Entre exégèse et fantasmagorie : Midi-Minuit fantastique et la naissance d’une cinéphilie alternative (1962-1970)

Premier périodique européen consacré au cinéma de genre, Midi-Minuit fantastique (1962-1970) débute sur le mode de la contestation en dénonçant le goût de la presse généraliste et de la critique cinématographique pour des œuvres jugées bourgeoises. Très hétérogène, cet objet médiatique s’appuie sur une équipe rédactionnelle inexpérimentée, un public mal identifié mais prolixe, un éditeur-libraire avant-gardiste, des réalisateurs/acteurs/studios étrangers (italiens, britanniques et américains surtout), et une production cinématographique internationale souvent invisible. Cette étude montre que Midi-Minuit fantastique est à la fois une revue littéraire, une revue d’art, un fanzine – avant l’heure – déguisé en magazine, un recueil d’images rares comparable aux keepsakes du XIXe siècle et une revue savante balbutiante mais érudite. En superposant ces diverses approches, Midi-Minuit fantastique établit les premières relations entre pays européens et Etats-Unis (principalement), tout en organisant la réception du cinéma, de la littérature et de la BD de genre en France. Rendant visibles pour la première fois des images jusqu’alors introuvables et les entourant de textes tour à tour poétiques, polémiques et érudits, Midi-Minuit fantastique a donc directement modelé les représentations et les fantasmes du public français tout en considérant le cinéma de genre en tant que produit industriel, international, populaire ET artistique.