La communauté d'écrivains, négociants et diplomates français sur l'espace yéménite entre 1900 et 1940 : enjeux et dynamiques d'implantation

Le territoire yéménite apparaît dès le XIXe siècle comme un espace économique stratégique éminent au sein de la mer Rouge, en particulier le port d'Aden qui connaît un essor fulgurant. Rapidement, différentes puissances européennes souhaitent s'y établir au regard des nombreuses opportunités commerciales de la région. Si l’intérêt français pour le Yémen s'accroît largement durant cette période, l'étude particulière du début du XXe siècle offre un bien plus large aperçu des dynamiques de l'implantation française sur le territoire. Écrivains-voyageurs, négociants et diplomates constituent une communauté profondément connectée. Les commerçants, en parallèle de leurs activités mercantiles, détiennent la fonction diplomatique, favorisant leur expansion économique, mais accentuant certaines concurrences internes. Ceci, au sein d'un territoire où les rivalités sont omniprésentes. Dans le même temps, s'il est de fait clairement établi que les motivations économiques sont primordiales, ces ambitions à l'égard du territoire se trouvent amplifiées par l'attrait mythique exercé par le pays. Cette fameuse Arabie Heureuse, pousse en effet certains écrivains comme Paul Nizan, Henri de Monfreid ou André Malraux à entreprendre un voyage au Yémen. Leurs productions, nous offrent un certain regard sur la région, permettant d'identifier les représentations françaises vis à vis du territoire pour la période donnée. Ainsi, à travers le prisme des domaines économique, littéraire et diplomatique, c'est tout un ensemble cohérent et intrinsèquement lié qui est ici étudié, permettant d'éclairer les enjeux de l'implantation française au Yémen au début du XXe siècle, de l'ascension, jusqu'au déclin.