À partir de la récolte de trames de carnets de confinement renseignées par des enquêté∙e∙s volontaires (projet « Récits confinés »), notre article questionne les représentations des temps et des espaces dans le contexte particulier des confinements du printemps et de l’automne 2020. Le confinement de mars 2020 a été caractérisé par une décélération des rythmes quotidiens avec la limitation des sorties, l’arrêt des déplacements pour se rendre au travail ou à l’école et une multiplicité des temps sociaux ramenée à la seule sphère domestique : temps professionnel, temps d’apprentissage, temps domestique, temps libre et ludique. Par une approche anthropologique et une sociologie de la vie quotidienne, notre article montre que le temps du confinement peut être perçu comme le temps de l’apaisement (loin des rythmes et des déplacements quotidiens parfois subis) mais également comme le temps des tensions, au sein d’un même foyer ou d’un même individu, selon les saisons. Le confinement amène à utiliser la temporalité de l’événement différemment : retourner dans le passé ; contempler le temps qui passe ; accélérer les actions quotidiennes ; reconfigurer les routines afin de « réussir » cette expérience sociale inédite. Le temps du confinement est celui de la rupture (des rythmes quotidiens et professionnels) qui annonce un renouveau, un temps contemplé avec profondeur, qui permet de « faire le point ». From the collection of diaries according to a specific questionnaire frame filled by volunteers (project called “Récits Confinés”), this article questions the representation of time and space in the particular context of the two confinements of spring and autumn 2020. The March 2020 confinement was characterized by the deceleration of daily routine rhythm with limitation on movements, interruption of transportation to go to work or to school and a multiplicity of social times limited to the domestic sphere: professional time, learning time, domestic time, free and leisure time. Through our anthropological approach and sociology of everyday life, our article shows that confinement time can be perceived either as an appeasement time (far from daily rhythms and movements sometimes endured) but also as a time of tensions, in the household or within the same person, according to the season. Confinement leads to using the temporality of the event differently: going back to the past; contemplating the passing of time; speeding up daily actions; reconfiguring routines in order to “succeed” this novel social experience. Confinement time is also the time of rupture (daily and professional rhythms) which announces a renewal, a contemplated time, a moment to step back and take stock. A partir de diarios de confinamiento escritos por participantes voluntarios (en el marco del proyecto “Récits confinés” / “Relatos confinados”), nuestro artículo cuestiona las representaciones del tiempo y el espacio en el contexto particular de los confinamientos de la primavera y del otoño de 2020 en Francia. El confinamiento de marzo se caracterizó por una desaceleración de los ritmos cotidianos causada por la limitación de las salidas, la interrupción de los trayectos hacia el trabajo o la escuela y la reducción de numerosos tiempos sociales al mero ámbito doméstico: tiempo profesional, de aprendizaje, doméstico, tiempo libre y tiempo de juego. A través de un enfoque antropológico y de una sociología de la vida cotidiana, mostramos que el confinamiento puede percibirse como un tiempo de apaciguamiento (lejos de los ritmos y movimientos cotidianos a los que solemos estar sometidos), pero también como un tiempo de tensión, dentro de un mismo hogar o en un mismo individuo, según la estación. El confinamiento conlleva un uso diferente del evento (événement) y de su temporalidad: volver al pasado; contemplar el paso del tiempo; acelerar las acciones cotidianas; reconfigurar las rutinas para que esta nueva experiencia social sea “un éxito”. El tiempo de confinamiento es de ruptura (de los ritmos cotidianos y profesionales). Una ruptura que anuncia una regeneración, un tiempo contemplado en profundidad que permite “hacer balance”.