Cercy, Christine, Cardon, Thibault, Delmont, Estelle, Gardais, Corinne, Gryspeirt, Noémie, VINCENT, Vaiana, Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), Centre Michel de Boüard - Centre de recherches archéologiques et historiques anciennes et médiévales (CRAHAM), Université de Caen Normandie (UNICAEN), Normandie Université (NU)-Normandie Université (NU)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), and Inrap Nord-Picardie
Le diagnostic a montré la très bonne conservation des vestiges du couvent des Dames de l’Abbiette, déplacé intra-muros vers 1348 et vendu au titre des Biens Nationaux en 1796, ainsi que la présence d’occupations antérieures. Toutefois, la partie ouest du terrain, représentant près d’un tiers de la surface totale, est très largement oblitérée par un réseau de caves contemporaines ; la frange nord, en partie polluée ou densément traversée par des réseaux, est également peu accessible.En rive droite du ruisseau du Becquerel, le terrain connaît une première phase d’occupation sous forme de structures fossoyées (fossé parcellaire, silo, fosses de taille variable…), scellées par des jardins ou des niveaux d’accumulation de déchets, ainsi qu’une séquence d’habitat(s), attribuée à la première moitié du XIVe siècle. Ces niveaux d’habitats, relativement simples à identifier sous les jardins conventuels en front de rue, sont nettement moins perceptibles sous la nef de l’église des Dominicaines, où ils se confondent avec les différents états des sols du lieu de culte. Les habitations mises au jour peuvent être, avec toute la prudence requise, associées aux propriétés du seigneur d’Auberchicourt et de Marie d’Aspois, acquises au milieu du XIVe siècle par les religieuses ; on peine pour l’instant à associer à ces constructions les structures fossoyées, dont certaines, parmi les plus anciennes, n’ont pas livré de mobilier. Rien n’empêche, dès lors, une occupation diachronique.Le couvent des Dominicaines, dont on suppose qu’il représente au milieu du XVIIIe siècle une superficie de 1,5 ha, est partiellement compris dans l’emprise du projet. Le terrain diagnostiqué comprend l’église, une hallekerque d’au moins 29 m de long, dont le chevet est à pans coupés, une partie du cloître (galerie, aile orientale jardins) ainsi qu’une série de bâtiments adossés au chevet ou au gouttereau sud de l’église.La plus grande partie de l’église est conservée ; on suppose toutefois que sa façade ouest, située sous un immeuble encore en cours de démolition a été détruite lors du percement de la cave de celui-ci. Des espaces liturgiques distincts ont été perçus au diagnostic : à l’ouest, avant une réfection de la seconde moitié du XVIIe siècle, une nef soigneusement pavée, comportant deux séries d’aménagements (supportant des stalles ?) disposés le long des gouttereaux ; au centre du terrain, une succession plus complexe des sols de l’église, puis une phase de récupération suivie d’un renouvellement complet des sols de circulation. Le chevet a été en partie dégagé ; si la base de l’autel a pu être identifiée, une série de fondations en craie occupant une partie de l’espace demeure encore sans interprétation.La galerie sud du cloître, large de près de 3,2 m a été reconnue en deux endroits. Elle s’adosse directement contre le gouttereau nord de l’église et repose, côté jardin, sur un mur-bahut contrebuté de contreforts. Les autres constructions mises en évidence appartiennent, au vu des résultats du diagnostic, à la période moderne. On connaît mieux, parce qu’elles sont relativement bien documentées dans les sources écrites et les documents iconographiques, les campagnes de constructions de la seconde moitié du XVIIIe siècle ; il est probable que la nouvelle aile orientale du cloître, construite entre 1758 et 1759, ait été très partiellement dégagée.Treize tombes ont été identifiées, quatre fouillées. À l’intérieur du couvent, les lieux d’inhumations sont variables : église, galerie du cloître, les abords du lieu de culte. Les caveaux funéraires, signalés par le registre de vêtures et sépultures du XVIIIe siècle, n’ont pu être localisés. La population inhumée ne correspond pas seulement aux Dominicaines : les religieuses ont la possibilité, depuis le XIVe siècle, de procéder à l’ensevelissement de leurs familiers et commensaux.