Activité de la daptomycine et émergence de résistance dans un modèle expérimental d’endocardite à Enterococcus faecium résistant à la vancomycine.

Introduction La daptomycine apparaît comme un antibiotique de première ligne dans le traitement de l’endocardite infectieuse [EI] à entérocoques résistants à la vancomycine. De fortes doses sont nécessaires, mais les posologies optimales, notamment pour traiter les souches d’ Enterococcus faecium ayant une CMI proche du seuil de sensibilité (4 mg/L), ne sont pas connues. Matériels et méthodes Dans un modèle expérimental d’EI chez le lapin, des posologies équivalentes à 8 et 12 mg/kg (DAP8 et DAP12) ont été testées sur des souches d’E. faecium ayant des CMI de la daptomycine à 2 (souche Aus0004) et 4 mg/L (Mut4, mutant obtenu in vitro). Les numérations bactériennes des végétations ont été comparées entre les différents groupes de traitement. Nous avons ensuite estimé l’émergence de mutants résistants sur des milieux additionnés de daptomycine. Résultats Pour la souche Aus0004, DAP8 et DAP12 permettaient de réduire significativement la charge bactérienne des végétations par rapport au groupe contrôle (6,05 et 2,15 vs 9,14 log10 CFU/g respectivement, p < 0,001). DAP12 permettait de stériliser les végétations avec une diminution de la charge bactérienne significativement plus importante qu’avec DAP8 ( p < 0,001). Pour Mut4, une diminution significative de la charge bactérienne des végétations était également obtenue avec DAP8 et DAP12 par rapport au groupe contrôle (7,7 et 6,95 vs. 9,59 log10 CFU/g respectivement, p < 0,001). En revanche aucune différence significative n’était observée entre les 2 posologies ( p > 0,999) et aucune ne permettait de stériliser les végétations. Avec DAP8, 8,3 % des végétations infectées par Aus0004 et 63,6 % des végétations infectées par Mut4 présentaient des mutants résistants. Avec DAP12, 77,8 % des végétations infectées par Mut4 présentaient des mutants résistants. Conclusion Une posologie de 12 mg/kg semble la plus adaptée dans le traitement des EI à E. faecium ayant une CMI de la daptomycine à 2 mg/L. Dans le traitement des EI dues à une souche ayant une CMI à 4 mg/L, la daptomycine en monothérapie entraîne l’émergence de résistance. Une réévaluation de la concentration critique de sensibilité à la daptomycine pour les entérocoques semble nécessaire. [ABSTRACT FROM AUTHOR]