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Le corps anorexique comme le lieu d’expression d’une souffrance familiale

Authors :
Pascal Antoine
François Kiebbe
Lucie Brelinski
Coviaux Benoit
Christelle Lefetz
Marie-Lyse Testart
Marie-Noëlle Brigot
Isabel Frias
Julian Obadia
Danielle Vanhalst
Catherine Blond
Vincent Dodin
Jean-Louis Nandrino
Université de Lille
CNRS
CHU Lille
Hôpital Saint Vincent de Paul de Lille
Unité de Recherche en Sciences Cognitives et Affectives [URECA]
Source :
L'Évolution Psychiatrique. 75:239-247
Publication Year :
2010
Publisher :
Elsevier BV, 2010.

Abstract

L’anorexie mentale fascine car elle met en scène la mort de façon si ostentatoire qu’elle provoque un tourbillon d’une force prodigieuse qui désarçonne l’environnement familial, réveille les morts et menace le socle sur lequel la famille s’est construite. À travers le prisme de l’alimentation, ces jeunes filles nous interpellent sur des questions sociétales importantes : le poids de l’histoire familiale sur la construction de la famille d’aujourd’hui, les transmissions intergénérationnelles, l’évolution des fonctions parentales, notre rapport à la mort etc. Pour être efficace, le traitement de l’anorexie nécessite une prise en charge globale et multimodale où le corps maltraité, tout comme la psyché sont soignés dans leur entité psychocorporelle. Notre expérience clinique nous a permis de mieux comprendre les mécanismes intergénérationnels dans la transmission des souffrances familiales. Elle nous a aussi rappelé que le corps était une formidable mémoire individuelle, collective, transgénérationnelle et même phylogénétique. Dans cet article, nous exposons la synthèse de nos observations résultant du traitement multimodal que nous proposons à nos patientes anorexiques, au sein de notre clinique psychiatrique. Nous précisons l’articulation entre la thérapie familiale révélatrice de morts non enterrés (Abraham et Torok, 1978) [5] qui imprègnent le tissu relationnel au sein de ces bulles familiales, le travail corporel qui permet de re-contacter une mémoire corporelle attachée à ces morts non enterrés et la psychothérapie individuelle qui permet la mise en mot de cette mémoire mortuaire. Anorexia nervosa fascinates because it re-enacts death in such an ostentatious way that it causes a turbine of such strength that it destabilises the family environment, awakens the spectres and threatens the foundations on which the family is built. Through the prism of food, these young girls talk to us about questions of importance for society: the weight of the family history on the construction of the modern family, intergenerational transmission, the evolution of the parental role, our relationship with death, etc. In order to be effective, the treatment of anorexia requires a complete, multimode takeover, in which the maltreated body and mind are taken care of in their mental and physical entirety. Our clinical experience enables us to better comprehend the intergenerational mechanisms that characterise the transmission of family suffering. It also reminds us that the body has a formidable individual, collective, transgenerational and even phylogenetic memory. In this article, we present a summary of our observations of the results of the multimode treatment we offer our anorexic patients at our psychiatric clinic. We specify the articulation of the family therapy to reveal the spectres (Abraham and Torok, 1978) [5] that impregnate the relational fabric within these family bubbles, the bodily work which enables the re-establishment of contact with a physical memory attached to these spectres and the individual psychotherapy which enables the verbalisation of the spectral memory. 75;2

Details

ISSN :
00143855
Volume :
75
Database :
OpenAIRE
Journal :
L'Évolution Psychiatrique
Accession number :
edsair.doi.dedup.....fdce97f5fd6fc6f1e927c54597685199
Full Text :
https://doi.org/10.1016/j.evopsy.2010.04.018