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L’utilisation de benzodiazépines est un facteur de sévérité chez les patients avec addictions multiples
- Source :
- French Journal of Psychiatry. 1:S30-S31
- Publication Year :
- 2018
- Publisher :
- Elsevier BV, 2018.
-
Abstract
- Introduction Les benzodiazepines (BZD) sont utilisees par 45 a 60 % des individus souffrant de troubles lies a l’usage de substances (SUD), dont au moins la moitie presentent un trouble lie a l’usage [1,2] selon le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, 4th version (DSM-IV) [3]. Cela suggere que leur utilisation reste banalisee dans cette population, bien que des donnees recentes aient suggere l’existence de dommages specifiques aux BZD [4,5], y compris avec augmentation du risque de tentatives de suicide [6]. Ces donnees proviennent presqu’exclusivement d’echantillons d’individus en soins pour une addiction aux opiaces, la plupart du temps traites par la methadone, ce qui donne une vision tres partielle des enjeux du mesusage de BZD dans les populations en soins pour des SUD de facon generale. En outre, les phenotypes suicidaires – l’une des complications frequentes les plus redoutees dans la pratique addictologique – ont ete etudies dans leur ensemble. Or, un consensus recent suggere de les etudier distinctement selon leur severite/violence/dangerosite et/ou leur recurrence, qui presentent des facteurs de risque distincts des TS isolees ou moins severes [7,8]. Pour mieux caracteriser ces liens, nous avons voulu : • Decrire les modalites d’usage/mesusage de BZD dans une population consultant pour SUD severes ; • Etudier les associations entre BZD et trois familles de marqueurs de severite : 1/ psychiatrique, avec les phenotypes suicidaires, 2/ socio-demographique (logement-emploi-statut marital) et 3/ addictologique avec la frequence et la gravite des overdoses. L’objectif final etait de constituer un modele general du profil de severite associe au mesusage de BZD dans cette population. Nous faisons l’hypothese que les BZD sont associees a un risque suicidaire accru, en fonction du genre. Methodes Apres avoir signe un consentement eclaire, 539 patients en soins pour trouble lie a l’usage de cocaine ou d’opiaces, composes a 77 % d’Hommes âges en moyenne de 40 +/- 9 ans, ont ete evalues de facon standardisee pour les consommations de substances (modalites d’usage et SUD selon les criteres du DSM-IV), l’adversite developpementale et l’histoire sociale et suicidaire. Nous avons recherche les modalites d’usage de BZD associees 1/ aux tentatives de suicide dangereuses et recurrentes, respectivement, 2/ a un probleme severe de logement caracterise par le fait d’avoir ete sans domicile pendant au moins 3 mois, au fait d’etre actuellement celibataire, et de rapporter une periode de chomage dans l’annee ecoulee et 3/ aux overdoses aux opiaces. Apres une breve description de l’usage et ses troubles dans notre echantillon, nous avons compare les distributions entre les sujets avec et sans trouble lie a l’usage de BZD (TLUB) par analyses bivariees, en fonction du genre [significativite statistique a 5 % apres correction par le False Discovery Rate selon la methode de Benjamini-Hochberg (FDR-BH) [9]. Les variables associees aux troubles lies a l’usage de BZD ont ensuite ete integrees, apres verification de leur absence de collinearite, dans un modele de regression logistique multinomiale ayant pour variable dependante l’absence d’usage de BZD, la presence d’un usage sans TLUB, et la presence d’un TLUB. Notre etude etant retrospective, nous avons choisi ce modele pour identifier les facteurs independants classant le mieux les individus selon la presence ou l’absence de TLUB par rapport a l’usage non pathologique de BZD. Resultats : L’usage de BZD vie entiere concernait 91 % de notre cohorte, dont 54 % d’abus/dependance debutes en moyenne a 24 et 33 ans, respectivement. La dependance aux BZD etait independamment associee aux tentatives de suicide dangereuses mais pas recurrentes, la pire ayant lieu en moyenne a 26 ans, le plus souvent apres l’initiation des BZD. Avoir ete SDF et victime d’une overdose aux opiaces etait egalement associe aux TLUB en analyses bivariees. Discussion : Dans un large echantillon de patients consultant en soins addictologiques specialises, nous avons montre que le mesusage de BZD etait un facteur de gravite majeur au plan suicidaire et social. Ces resultats nous amenent a evoquer une prise en charge specifique de cette comorbidite dans cette population deja tres a risque au plan psychiatrique et social. En l’absence de recommandation claire sur la methode a adopter, et bien que notre etude retrospective ne permette pas d’etablir des liens de cause a effet directs, il semble que cette classe medicamenteuse ne doive pas etre prescrite dans cette population.
Details
- ISSN :
- 25902415
- Volume :
- 1
- Database :
- OpenAIRE
- Journal :
- French Journal of Psychiatry
- Accession number :
- edsair.doi...........a2c0c56146f52c70abdacef98667f30f
- Full Text :
- https://doi.org/10.1016/s2590-2415(19)30071-6