L'ambivalente présence d'Haïti dans l'indépendance du Vénézuéla

The revolution in Santo Domingo had a greater influence on Venezuelan independence than the participants or later historians have been prepared to acknowledge. For it called into question the reasons usually offered to justify the emancipation from Spain—liberty and equality. It is true that nothing was further from the minds of the créole elites asserting their independence than to extend freedom to their black slaves, and to regard them as equals, or evenfor that matter, to non-whites, though these werefree. Whereas for the blacks the revolution in Santo Domingo showed them the road to equality, for the elites it represented a model to be avoided. It was this contradictory or ambivalent influence of the Haitian revolution that was among the chief causes for the delay in the affirmation of the principle of national emancipation.
La Révolution de Saint-Domingue a beaucoup plus influencé le processus d'indépendance du Venezuela que ce que les acteurs de ces événements et les historiens d'aujourd'hui sont prêts à reconnaître. Car elle a mis en question les raisons qui ont été traditionnellement brandies pour justifier l'émancipation par rapport à l'Espagne : liberté et égalité. Certes, rien n'était plus éloigné de la pensée des élites créoles qui ont entamé l'indépendance que de donner la liberté et considérer leurs esclaves noirs comme des égaux, ou même des non-Blancs, pourtant libres comme eux. Tandis que pour les Noirs la Révolution de Saint-Domingue montrait le chemin vers l'égalité, pour ces élites elle se présentait, comme l'anti-modèle à éviter. Ce fut cette influence contradictoire, ou ambivalente, de la Révolution haïtienne, qui a été une des causes principales qui ont retardé l'affirmation d'une conscience unitaire de l'émancipation nationale.
Bohôrquez Carmen L. L'ambivalente présence d'Haïti dans l'indépendance du Vénézuéla. In: Outre-mers, tome 90, n°340-341, 2e semestre 2003. Haïti Première République Noire, sous la direction de Marcel Dorigny. pp. 227-240.