De la plaine au bosquet, des figures archétypales du projet de paysage périurbain en périphérie de Montréal (Québec)

Dans un contexte où le développement accéléré des nouveaux territoires périurbains est souvent synonyme de banalisation, les attraits qualitatifs de ces espaces prennent paradoxalement une importance inégalée. Ces territoires à la fois polymorphes et génériques d’interfaces urbaine et agricole sont porteurs de fragments de nature, de parcelles agricoles ou de noyaux villageois valorisés par les populations habitantes. À ce titre, la relation entre réalités urbaines et réalités agricoles représente un vecteur de sens à explorer du point de vue de la planification urbaine. Cet article rapporte les résultats d’une recherche-action menée en collaboration avec une collectivité périurbaine de l’agglomération montréalaise cherchant à donner du sens et une cohérence territoriale à divers projets de densification résidentielle et de développement économique à la jonction des espaces habités et cultivés. Par la mise en place d’un processus de coproduction des connaissances situé au carrefour des savoirs locaux, des savoir-faire pratiques et des savoirs universitaires, cette réflexion a permis de dégager un diagnostic des enjeux d’aménagement issu d’un travail de caractérisation des paysages, d’énoncer les termes d’une vision stratégique d’aménagement et de générer des propositions aptes à mettre en mots et en images cette vision. Basés sur l’utilisation des figures paysagères significatives et valorisées, les principes et les critères qui résultent de cet exercice illustrent les possibilités de transformation du territoire en termes de préservation, de mise en valeur et de développement afin de guider les projets municipaux à venir. Inspirée par diverses expérimentations du projet de paysage menées au Québec, l’actuelle démarche offre l’occasion de montrer le potentiel de la figure paysagère archétypale comme dispositif permettant d’induire une trame narrative de projet inclusive de regards pluriels qui tirent profit de la relation entre milieu urbanisé et milieu agricole. While the accelerated development of new peri-urban areas is often considered banal, their qualitative dimensions take paradoxically an unequaled importance. In these territories, the urban and agricultural interfaces, which are both polymorphic and generic, carry fragments of nature, agricultural parcels or village atmosphere that are valued by the inhabitants. In this sense, the relationship between urban and agricultural realities represents a potential of meanings to be explored in terms of urban planning. This article presents the results of an action research conducted in collaboration with a peri-urban community of Montreal’s agglomeration seeking to give meaning and territorial coherence to various projects of residential densification and economic development at the junction of inhabited and cultivated areas. Through the implementation of a coproduction process fueled by local, practical and academic knowledges, this work allowed us to draw a diagnosis of the main territorial planning issues arising from a landscapes’ characterization, to conduct a spatial visioning process, and to proposed prospective design interventions to illustrate this vision. Taking advantage of significant and valued landscape archetypal features, the principles and criteria that result from this exercise highlight the possibilities of preservation, enhancement and development of the territory to guide future municipal projects. Based on the lessons of various experiments of landscape project carried out in Quebec, the current approach shows the potential of landscape archetypes to feed the project of an inclusive narrative of plural views that takes advantage of the relationship between urban and agricultural areas.