L'impact de la variabilité climatique rapide des OIS3-2 sur le peuplement de l'Europe

International audience; Les changements climatiques qui ont affecté notre planète ont influencé les populations d'hominidés à de multiples échelles. Nombreuses sont les études qui se sont intéressées aux conséquences des changements climatiques à long terme sur les processus d'émergence, d'adaptation et d'extinction des espèces d'hominidés (Vrba, 1988 ; Wolde Gabriel et al. , 1994 ; Vrba et al. , 1995 ; Foley, 1994 ; Potts, 1996, 1998 ; Finlayson et al. , 2004 ; de Menocal, 1995, 2001 ; Behrensmeyer et al. , 1997 ; Bobe et al. , 2002). Moins nombreux sont les travaux qui se sont intéressés aux conséquences sur les populations humaines de changement climatiques de forte amplitude et de relativement brève durée (d'Errico et al. , 2001 ; d'Errico et Sánchez Goñi, 2003 ; Sánchez Goñi et d'Errico, 2004 ; Demars, 2003 ; Joris et al. , 2003 ; Jöris et Weniger, 2002). Nous savons, grâce aux avancées de la paléoclimatologie, que de tels changements climatiques se sont produits entre 40 0000 ans et 10 000 ans avant le présent (Heinrich, 1988 ; Dansgaard et al. , 1993 ; Bond et al. , 1993) et ont affecté de plein fouet le continent européen (Sánchez Goñi et al. , 2002). C'est la période au cours de laquelle on assiste dans cette région du globe à l'arrivée des hommes anatomiquement modernes, à l'extinction des néandertaliens et, par la suite, au développement des civilisations dites du Paléolithique supérieur. Comment évaluer l'impact de ces changements climatiques sur les populations paléolithiques ? Les recherches menées jusqu'à présent se sont souvent limitées à proposer un lien de cause à effet en s'appuyant sur la contemporanéité présumée entre un événement ou une série d'événements climatiques et des phénomènes biologiques (extinction ou émergence de nouvelles espèces, changement dans leur biogéographie) ou culturels (apparition ou déclin de systèmes techniques, modes d'organisation sociale, changements dans la distribution géographique de ces traits). Il est évident, cependant, que la contemporanéité entre un événement climatique et culturel/biologique ne constitue pas en elle-même la preuve que le premier soit la cause du second. D'où la nécessité de rendre explicite l'approche susceptible d'étayer et, dans une certaine mesure, de vérifier l'hypothèse climatique.