Particularités de l'hypertension artérielle au cours de l'artérite de Takayasu.

L'hypertension artérielle (HTA) constitue une des principales manifestations de l'artérite de Takayasu (AT). Elle peut être conséquente à plusieurs mécanismes physiopathologiques, souvent intriqués et dominés par l'origine rénovasculaire. L'objectif de notre étude était de décrire les caractéristiques cliniques, thérapeutiques et évolutives de l'HTA au cours de l'AT. Étude rétrospective descriptive colligeant les dossiers des patients ayants une AT hospitalisés dans un service de médecine interne entre 2000 et 2023. L'AT était retenue selon les critères du collège américain de rhumatologie 1990. L'HTA était définie par une pression artérielle systolique ≥ 140 mmHg et/ou une pression artérielle diastolique ≥ 90 mmHg. Quatorze patients ont été inclus : 3 hommes et 11 femmes (sexe-ratio F/H : 3,7) d'âge moyen de 28,4 ans [20–35 ans]. L'HTA était retrouvée chez 10 patients (71,4 %). Elle était asymptomatique chez 5 patients. La pression artérielle systolique moyenne était de 192 mmHg [110–240] et la diastolique de 101 mmHg [65–145]. Une HTA maligne était observée chez 2 patients. Un retentissement cardiaque et rénal était noté dans un cas chacun. L'HTA était d'origine rénovasculaire dans 9 cas. En dehors de l'HTA, les facteurs de risque cardiovasculaires retrouvés étaient le tabagisme dans 3 cas, un diabète de type 2 et une dyslipidémie dans un cas chacun. Le traitement de l'HTA reposait sur les inhibiteurs calciques chez 10 patients, les diurétiques chez 6 et les bêtabloquants chez 1 patient. La corticothérapie orale était prescrite chez 8 patients. Une revascularisation chirurgicale des artères rénales était réalisée chez 4 patients et une néphrectomie était indiquée chez un patient. L'équilibre tensionnel était obtenu chez 6 patients ; parmi eux, 2 avaient bénéficié d'un geste de revascularisation. Trois patientes avaient présenté une toxémie gravidique au cours de leurs grossesses, dont une s'est compliquée d'une prééclampsie, un patient avait présenté un épisode d'accident vasculaire cérébral hémorragique et un autre était décédé suite à un état de choc septique. Le suivi moyen était de 15,7 ans. Nos résultats s'alignent sur les données de la littérature quant à la prévalence de l'HTA au cours de l'AT, la variabilité du tableau clinique, allant de la forme asymptomatique à l'HTA maligne et à la prévalence de l'origine rénovasculaire. Malheureusement, cette manifestation reste un facteur pronostique majeur, responsable d'une morbidité importante chez des sujets majoritairement jeunes, attestant ainsi de l'importance cruciale d'une prise en charge adaptée et d'une surveillance attentive chez les patients ayant une AT présentant une HTA. [ABSTRACT FROM AUTHOR]