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Les enseignants français face à l'ethnicité hier et aujourd'hui

Authors :
Perroton, Joëlle
Schiff, Claire
Centre Émile Durkheim (CED)
Sciences Po Bordeaux - Institut d'études politiques de Bordeaux (IEP Bordeaux)-Université de Bordeaux (UB)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)
Université de Bordeaux
Université de Bordeaux (UB)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)-Sciences Po Bordeaux - Institut d'études politiques de Bordeaux (IEP Bordeaux)
Jenart, Karine
Source :
Congrès international d’Actualité de la recherche en éducation et en formation (AREF), Symposium : Comment parle-t-on d'éducation ? Analyses de discours produit sur les politiques éducatives, Congrès international d’Actualité de la recherche en éducation et en formation (AREF), Symposium : Comment parle-t-on d'éducation ? Analyses de discours produit sur les politiques éducatives, Université de Bordeaux, Jul 2019, Bordeaux, France
Publication Year :
2019
Publisher :
HAL CCSD, 2019.

Abstract

International audience; La question des discriminations et du rapport du système scolaire aux différences et aux identités ethnoculturelles a longtemps constitué un tabou dans l’école française. Le modèle républicain d’intégration et la mission d’assimilation conférée à l’école ont poussé les enseignants à se percevoir comme les porteurs d’un universalisme éclairé et d’un égalitarisme méritocratique. Pendant longtemps, la présence de jeunes issus de l’immigration à l’école a plutôt été analysée et parlée sur le mode du handicap socio-culturel. Et, si la tendance à interpréter les problèmes scolaires (violences, ségrégation, inégalités) au travers du prisme des origines ethnoculturelles des élèves est visible dès les années 1990 dans la société française, elle n’émerge dans le discours enseignant que sporadiquement, sous le registre du déni ou de la mauvaise conscience. Une vingtaine d’années après, force est de constater que la parole enseignante a changé et s’est libérée. La dimension ethnique leur apparaît comme plus prégnante et les questionne directement. Cette communication se propose d’analyser de manière longitudinale l’évolution du discours des enseignants, à travers toute une série de recherches menées et en cours. Celles-ci vont des recherches doctorales des auteurs menées à la fin des années 1990, l’une sur l’ethnicité à l’école et l’autre sur les expériences scolaires des collégiens primo-arrivants, jusqu’aux résultats issus de plusieurs programmes de recherches dont EDUMIGROM (Ethnic Differences in Education and Diverging Prospects for Urban Youth in an Enlarged Europe) et une recherche en cours intitulée ALTERECOLE (Les dynamiques territoriales et scolaires dans la construction de l’altérité : élèves migrants, itinérants et autres « outsiders » dans les espaces socio-scolaires segmentés). Ces enquêtes diverses ont été menées dans des collèges et lycées généraux et professionnels situés dans différents contextes urbains avec une approche qui associe questionnaires, entretiens avec élèves et enseignants, observations et suivis de classe et discussions en petits groupes. Nous montrerons que le discours des enseignants sur ces questions est relativement uniforme et en rapport direct avec les évolutions du monde scolaire et social. La question ethnique est souvent perçue par les enseignants comme une dimension des relations sociales et scolaires qui leur échappe largement, qui pénètre de l’extérieur dans le système scolaire comme une « contrainte » avec laquelle il faut composer. Nous montrerons donc que, si les enseignants sont de plus en plus sensibles à l’ethnicité et en parlent plus librement, ils ont du mal à percevoir la dimension contextuelle liée à l’établissement dans la construction de l’ethnicité. Or, nos recherches nous ont conduit à observer que les effets établissements et les dynamiques locales et territoriales pouvaient être déterminantes dans l’avènement de stigmatisation et tensions ethniques qui, loin d’être simplement importées de l’extérieur à partir des familles, des quartiers ou des sociabilités juvéniles extra-scolaires, sont souvent produites et aggravées par des fonctionnements ou dysfonctionnements dans l’organisation des classes, des filières, des politiques d’établissements, et au delà par la réalités de la ségrégation scolaire. Ainsi, nous ferons l’hypothèse que les approches qui isolent la question ethnique des autres dimensions de la vie scolaire et sociale, et surtout de ces dimensions contexte et établissement, font l’impasse sur un point essentiel de levier d’action, voire même renforce un certain aveuglement et sentiment d’impuissance des équipes dirigeantes et enseignantes qui ne font qu’aggraver les discriminations. Nous avançons donc l’idée que les politiques éducatives et la formation des enseignants gagneraient à partir d’un diagnostic partagé avec les équipes qui pourrait aider les établissements à construire des politiques de lutte contre les discriminations.

Details

Language :
French
Database :
OpenAIRE
Journal :
Congrès international d’Actualité de la recherche en éducation et en formation (AREF), Symposium : Comment parle-t-on d'éducation ? Analyses de discours produit sur les politiques éducatives, Congrès international d’Actualité de la recherche en éducation et en formation (AREF), Symposium : Comment parle-t-on d'éducation ? Analyses de discours produit sur les politiques éducatives, Université de Bordeaux, Jul 2019, Bordeaux, France
Accession number :
edsair.dedup.wf.001..a328c52c1774eb9ea057db0e97b6cbc5