Pour une conservation préventive de l'ichtyofaune dans les marécages côtiers de Guyane orientale

From a biogeographical point of view, two main areas can be identified in the Guianese coastal marshes : the first east of Cayenne, with its distinctive habitats and fauna showing strong Amazonian affinities, the second west of Cayenne, sharing the same fauna and flora as the rest of northeastern South America. East of Cayenne, the Kay marshes and Gabrielle cove appear to form a continuity with the Amazon through the coastal marshes lying between the Approuague and the Araguari. A closer look at the ichthyofauna in eastern French Guiana's coastal marshes and in the State of Amapa, Brazil, reveals marked differences in the species found on either side of the Oyapock River. Carnivorous species typical of the floodlands of the central Amazon are found in the marshes south of the Oyapock River. Access to these areas of French Guiana was restricted because they are highly inhospitable and the roads are hazardous. However, a new bridge built in Roura affords direct access to Kaw ; more importantly, an extension of Route Nationale 2 to the Oyapock will soon be opened and the construction of a road is planned between Regina on Approuague River and the Kaw marshes, greatly facilitating access to that part of Guiana. Among the species found on the Brazilian side, some are very valuable economically as food or for export as pets, while others are prized for sport fishing or because they are exotic. Pressure to introduce some of these in Guiana will be felt very soon. Current knowledge on how these marshes function is not sufficient for us to make any prediction as to what impact their introduction would have on local ecosystems. Besides implementing preventive regulations, which would have to be strictly enforced, we suggest that comparative studies be carried out rapidly on the marshes on either side of the lower Oyapock River, so as to put forward management models for the long term and, if necessary, propound conservation measures.
On peut distinguer deux grandes zones biogéographiques dans les marécages côtiers des Guyanes : l'une à l'est de Cayenne avec des biotopes et une faune à affinité amazonienne, l'autre à l'ouest de Cayenne avec une faune et une flore communes au nord-est de l'Amérique du Sud. A l'est, les marais de Kaw et la crique Gabrielle semblent en continuité avec l'Amazone via les marais côtiers entre l'Approuague et l'Araguari. L'analyse de l'ichtyofaune des marais côtiers en Guyane française orientale et dans l'Etat d'Amapâ au Brésil, montre une rupture importante dans la composition en espèces de part et d'autre de Poyapock. Des espèces carnivores de moyenne et grande taille, caractéristiques des zones inondables d'Amazonie centrale et occidentale, sont présentes dans les marais à l'est de l'Oyapock, mais pas au-delà vers l'ouest. Parmi ces espèces, certaines sont d'un intérêt économique important, pour la consommation ou l'aquariophilie, certaines sont recherchées pour la pêche sportive et d'autres pour leur exotisme. La pression pour l'introduction de certaines d'entre elles en Guyane se fera sentir d'autant plus tôt que l'ouverture prochaine du prolongement de la RN2 vers l'Oyapock et le projet de liaison de Régina au village de Kaw vont favoriser l'accès à cette partie de la Guyane. Les connaissances sur le fonctionnement des marais de cette région ne nous permettent pas aujourd'hui de prévoir l'impact que pourraient avoir de telles introductions sur les écosystèmes locaux. C'est pourquoi, à côté d'une réglementation préventive et de sa stricte application, nous suggérons la mise en place rapide d'études comparatives des marais de part et d'autre du bas Oyapock afin de pouvoir proposer des mesures de conservation.
Jégu Michel, Keith Philippe. Pour une conservation préventive de l'ichtyofaune dans les marécages côtiers de Guyane orientale. In: Journal d'agriculture traditionnelle et de botanique appliquée, 40ᵉ année, bulletin n°1-2,1998. Conserver, gérer la biodiversité : quelle stratégie pour la Guyane ? sous la direction de Marie Fleury et Odile Poncy. pp. 31-52.