950. Pour chaque moment successivement distingué (quatre en tout : 1919-1923, puis 1923-1928, 1928-1938 et enfin 1938-1950) on s’efforce de prendre en compte à la fois le contexte, les acteurs et les expressions concrètes du processus. Au lendemain de la Première Guerre, Ankara est un modeste chef-lieu au cœur de l’Anatolie occidentale, qui ne compte pas plus de 20 000 habitants. Entre 1923, date de la promotion officielle en tant que capitale, et 1928, aucune « politique d’aménagement » cohérente, n’est impulsée. Si le pouvoir municipal est consolidé, le faible degré de coordination entre les parties prenantes (ministères/municipalités/acteurs privés) empêche toute réalisation effective. Les cadres du nouvel État ne trouvent pas à se loger décemment. Face à ce malaise, les autorités se résolvent à organiser en 1927 un « concours international », afin de doter Ankara d’un « plan d’aménagement » général et prospectif. En parallèle est créée en 1928 une « Direction à la Construction de la ville d’Ankara », instance dépendante du ministère de l’Intérieur. La décennie 1930 s’individualise comme celle où, relativement, le volontarisme est le plus net. Mais les moyens engagés restent insuffisants. Dès lors, l’aménagement d’Ankara est peu à peu abandonné aux intérêts privés et catégoriels. En 1950, sur une population officielle de près de 300 000 habitants, la moitié au moins est mal-logée. L’État préfère investir dans des opérations de prestige, alors que la municipalité n’a pas les moyens de faire face en matière d’adduction égalitaire d’eau. Au total, le cas d’Ankara illustre de façon frappante le divorce entre l’urbanisme de projet et l’urbanisation réelle, entre la ville rêvée/planifiée et la ville effectivement produite.

Malgré l’ouvrage fondateur de Franz Rosenthal sur l’historiographie médiévale des pays d’Islam, publié une première fois en 1952, ce n’est qu’à partir des années 1990 que ce champ de recherche connaît d’importants renouvellements avec les travaux de synthèse de Tarif Khalidi, Stephen Humphreys ou plus récemment de Chase F. Robinson. Toutefois, ces panoramas généraux n’offrent qu’une place marginale à l’Occident islamique. Certes, dès 1982, l’ouvrage de Maya Shatzmiller, consacré à l’historiog...

Au terme de ce parcours, un retour sur la place de Tlemcen dans l’historiographie témoigne de l’ambiguïté de son statut. L’admiration que la ville a suscitée chez les historiens orientalistes tel Georges Marçais, se double du constat de son incapacité à se hisser parmi les grandes capitales de son temps. De même, les travaux des historiens algériens, des années 1980 à nos jours, ont enfermé l’histoire de la ville dans une perspective nationale, limitant l’importance de la cité à la seule hist...

Depuis les travaux menés à l’époque coloniale, Tlemcen (Algérie) n’a plus été prise comme objet d’étude à part entière, l’historiographie ayant privilégié l’histoire politique et événementielle à l’échelle d’un royaume. Cet ouvrage replace la ville au cœur de la réflexion pour interroger les modalités de son affirmation en tant que capitale de la dynastie abdelwadide à partir VII/XIIIe siècle, en l’envisageant d’abord comme une construction sociale. L’affirmation de ce statut est ainsi le résultat de stratégies discursives déployées par le pouvoir abdelwadide mais aussi mérinide, puis partagées, diffusées et réappropriées au-delà du Maghreb. Ce sont ainsi de nouvelles catégories qui émergent et par­ticipent de la recomposition des représentations spatiales à l’époque post-almohade. Mais ce sont aussi les pratiques de l’espace mises en œuvre par divers acteurs, pouvoirs sultaniens, saints et savants, qui contribuent à faire de Tlemcen une capitale et qui favorisent son affirmation à l’échelle régionale, ainsi que son insertion dans les réseaux méditerranéens et transsahariens. À travers l’étude de la construction matérielle et symbolique de Tlemcen comme capitale de la dynastie abdelwadide, cet ouvrage revisite l’histoire du Maghreb central et d’un pouvoir] abdelwadide trop souvent considéré comme instable et soumis à ses concurrents mérinide et hafside, pour donner à voir les dynamiques qui l’animent et les interactions dont il se nourrit.

Comme le remarquait à juste titre Jean Devisse, Tlemcen « apparaît trop soudainement en pleine lumière au viie/xiiie siècle pour que ce succès n’ait pas une préhistoire qu’il conviendrait d’analyser ». Et ce d’autant plus que le postulat d’un déclin économique du Maghreb à partir du ve/xie siècle s’accorde assez mal avec l’essor économique et intellectuel que semble manifester Tlemcen. Cette prospérité, étroitement liée à la place que la ville occupe dans les réseaux marchands et savants, ne ...

Il serait vain d’envisager la ville et son statut de capitale à la seule échelle locale et intra-urbaine, tant les évolutions qui l’affectent sont étroitement liées à celles de son espace environnant. Comme le souligne Yassir Benhima, « la place de la ville s’avère tributaire des spécificités et des processus de construction sociale et territoriale : la force des structures communautaires, tribales ou confrériques, instaure immanquablement des équilibres différents de ceux qui se mettent en p...

Si les chroniques rédigées sur commande princière ont contribué à forger l’image de Tlemcen en tant que capitale du royaume abdelwadide, les souverains se sont aussi efforcés de donner corps à cette représentation en investissant matériellement et physiquement la ville. Espace par excellence de légitimation du pouvoir, la capitale est le lieu où, à travers les constructions mais aussi les pratiques souveraines de l’espace urbain, le pouvoir se met en scène et se donne à voir. À ce titre, la s...

D’après une tradition, Tlemcen serait une des plus anciennes villes du monde, et son nom primitif d’Agadyr, dont la forme pourrait être rapportée au phénicien, n’est pas absolument opposé à cette hypothèse. Des données plus positives permettent de la faire remonter jusqu’aux Antonins, en lui assignant une origine romaine qui n’est pas dépourvue de mérite. Vers le milieu du deuxième siècle de l’hégire, Édris lui donne une splendeur momentanée ; mais c’est sous le roi almoravide Youssouf ben-Te...

Le caractère performatif des discours historiographiques ne saurait être pleinement effectif s’il n’est un minimum partagé et diffusé. C’est la raison pour laquelle les historiographies concurrentes qui se développèrent au Maghreb, et tout particulièrement celle produite dans l’entourage des Mérinides, contribuèrent, tout autant que celle des Abdelwadides, à faire de Tlemcen une capitale. Paradoxalement, les rivalités qui se cristallisèrent autour de cette ville, loin de l’affaiblir, renforcè...

Dans son acception la plus commune, le terme de capitale renvoie à « une ville qui occupe le premier rang hiérarchique dans un État ou une province ». Qualifier Tlemcen de capitale revient donc à poser la question de l’existence d’un État ce qui ne va pas sans soulever de multiples problèmes, non seulement pour le Moyen Âge en général, mais tout particulièrement pour le Maghreb médiéval. Les premiers travaux d’époque coloniale portant sur cet espace ont ainsi considéré qu’il était dépourvu de...

Le ixe/xve siècle est témoin d’un profond changement du contexte documentaire : les nombreuses chroniques produites dans la seconde moitié du viiie/ xive siècle se font alors beaucoup plus rares, et les sources juridiques représentent désormais un matériau abondant. Loin d’être anecdotique et uniquement imputable à la perte de manuscrits, cette évolution de la nature des sources est un indice des profonds bouleversements à l’œuvre, en particulier dans les rapports de force qui se jouent entre...

L’écriture de l’histoire représente pour tout pouvoir un véritable enjeu car « la maîtrise du passé se donne à lire comme un acte essentiel de légitimation ». Pour ce faire, les matériaux déjà disponibles sont l’objet d’une réécriture permanente afin d’adapter l’histoire « aux besoins de présents transformés ». Ce sont les différentes strates et les « filtres historiographiques » ainsi mis en œuvre qui doivent être identifiés afin de mettre au jour les enjeux propres à chaque dynastie. Ces éc...

Si ce sont bien les Abdelwadides qui font de Tlemcen une capitale, leur choix n’en était pas moins contraint. Outre qu’elle était la ville au cœur de l’espace de domination concédé par les Almohades au début du viie/xiiie siècle, elle disposait surtout d’un atout de taille qui en faisait la candidate idéale : elle occupait déjà, en ce début de viie/xiiie siècle, une place de premier plan dans les réseaux marchands et savants. Cette position stratégique de la capitale abdelwadide en tant que p...

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Si les discours donnent à voir une image de Tlemcen en tant que capitale, ces derniers ne peuvent toutefois être déconnectés de la matérialité de l’espace urbain tel qu’il est vécu et façonné au quotidien par la société urbaine qui l’habite. La ville, et a fortiori la capitale où se concentrent le pouvoir, les élites et la richesse, est un lieu privilégié d’expression des rapports sociaux qui se traduisent par des pratiques différenciées de l’espace urbain. Différents pouvoirs, sultans et éli...

The ecological and the climate crises are causing profound and radical changes in the ways in which human and social sciences investigate the relationships between society and nature, also considering that such relationships are increasingly unpredictable and uncertain. From a general point of view, we argue that social sciences and the humanities are trying to incorporate the foundational material dimensions of these connections into their analysis. Consequently, we argue that they try to develop new theoretical tools to investigate this ever-changing socio-natural hybrid. However, the human and social sciences that deal with ecological issues still show some weaknesses, such as the propensity for a minimalist ethnographic analysis that cannot be extended to a broader reflection, or the reluctance to develop critical thinking. In this essay, we recall some crucial challenges that scholars in social and human sciences should try to face in the near future in order to develop and strengthen a form of critical thinking. Finally, we will turn to Blanchot���s ���Communism-community��� as a means of pushing the theoretical reflection on the relationship between economy, materialism and energy even further by stressing the implication of human responsibility, which is understood as ���open planning��� rather than as a project determined a priori. In this way, it seems possible to avoid communism from relapsing into the dogmatism and sectarianism that have partially characterized the last century., Philosophy Kitchen - Rivista di filosofia contemporanea, N��m. 15 (2021): La fine di tutte le cose. Strategie ecologiche per la contingenza

International audience; Amaravati, a Capital for Andhra Pradesh: Construction and Deconstruction of a “City Project”How can a new state capital be planned and built when electoral mandates do not exceed five years? This is the equation posed by the situation in the new state of Andhra Pradesh, a redrawn state after a territorial partition in 2014 that saw the birth of Telangana and the loss of its capital, an economic jewel, Hyderabad. The first Chief Minister of residual Andhra Pradesh, N. C. Naidu, has undertaken the construction of Amaravati, a city built from scratch, just after his election in 2014 to fill the need for a capital. But the political alternation that occurred in 2019 destabilises the project and compromises its full realization as planned. This case study sheds light on the links forged between land use planning and political agenda and the consequences of their failures.; Comment planifier et construire une nouvelle capitale d’État fédéré lorsque les mandats électoraux ne dépassent pas cinq années ? C’est l’équation que pose le cas du nouvel État d’Andhra Pradesh redessiné après une partition territoriale en 2013 qui a vu naître le Telangana et qui lui ampute Hyderabad, sa capitale et fleuron économique. Le premier Ministre en chef élu de l’Andhra Pradesh résiduel, N. C. Naidu, entreprend la construction d’Amaravati, une ville ex nihilo, dès 2014 pour combler le besoin de capitale mais l’alternance politique survenue en 2019 déstabilise l’ambition initiale du « projet de ville » au risque de la réduire en cendres. Ce cas d’étude éclaire les liens tissés entre aménagement du territoire et programmes politiques et les implications de leurs échecs