L'émergence des faux autistes.

Il s'agit d'interroger les conséquences de l'apparition de la notion de spectre de l'autisme, introduite dans le DSM-5, quant au risque de conduire à une extension abusive de ce diagnostic. Des constats cliniques croissants de diagnostics d'autisme erronés trouvent confirmation dans des études épidémiologiques. Il apparaît que les outils diagnostiques de l'autisme ont évolué dans le sens d'un nivellement vers le bas, de sorte que la différence entre une personne diagnostiquée autiste et un individu a priori « neurotypique » s'est considérablement réduite. Les critères de l'autisme semblent s'être élargis jusqu'à des formes atténuées qui conduisent à confondre autisme et traits autistiques. Le diagnostic d'autisme est devenu attractif et valorisant. Les réseaux sociaux et les médias contribuent à son extension. La pertinence de son autodiagnostic est revendiquée par certains sans envisager les difficultés qu'il soulève. La place très réduite accordée à la schizophrénie infantile dans le DSM-5 ne conduit-elle pas à une inclusion abusive de la psychose infantile dans l'autisme ? En ce qui concerne les adultes le manque de repérage des psychoses ordinaires n'est-il pas un facteur d'extension de l'autisme ? L'inflation actuelle de l'autisme incite à un retour à la clinique, c'est-à-dire à une approche qui privilégie la relation à l'autre plutôt que l'exercice d'outils scientifiques. To question the consequences of the appearance of the notion of Autism Spectrum Disorder, introduced in the DSM-5, with regards to the risk of an abusive extension of this diagnosis. Increasing clinical findings of misdiagnosis of autism are confirmed in epidemiological studies. It appears that the diagnostic tools for autism have evolved in the direction of a decrease in specificity, so that the difference between a person diagnosed with autism and an a priori "neurotypical" individual has been considerably reduced. The criteria for autism seem to have broadened to attenuated forms that lead to confusing autism with autistic traits. The diagnosis of autism has become attractive and rewarding. Social networks and the media contribute to its extension. Some people proclaim the relevance of self-diagnosis, without considering the difficulties it raises. Doesn't the very limited place given to childhood schizophrenia in the DSM-5 lead to an abusive inclusion of childhood psychosis in autism? As far as adults are concerned, isn't the lack of identification of ordinary psychoses a factor of the contemporary extension of autism diagnoses? The current inflation of autism encourages a return to the clinical approach, that is: to an approach that relies on the relation to the other rather than the utilization of scientific tools. [ABSTRACT FROM AUTHOR]