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Enseignement des maladies rares par le jeu de rôle en santé : résultats d'une expérimentation pilote autour du phénomène de Raynaud.

Authors :
Sanges, S.
Morell-Dubois, S.
Farhat, M.M.
Assaraf, M.
Lambert, M.
Sobanski, V.
Launay, D.
Hachulla, E.
Source :
Revue de Médecine Interne. Jun2019 Supplement 1, Vol. 40, pA66-A67. 2p.
Publication Year :
2019

Abstract

Du fait de la rareté des pathologies propres à notre spécialité, les étudiants en médecine bénéficient souvent d'un enseignement purement théorique de la médecine interne. Cette modalité d'apprentissage n'est cependant pas la plus adaptée pour l'acquisition de compétences d'examen physique d'une part, et pour la confrontation clinique aux pathologies de médecine interne d'autre part. Nous rapportons ici les résultats d'une expérimentation pilote utilisant une formation originale basée sur le jeu de rôle pour l'enseignement de la démarche diagnostique face à un phénomène de Raynaud. L'atelier se composait de 2 stations au format ECOS (examen clinique objectif et structuré) durant chacune 30 minutes. Les étudiants de DFASM-1 inscrits à l'enseignement optionnel "Maladies Systémiques" étaient répartis par groupes de 4–5 personnes. Tous avaient bénéficié au préalable d'un cours théorique sur le phénomène de Raynaud et la sclérodermie systémique. Sur chaque station, 2 étudiants étaient acteurs (l'un jouant le rôle de l'interne, l'autre celui de l'externe) et 2 étaient observateurs. Après un briefing succinct, les étudiants jouaient le scénario pendant 15 minutes, puis bénéficiait d'un débriefing de 15 minutes. Lors de la première station, les étudiants recevaient en consultation une femme de 26 ans, adressée par son médecin traitant pour suspicion de phénomène de Raynaud. La consigne donnée aux étudiants était de mener l'interrogatoire et l'examen physique de la patiente, de formuler une hypothèse diagnostique et de prescrire les éventuels examens complémentaires nécessaires. Les étudiants devaient aboutir au diagnostic de probable phénomène de Raynaud idiopathique. Le rôle de la patiente était joué par une facilitatrice médecin bénéficiant d'une expertise sur le phénomène de Raynaud et préalablement formée au rôle proposé. Lors de la deuxième station, les étudiants recevaient en consultation une femme de 56 ans, adressée par son médecin traitant pour un phénomène de Raynaud compliqué d'ulcération digitale. La consigne donnée aux étudiants était identique à la première station. Les étudiants devaient aboutir au diagnostic de probable sclérodermie systémique. Le rôle de la patiente était tenu par une patiente présentant une sclérodermie systémique, suivie par l'un des enseignants animant l'atelier, ayant bénéficié d'une formation préalable et ayant donné son accord pour participer à cet enseignement. Chaque station était animée par des enseignants formés au jeu de rôle et au débriefing. Au décours de l'atelier, les étudiants devaient remplir un questionnaire de satisfaction. Au total, 21 étudiants ont participé à l'atelier et 17 ont rempli le questionnaire de satisfaction. Les étudiants se montraient « très satisfaits » (Likert 4/4) de cette formation dans 94 % des cas. Ils considéraient cet atelier « peu stressant » (Likert 2/4) et « très formateur » (Likert 4/4) dans 71 % des cas, mais « un peu trop court » (Likert 2/4) dans 88 % des cas. A l'issue de cette formation, l'ensemble des étudiants s'estimaient « un peu » (Likert 3/4, 24 %) ou « beaucoup plus à l'aise » (Likert 4/4, 76 %) pour prendre en charge un patient atteint de phénomène de Raynaud idiopathique ; et « un peu » (Likert 3/4, 65 %) ou « beaucoup plus à l'aise » (Likert 4/4, 35 %) pour prendre en charge un patient atteint de sclérodermie systémique. Tous la recommanderaient aux étudiants ne l'ayant pas suivi. Interrogés en texte libre sur les principaux points forts de cette formation, les étudiants soulignaient surtout les avantages procurés par : – la mise en situation réelle en petits groupes, permettant une meilleure acquisition des compétences pratiques (notamment d'examen physique) et un échange plus interactif avec l'enseignant ; – la confrontation avec un vrai patient, permettant une meilleure rétention de la sémiologie et l'intégration d'une dimension relationnelle et humaine à l'apprentissage de la pathologie. Les principaux points faibles rapportés étaient une durée trop courte, l'illustration pratique de seulement 2 causes de phénomène de Raynaud (au détriment des autres) et le caractère potentiellement biaisant et stressant d'être observé lors de la mise en situation. Cette expérimentation originale suggère l'intérêt et la faisabilité sur un petit groupe d'étudiants d'ateliers de jeu de rôle portant sur l'enseignement des maladies rares à partir de situations fréquentes et la promotion de la "culture du doute". L'évaluation de son efficacité pédagogique et sa généralisation sur de larges promotions d'étudiants, sur la base de l'Axe 9 du Plan Maladies Rares 3, sont en cours de réflexion au sein de la commission de réforme de la formation initiale de la Conférence des Doyens. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

Details

Language :
English
ISSN :
02488663
Volume :
40
Database :
Academic Search Index
Journal :
Revue de Médecine Interne
Publication Type :
Academic Journal
Accession number :
136499629
Full Text :
https://doi.org/10.1016/j.revmed.2019.03.039