Les traces de tératologie végétale dans trois romans du cycle des Rougon-Macquart

International audience; On peut étudier la tératologie végétale dans l’œuvre de Zola en se concentrant sur trois romans : Le Ventre de Paris, La Curée et La Faute de l’abbé Mouret où apparaissent des plantes monstrueuses sous la forme de simples traces dont la présence est pourtant significative. Dans le premier, la tératologie végétale n’apparaît que lors de la fuite d’un bagnard à travers la forêt de Guyane qui renvoie aux représentations de la jungle indienne telle qu’on les trouvait chez les encyclopédistes grecs et latins. Dans les deux autres romans, la tératologie végétale sert ponctuellement à symboliser deux grands mythes antiques: ceux de Phèdre et du jardin d'Eden. Zola réinvestit ainsi des représentations issues d’une tradition littéraire ou scientifique, caractérisées par une extraordinaire hybris et une interférence entre les règnes animal et végétal. Mais le motif de cette tératologie végétale répond aussi aux problématiques de son temps sur les explorations de terrae incognitae, la tentation de l’Ordre moral ou encore les vices cachés de la société impériale. Il coïncide d’ailleurs avec le propre projet de Zola et l’on retrouve en lui un élément essentiel de son naturalisme : c’est le milieu qui détermine les êtres. De simples traces, on passe dès lors à une place centrale de la tératologie végétale dans la logique du roman.