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Complication atypique après injection d’héroïne

Authors :
D. Bazin
J. Tournebize
Françoise Flesch
N. Ihadadene
C. Tournoud
A. Benoilid
Source :
Toxicologie Analytique et Clinique. 26:226
Publication Year :
2014
Publisher :
Elsevier BV, 2014.

Abstract

Introduction L’usage de l’heroine peut etre a l’origine de complications : depression respiratoire, troubles neurologiques, rhabdomyolyse, insuffisance renale. Les neuropathies peripheriques non traumatiques et non inflammatoires sont rares et a notre connaissance jamais decrites en France. Observation Un homme âge de 32 ans, obese, tabagique, heroinomane depuis 10 ans, s’est injecte par voie IV, apres une periode de sevrage de 6 mois, de l’heroine (sous forme de « caillou ») achetee a un nouveau revendeur. Il se reveille 24 heures plus tard, couche au sol, avec une totale impotence des membres inferieurs. Il est retrouve le lendemain (H48) par un ami venu prendre de ses nouvelles. A l’admission en reanimation, il est conscient, oriente et les constantes hemodynamiques sont stables. Il presente une paraplegie avec une sensibilite profonde perturbee. Le patient est anurique et le bilan biologique retrouve une insuffisance renale aigue (creatinine 60 mg/L, uree 1,59 g/L), une hyperkaliemie (6,8 mmol/L), une rhabdomyolyse (CPK 226 000 UI/L), une cytolyse hepatique (ASAT 2000 UI/L, ALAT 792 UI/L) LDH 147 000 UI/L. La recherche de toxiques dans le sang est negative mais les opiaces sont positifs dans les urines. Le scanner abdominopelvien ne retrouve pas de lesions post-traumatiques et il n’y a pas de signes en faveur d’une compression medullaire a l’IRM dorso-lombaire. Devant l’amelioration de la fonction renale sous dialyse, le patient a ete transfere en nephrologie a j17 puis en neurologie a j24. L’EMG realise conclut a une polyneuropathie sensitivo-motrice axonale des membres inferieurs de type polyradiculonevrite. Les examens bacteriologiques et immunologiques sont revenus negatifs. 4 mois plus tard, le patient marche avec une canne, presente des paresthesies et des zones d’hypoesthesie au niveau des jambes. Un reste de produit injecte a ete analyse (GC/MS) et confirme la presence d’opiaces : heroine (1,25 %), 6-monoacetylmorphine (2,85 %), morphine (0,03 %). Discussion La physiopathologie des neuropathies peripheriques non traumatiques et non infectieuses postheroine est non elucidee. Tres peu de cas ont ete publies dans la litterature. Deux hypotheses physiopathologiques ont ete evoquees, a savoir celle d’une toxicite directe de l’heroine ou de ses additifs ou celle en rapport avec un mecanisme immunologique. Dans notre cas, le seul produit de coupe retrouve est le paracetamol, ce qui n’exclut pas la presence d’autres substances, les produits testes etant ceux de la bibliotheque du laboratoire. Le patient s’est injecte une heroine achetee a un revendeur inhabituel donc probablement differente de celle qu’il s’injectait auparavant. Par ailleurs, dans les publications comme dans le cas present, il existait une periode de sevrage avant la reintroduction, ce qui serait un argument plutot en faveur d’un mecanisme immunologique. Conclusion L’utilisation d’heroine peut entrainer des troubles neurologiques peripheriques sans etiologie compressive ou inflammatoire. Cette complication est rare et son mecanisme physiopathologique reste inconnu. L’evolution est lentement regressive et souvent sequellaire.

Details

ISSN :
23520078
Volume :
26
Database :
OpenAIRE
Journal :
Toxicologie Analytique et Clinique
Accession number :
edsair.doi...........8afbe3d40c2398fa73066b4a4298b8b4
Full Text :
https://doi.org/10.1016/j.toxac.2014.09.036