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Entre le XIIe et le XVe siècle – mais surtout durant la deuxième moitié du XIIe et la première moitié du XIIIe – certaines formes verbales du castillan, étymologiquement pourvues d’un -e désinentiel atone, perdent par apocope cette voyelle terminale. Dans la liste des impératifs singuliers de la langue ancienne, par exemple, on trouve des formes du type met (au lieu de mete), com (au lieu de come), sub, pid, recib, muer, etc. (au lieu de sube, pide, recibe, muere...), sans compter les formes ...

C’est une singulière histoire, en espagnol, que celle des désinences verbales terminées par un -e atone. A date ancienne, en effet, le propre de ces désinences – le propre de la plupart d’entre elles, pour plus d’exactitude – est d’apparaître sous une forme apocopée qui, après s’être quasiment imposée comme forme standard durant une longue période – aux XIIe et XIIIe siècles notamment – a finalement été abandonnée au bénéfice de la forme originelle, c’est-à-dire au bénéfice de la forme pleine...

Poser correctement un problème, disent les mathématiciens, c’est déjà le résoudre à moitié. Si cette affirmation est vraie dans le domaine des sciences exactes, on peut penser qu’elle l’est aussi dans le domaine des sciences humaines, à ceci près que dans ce dernier, il n’est jamais permis de vérifier la validité des fondements sur lesquels repose la description des phénomènes à expliquer. La seule ambition d’un linguiste, par exemple, est d’arriver à penser que la façon dont il a posé tel ou...

Décrire la forme en -ra – lorsqu’on dresse un tableau des formes verbales de l’espagnol moderne –, c’est décrire un signe linguistique dont la nature modale est aujourd’hui encore un sujet de controverse. Il n’est, pour s’en convaincre, que de se demander en quels termes il conviendrait d’analyser l’occurrence que l’on en trouve dans les lignes suivantes, extraites d’un document publicitaire réalisé par la maison d’édition Arco Libres pour la présentation de son tout récent Diccionario de tex...

On sait que l’édifice systématique de la personne repose sur la représentation de trois entités singulières dont la nature – exprimée par un rang ordinal – est définie par la fonction qui leur incombe dans l’acte de langage. La personne dite première est celle qui parle ; la seconde, celle à qui l’on parle ; la troisième, celle dont on parle. Mais on sait aussi que l’entité à laquelle fait référence une forme linguistique de première personne – le pronom yo, par exemple – est à la fois celle ...

Le présent ouvrage reflète les préoccupations d’un universitaire chargé de longue date d’un cours d’histoire de la langue pour candidats à l’agrégation d’espagnol. On peut y voir, à ce titre, un recueil qui s’adresse tout particulièrement à des étudiants et notamment à ceux qui cherchent des réponses – ou des éléments de réponse – à quelques-unes des questions que posent la morphologie et la syntaxe de l’espagnol ancien (l’un des textes que doit commenter devant son jury un futur agrégé d’espagnol est en effet un classique de la langue ancienne). Cet ouvrage, cependant, ne se substitue pas à une grammaire historique. Il ne traite qu’un nombre limité de questions de morphosyntaxe espagnole – choisies parmi celles qu’un hispaniste a le plus de chances de devoir aborder dans le commentaire linguistique d’un texte ancien – et il vise avant tout à illustrer une certaine façon de décrire une langue. Par delà l’étude de quelques cas de motivation du signe linguistique, il vise à montrer ce que peut être une grammaire de l’espagnol lorsqu’on choisit d’accorder aux signifiants de cette langue une attention prioritaire.

Les travaux contenus dans ce recueil ont été publiés – ou présentés oralement – à l’occasion de différents congrès ou colloques entre 1992 et 2000. Ils se trouvent reproduits ici – sauf exception signalée dans leur note de présentation – sous la forme qu’ils avaient dans leur version originale. La seule mise à jour dont ils aient fait l’objet est d’ordre terminologique : elle vise à mettre le métalangage des plus anciens d’entre eux en conformité avec celui des plus récents. Les crochets carr...

On a parfois l’impression, en lisant certaines grammaires historiques, que les signes d’une langue évoluent au gré de circonstances généralement imprévisibles et que le rôle du linguiste se limite à découvrir, parmi ces dernières, le maximum de régularités, le maximum de lois. Des accidents du signifiant sont ainsi décrits et répertoriés avec le plus grand soin, mais la fonction de ces accidents, dans les systèmes de signes qu’ils affectent, n’est pas toujours prise en considération ou ne l’e...

Décrire l’organisation morphologique d’une langue – comme le fait un grammairien dans une perspective didactique, par exemple – est une tâche souvent compliquée par l’existence de signes dont le signifié semble justifier qu’on les inclue dans un système déterminé, mais dont le signifiant apparaît comme un élément étranger à ce système. Ces signes se présentent comme des exceptions ou des irrégularités de l’ensemble auquel on les rattache et ils suscitent l’impression que les langues, jusque d...

Il peut paraître superflu de rappeler, dans un travail consacré au verbe, que c’est la morphologie des langues qui offre les exemples de systématisation les plus nombreux, les plus aboutis, les plus faciles à mettre en lumière aussi. Il est bien connu en effet que pour décrire une langue à un moment donné de son histoire, ou pour en comprendre la formation et l’évolution, il n’est rien qui se prête plus directement à l’observation que les formes multiples sous lesquelles se présentent certain...

De toutes les formes que les grammaires descriptives qualifient d’irrégulières dans la conjugaison espagnole, il y en a peu qui constituent une classe aussi fermée, aussi structurée et aussi riche en marques distinctives que celle des prétérits forts. Il n’y en a pas non plus – c’est un curieux paradoxe – dont la liste soit établie de façon plus approximative. Dans les descriptions les plus usuelles de l’espagnol d’aujourd’hui, en effet, le nombre de verbes dotés d’un prétérit fort – compte n...

Existe-t-il un mode subjonctif en espagnol contemporain ? Une telle question paraîtra sans doute saugrenue à plus d’un hispaniste, voire à plus d’un romaniste, de cette fin de siècle. Mais les faits sont là et ce n’est nullement verser dans la provocation que de les dire : lorsqu’on se penche sur l’organisation sémiologique de cette langue – l’organisation de ses signifiants – on n’y trouve pas de morphologie proprement subjonctive. Entendons-nous bien : il n’est que d’ouvrir une grammaire de...

On a parfois l’impression, lorsqu’on ouvre un traité de lexicologie au chapitre de la dérivation, que ce mécanisme linguistique, considéré à juste titre comme l’un des principaux moteurs de la créativité lexicale, fait l’objet de descriptions dont on peut dire qu’elles se complètent mutuellement, mais de façon telle que leur complémentarité – sans doute parce qu’elle semble aller de soi – dissimule, plus qu’elle n’éclaire, la nature du rapport qui s’établit entre les différentes structures dé...